Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le vin végan, ça existe... le domaine Ste-Marie en fait

Élaborés sans produits d’origine animale, les breuvages de ce domaine borméen ajoutent le label « Eve Vegan» à une étiquette où le bio s’était déjà fait une place

- PIERRE PANCHOUT ppanchout@nicematin.fr

Du vin végan ? Mais, le vin, ce n’est que du jus de raisin fermenté ! » me direz-vous... Alors, qu’est-ce qui se cache derrière cette dénominati­on ? La toute dernière trouvaille marketing pour enfumer ceux qui ont choisi de ne plus consommer de produits issus de l’exploitati­on animale ? Pas du tout, la réponse se cache en fait dans les recettes méconnues des vignerons. « Il y a des éléments animaux dans le processus de vinificati­on classique ,explique Christophe­r Duburcq, propriétai­re du domaine Sainte-Marie qui sort cette année ses premières cuvées labélisées Eve vegan (voir par ailleurs). Pour clarifier et stabiliser le vin, on utilise de la colle à base de peau et de cartilage de poisson, ou encore de l’albumine d’oeuf. Cet ajout permet d’éviter la précipitat­ion de dépôts indésirabl­es. » Là, on comprend mieux pour les produits d’origine animale. Reste à savoir comment font les viticulteu­rs qui se passent de ces produits ? « Lorsque nous avons entamé notre conversion au Bio en 2009, un an après avoir repris le domaine, nous nous étions déjà penchés sur ce sujet ,raconte Christophe­r qui a tout simplement essayé d’autres colles. À base de pois, puis de pommes de terre et enfin des mélanges. En fait, nous avons commencé à faire du vin végan dès ce moment... sans en avoir conscience. » Ce changement de méthode rentrait dans une démarche que le vigneron veut plus globale que le bio ou le végan et dont le mot d’ordre serait d’aller dans le sens de la “naturalité”. « Attention, nous ne faisons pas de vins naturels, prévient-il. Mais nous apprécions leur “buvabilité” liée à l’absence de sulfites, auxquels notre corps est plus ou moins intolérant. Nous, nous essayons de nous en rapprocher le plus possible. Même si j’avoue préférer le profil aromatique des vins davantage travaillés.»

« Laisser la nature reprendre ses droits »

Christophe­r l’avoue sans détour, il n’est pas lui-même végan ni même végétarien. Mais cela n’empêche pas qu’une pointe de militantis­me semble l’avoir guidé dans cette quête de naturalité. Pour lui, avoir recours aux produits chimiques est une « solution de facilité » qui a comme effet pervers d’éloigner le viticulteu­r de sa terre. « Sans les produits phytosanit­aires, on passe plus de temps dans nos vignes, à regarder la terre. On doit aussi apprendre à laisser la nature reprendre ses droits pour obtenir un sol vivant et un écosystème équilibré. » En faisant un petit tour de son domaine, on voit ce que Christophe­r entend par écosystème. Sur ses terres, on traverse plusieurs cours d’eau et on ne peut que remarquer le tapis végétal laissé au pied des vignes ainsi que la végétation broussaill­euse qui les entourent. Surtout, on croise des moutons qui pâturent. « Sur notre sol, que l’on veut équilibré, il y a une place pour les animaux. Bien sûr que le label vegan est un argument commercial. Je suis chef d’entreprise, pas activiste... mais il nous permet d’afficher des valeurs modernes de démarche qualité et de défense du monde animal qui sont les nôtres et dont nous sommes fiers. »

 ?? (Photos Pierre Panchout) ?? Le domaine Sainte-Marie, à Bormes-les-Mimosas, n’utilise aucun produit issu de l’exploitati­on animale pour produire ses vins et peut afficher fièrement le logo Eve vegan sur ses bouteilles millésimée­s . Dans l’écosystème du domaine Sainte-Marie,...
(Photos Pierre Panchout) Le domaine Sainte-Marie, à Bormes-les-Mimosas, n’utilise aucun produit issu de l’exploitati­on animale pour produire ses vins et peut afficher fièrement le logo Eve vegan sur ses bouteilles millésimée­s . Dans l’écosystème du domaine Sainte-Marie,...

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