Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les victimes s’organisent et se mobilisent
Mardi soir, les membres du collectif ont expliqué à près de trois cents patients, imputant à la nouvelle formule du médicament des effets secondaires, les démarches à effectuer
La réunion, organisée avanthier soir au complexe SaintExupéry par le collectif Levothyrox Sud Provence Corse (1), a attiré près de trois cents personnes à Draguignan. Beaucoup de Varois, des habitants de toute la région Paca, et même plus loin puisque certains avaient fait le déplacement depuis Nîmes et Montpellier. C’est dire le désarroi de ces patients, qui cherchent toujours à savoir si la nouvelle formule du Levothyrox® - un médicament soignant les troubles de la thyroïde - mise sur le marché en mars 2017, est responsable d’une multitude de troubles tels que perte de cheveux, suées, nausées, vertiges, palpitations, fatigue extrême, perte de sommeil, etc.
Un déficit d’information
Premier constat, l’information a fait défaut tout au long de la crise, jusqu’à ce que les malades fassent pression sur les pouvoirs publics et s’organisent pour récupérer dans les officines et même dans les pays voisins, l’ancienne formule du médicament. Les médecins présents, les docteurs Pusch (endocrinologue), et Cosserat (généraliste) ont expliqué avoir été confrontés au problème par leurs patients, qui leur ont rapporté subir des effets indésirables, différents d’une personne à l’autre. Idem du côté des pharmaciens, dont un représentant syndical, Patrick Magnetto, a souligné qu’au moment du changement de formule, il a été dit que seul l’emballage avait changé. Or il n’en est rien. « Parfois, c’est vous qui nous informiez », a même dit le pharmacien. Aujourd’hui, les uns et les autres veulent comprendre, et les malades obtenir réparation pour des désagréments « qui ont été très difficiles pour certains», selon le Dr Pusch. D’où la présence de plusieurs avocats. Dans un exposé très clair, Me Christophe Lèguevaques, du barreau de Paris, a présenté les dessous de cette affaire, qui s’apparente à un scandale sanitaire sur fond de considérations purement économiques. Il a aussi listé les actions en justice en cours ou à venir (lire cidessous). Ses consoeurs du barreau de Draguignan, Mes Bouchra Eddasi-Barqane et Alexandra Granier, ont donné la marche à suivre pour porter plainte au pénal. Un site (www.mysmartcab.fr) facilite les actions collectives.
Obtenir le retour de l’ancienne formule
Certaines personnes ont exprimé leurs inquiétudes et vivent très mal la situation car elles se heurtent à des difficultés pour constituer leur dossier médical (lire ci-dessous). Celui-ci est pourtant nécessaire et le médecin ne peut le refuser. Le parquet de Marseille, qui centralise toutes les plaintes en France, met à leur disposition un document à retrouver dans tous les services de police et de gendarmerie mais aussi en ligne sur le site de la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Les procédures judiciaires seront sans doute longues… Au-delà de ces actions visant à faire reconnaître la responsabilité du laboratoire Merck, puis à demander la réparation de leur préjudice, la préoccupation majeure des participants reste plus que jamais le retour de l’ancienne formule du Levothyrox®.