Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Oscars : un palmarès en forme d’eau... tiède !
Pour leurs quatre-vingt-dix ans d’existence, les Oscars se sont offert une cérémonie bien sage et consensuelle. Pas de débordements d’activisme post Weinstein, pas de choix radicaux, pas de cafouillages dans la proclamation des résultats comme l’an dernier et… pas d’éclat particulier non plus, du coup. Le seul happening marquant a été celui de l’épatante Frances McDormand qui, recevant comme on s’y attendait l’Oscar de la meilleure actrice pour 3 Billboards (son deuxième après Fargo), a appelé ses consoeurs à se lever pour la cause des femmes (comme Manu Payet aux César, copieuse !) et s’est attiré une belle standing ovation. Malmené aux cérémonies préliminaires, le beau film de Guillermo del Toro La Forme de l’eau l’a finalement emporté avec quatre statuettes: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleurs décors et meilleure musique. Alexandre Desplat qui a reçu à cette occasion son deuxième Oscar, sauve l’honneur du cinéma français puisque Agnes Varda et JR n’ont pas réussi à imposer leur documentaire (Visages Villages) et que les étudiants d’Arles se sont fait recaler en section court métrage d’animation.
Un Oscar pour Gary Oldman
C’était visiblement l’année du Mexique à Hollywood puisque, outre Guillermo del Toro, Coco a emporté (sans surprise) l’Oscar du meilleur film d’animation. L’Oscar du meilleur acteur est allé, comme de coutume, à la prestation la plus «déguisée»: celle de Gary Oldman en Churchill dans Les Heures sombres. Le joli mélo homo Call Me By Your Name sauve tout juste l’honneur avec l’Oscar de la meilleure adaptation et le chef-d’oeuvre de Paul Thomas Anderson Phantom Thread (qui aurait dû tout gagner) n’obtient que celui des costumes... Ce qui, pour le portrait d’un couturier, ressemble à un méchant pied de nez de l’Académie ! Steven Spielberg, lui, est carrément reparti bredouille avec ses Pentagon Papers sous le bras. La défense de la liberté de la presse n’était visiblement pas la cause de l’année à Hollywood. Même punition pour Greta Gerwig, seule femme en compétition pour le meilleur film et la meilleure réalisation avec Lady Bird, chouette (auto ?) portrait d’ado californienne. Katheryn Bigelow restera donc la seule femme réalisatrice oscarisée (pour Démineurs en 2010) en quatre-vingt-dix cérémonies.
Trois statuettes pour « Dunkerque »
Avec trois statuettes, Christopher Nolan peut s’estimer heureux pour Dunkerque, même s’il ne s’agit que de prix «techniques» (montage, son, mixage). Injustement écartés de la compétition pour le meilleur film étranger (alors que 120 battements par minute aurait pu s’y distinguer), on soutenait les films de Cannes (The Square et Faute d’Amour, respectivement Palme d’or et Prix du jury) : bernique ! C’est finalement le film chilien (Une femme fantastique) qui l’a emporté, probablement parce que, même du Sud, cela reste un film américain dans l’esprit des votants. Après avoir plus ou moins boycotté l’excellent Get Out parce qu’il s’agissait d’un film d’horreur, on voit mal autrement pourquoi les membres de l’Académie se seraient particulièrement entichés d’un film sur une transexuelle…