Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La délicate question de l’accueil des migrants
À l’heure de la présentation de la nouvelle loi sur l’immigration, les migrants continuent d’affluer dans le Var. Où quelques associations et bonnes âmes s’organisent pour les accueillir...
C’est un sujet brûlant qui divise les foules depuis des années. Mais quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, la réalité est bien là. Difficilement chiffrable, mais toutefois très palpable. Chaque semaine, de nouvelles familles – parfois des mineurs isolés – viennent grossir les rangs des centres d’hébergement du département (Toulon, La Garde, Hyères, La Londe, Ste-Maxime, Le Luc, Lorgues...) en attendant que leur dossier soit examiné. Alors, comment accueillir dignement – et dans quelles proportions – ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient la guerre et la misère, la dictature et l’insécurité ? C’est un défi auquel il va bien falloir répondre, d’une manière ou d‘une autre. Près de 600 demandes d’asile auraient été déposées l’an dernier dans le département. Mais aujourd’hui, la préfecture préfère rester silencieuse sur le sujet. Preuve s’il en est que le malaise est bien présent dans le Var comme dans le reste du pays, à l’heure où le gouvernement vient de dévoiler son projet de loi « asile et immigration » (lire page 4). Jugée « trop stricte » par les associations « pro migrants », la nouvelle loi présentée par Gérard Collomb permettrait de « mieux maîtriser les flux migratoires, améliorer les traitements des demandes et les conditions d’accueil » ou encore « lutter plus efficacement contre l’immigration irrégulière et d’éloignement ». Quitte à durcir la répression… Car entre les lignes, les associations s’inquiètent du sort réservé aux «Dublinais» (1). Or, « ici en région Paca, près de 60 à 70 % des demandeurs d’asile relèvent de la procédure Dublin, puisqu’ils arrivent généralement par l’Italie», explique Jacques Perrier, coordinateur varois du réseau Welcome, qui compte une cinquantaine de familles dévouées pour accueillir les demandeurs d’asile. Lui suggère par exemple de créer « un droit d’asile européen ». Car « le problème, poursuit Jacques Perrier, c’est qu’à l’image d’Emmanuel Macron, chaque pays veut avoir le contrôle de sa politique migratoire. Et ce n’est sans doute pas comme ça qu’on s’en sortira... » 1. Le règlement Dublin III oblige les migrants à demander l’asile dans le premier pays européen dans lequel ils ont été contrôlés.