Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’envers de son décor...
Créateur de décors, Eric Nicolini a fait de sa passion un métier. Chez lui, à Saint-Raphaël, l’homme nous dévoile ses créations, qui ne sautent pas toujours aux yeux !
Sans peine, au beau milieu de son jardin, Eric Nicolini soulève l’imposant rocher, le porte au-dessus de sa tête, puis sourit à l’objectif. « Je l’ai fabriqué en résine de polyester… Il pèse moins lourd qu’un vrai ! », glisse-t-il, entre deux flashs. En y regardant de plus près, dans les moindres détails de cet espace de verdure aux allures tropicales, ce n’est d’ailleurs pas le seul « faux » à avoir l’apparence du vrai… Une fois son rocher à terre, le créateur de décors reprend, pointant du doigt une arche à sa droite : « C’est une réplique d’une partie des temples d’Angkor. Je l’ai faite grâce à des restes de chantiers. Et toutes les pierres que vous voyez là, en contrebas, ne sont pas des vraies. » Il sourit. « Il m’arrive souvent de faire les poubelles… Je récupère tout ! » Ainsi, entre ses mains, rien ne se perd, tout se transforme, et de façon souvent surprenante.
« N’essayez pas d’ouvrir la porte, elle est fausse ! »
L’homme attrape le petit tyrannosaure qui lui fait face. « C’est l’une de mes toutes premières créations. Je me suis laissé guider par la forme des pierres. Quant aux yeux, ce sont des billes récupérées dans les aérosols », précise-t-il, avant de reposer l’objet sur une table en bois. Enfin, du moins, ayant l’air de l’être... « C’est de la résine de polyester, encore et toujours !, s’exclame, amusé, Eric Nicolini. Mais venez, il y a mieux. » Le Raphaëlois nous conduit au fond du jardin, devant un cabanon vieillissant, sur lequel se faufile du lierre. Pourtant si réaliste... « N’essayez pas d’ouvrir la porte, prévient-il, elle est fausse ! Comme tout le reste. » Hormis, bien sûr, la passion. Celle qu’Eric vit au quotidien, depuis plus de trente ans. « J’ai obtenu mon diplôme aux arts décoratifs à Nice, à la fin des années 80. Je m’étais spécialisé dans la récupération de l’image. Dans un premier temps, avec deux de mes collègues, nous travaillions sur des décors d’aquarium. Puis, au cours de l’année 1992, nous avons été sollicités pour réaliser un décor de pavillon monégasque à l’exposition universelle de Séville. » Un déclic pour ce passionné à plein temps ! « C’était mon premier grand décor, fait entre autres de tombants rocheux et d’amphores. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais arrêté. » Eric Nicolini étant l’auteur d’innombrables créations, réalisées dans le département et au-delà... « J’ai travaillé pour des casinos de jeux à La Ciotat, à Biarritz et à Cannes, mais aussi pour le compte des Bâtiments de France. Puis à Fréjus, où j’ai réalisé le galion, les fausses cartes et le coffre aux trésors du parc aquatique. J’ai également moulé la porte de la cathédrale Saint-Léonce et les colonnes du cloître. Et je travaille actuellement sur une caverne en faux rochers pour un escape game vendéen. »
Son empreinte dans la villa de Johnny à Ramatuelle
Et même s’il ne s’y attarde pas vraiment, Eric a aussi connu ses moments de gloire... « Mes répliques de vestiges de Carthage se trouvent aujourd’hui dans un palais royal saoudien. » Il esquisse un sourire. « Et c’est moi qui ai fait l’habillage du jacuzzi de la villa Lorada, ancienne propriété de Johnny à Ramatuelle, où est gravé le symbole Harley. » Un beau parcours pour ce créatif dans l’âme, qui ne trouve pas les mots pour se dépeindre. Son épouse, Joëlle, venant alors à sa rescousse : « Je ne suis pas objective, c’est mon mari [rires]. Mais je dirais : cultivé, bavard et, surtout, passionné ! » Trois qualificatifs qui, de toute évidence et de façon tout à fait objective (cette fois), sautent aux yeux de celles et ceux qui poussent les portes de l’univers Nicolini.