Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
St-Vallier et Grasse : des cellules psychologiques mis en place dans les écoles de Nolhan et Mathéo
Bon nombre d’écoliers du Pays grassois ont vécu une bien triste rentrée, hier matin. À SaintVallier, Nolhan faisait partie de la bande des cinq. Cinq copains aux liens forts, répartis dans trois classes de CE1 de l’école Émile-Félix. Séparés mais toujours soudés. Au collège Carnot à Grasse, tous les élèves de 5e4 savaient déjà à qui appartenait la place vacante dans leur classe. Avant même l’annonce de leur principal, ils savaient que leur copain Mathéo ne reviendrait pas. Dans chacun des établissements fréquentés par les garçons, une cellule psychologique a été mise en place.
Une photo de leur copain accrochée au mur
La cellule valléroise a été composée par deux psychologues de l’Éducation nationale, Marie Ammirati et Agnès Dolique, avec la présence de Jean-Marc Délia maire de la commune, Daniel Berriaux inspecteur de l’Éducation nationale de Grasse, Chrystine Cortasa directrice de l’école, Sonia Gozy infirmière et les instituteurs. Avant leur intervention, Jean-Marc Délia, avec des mots justes, a annoncé la mauvaise nouvelle aux petits écoliers. Très rares étaient ceux qui ne le savaient pas. Un message douloureux, difficile à annoncer, suivi de ces paroles : « Nolhan ne viendra pas. Il était de votre classe, c’était votre copain. On pense très fort à lui, il est avec ses parents et sa petite soeur. Vous allez pouvoir en parler, ici à l’école, avec vos parents. Nolhan est toujours là dans votre coeur. » Une photo de leur copain est accrochée au mur, c’était une demande, auprès de l’école, des grands-parents de Nolhan: «Qu’il soit présent dans sa classe, cette photo, c’est comme s’il était là, pour qu’il finisse son année. » Les psychologues sont allées de classe en classe
pour dialoguer avec les enfants, leur dire qu’elles étaient là pour parler de Nolhan, de leurs sentiments : «Le travail des grands, c’est de prendre du temps avec vous, si vous voulez parler de Nolhan, si vous avez de la colère, on fait ce que vous voulez. Vous pouvez en parler, avec moi, avec vos instituteurs, avec vos parents. »
Un livre blanc
Au collège Carnot de Grasse, c’est une double perte puisque le grand frère, Wilfrid, avait fréquenté l’établissement dans son jeune âge. « Nous avons tous observé une minute de silence,
a indiqué le principal Joël
Rouvier. Attachant, c’est le premier mot qui me vient quand je pense à Mathéo. C’était un garçon très drôle, très gentil avec les autres. Il fréquentait le club théâtre, il était apprécié de tous. » Plus d’une quarantaine de personnes ont sollicité la cellule d’écoute hier. Élèves, corps administratif et professoral confondus. « Beaucoup ont du mal à réaliser,
analyse Carole Caratini, psychologue et directrice de la cellule grassoise du Centre d’information et d’Orientation (CIO). Certains enfants s’attendent à voir leur camarade à la sortie, à faire le chemin du retour à ses côtés. Nous sommes dans l’écoute car les enfants ont besoin d’en parler, de s’exprimer ». « Nous allons d’ailleurs rédiger un livre blanc, qui contiendra des témoignages et des poèmes. Nous le remettrons à la famille », reprend Joël Rouvier. La présence des psychologues dans les établissements s’étalera sur plusieurs jours, « afin de répondre au mieux aux besoins des enfants, mais aussi des adultes. » Et les psychologues de Saint-Vallier de souligner que les enfants ont une approche différente de la mort suivant l’âge : « Ils vivent dans l’instant, ils ne connaissent pas encore le caractère inéluctable de la mort. »