Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un bébé incinéré à la place d’un autre
Samantha, habitante de Tavernes pensait assister aux obsèques de son enfant décédé à La Timone, mais c’est un autre bébé qui a été incinéré avant-hier au crématorium d’Aubagne
« C’est un mélange de colère et de tristesse », confie Samantha. Âgée de 20 ans, cette Varoise vient de perdre l’une des jumelles dont elle a accouché prématurément à Marseille. « Avec mes parents et mon conjoint, nous avons organisé des obsèques et nous pensions lui avoir dit au revoir hier (ce mercredi) au crématorium d’Aubagne.» À l’issue de la cérémonie, « on nous a dit de repasser en fin d’après-midi pour récupérer les cendres de ma fille», poursuit cette habitante de Tavernes. Mais, « sur la route, les pompes funèbres m’ont appelée pour me dire qu’il ne fallait pas que je revienne, que ce n’était pas les cendres de mon enfant. Sur le coup, je n’y ai pas cru .»
Les familles déposent plainte
Une confusion à la chambre mortuaire de l’hôpital de La Timone, est à l’origine d’un échange entre les corps de deux bébés. Une erreur d’étiquetage, croit savoir Samantha qui a demandé des comptes à l’hôpital. « Ils m’ont dit qu’ils étaient désolés sans me donner plus d’explications.» « Je réalise qu’il y a une famille dont l’enfant a été incinéré sans sa présence… Moi, j’ai encore le corps de ma petite fille à La Timone. On m’a dit que je ne pourrai pas la récupérer avant la fin d’une enquête interne. Je n’en sais pas plus. Ça reste traumatisant.» La jeune femme devait déposer plainte hier à la gendarmerie, « pour avoir des réponses à mes questions ». La famille, dont l’enfant décédé a été incinéré, a déjà effectué la même démarche après avoir été reçue par la direction de l’hôpital.
L’hôpital évoque « une grave erreur »
L’incompréhension est d’autant plus grande, que La Timone est déjà visée par une plainte pour un échange de corps (de défunts adultes) en novembre. « La procédure est toujours en cours mais il est vrai qu’il y a des précédents », indiquait Me Thomas Vartanian, partie prenante dans cette dernière affaire, contacté hier par Varmatin. Dans un communiqué, l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), «déplore un dysfonctionnement majeur (...) Elle comprend la peine et l’incompréhension des familles et leur présente ses excuses profondément attristées.» « Les agents de la chambre funéraire ont constaté une erreur d’identité entre deux défunts, au moment de restituer le corps d’un défunt à sa famille. À la suite d’une défaillance dans l’application des protocoles d’identitovigilance (sic) par les différentes personnes en charge des procédures de vérification, il a été constaté que le corps avait par erreur été incinéré le jour même.» « Une enquête interne est en cours pour analyser les circonstances qui ont pu conduire à une aussi grave erreur, et pour établir la part des responsabilités de chacun des acteurs.»