Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La Poste est en pleine mutation non sans mal

Face à une baisse d’activité, le groupe fait évoluer ses « points de contact » avec diverses formes de partenaria­t. Certains élus font de la résistance et les personnels grincent des dents

- VÉRONIQUE GEORGES. vgeorges@nicematin.fr

Les bureaux de poste changent avec plus ou moins de bonheur. Face à une baisse d’activité importante (25 % d’activité au guichet en moins depuis 2009, et 15 000 clients en moins chaque jour dans les bureaux entre 2010 et 2016) le groupe doit évoluer. « On veut s’adapter aux nouvelles habitudes de nos clients. Le volume de courrier a chuté à cause de la numérisati­on. On a plusieurs leviers quand un bureau est en difficulté, explique-t-on à la direction régionale. Soit on réduit l’amplitude horaire sur un bureau et l’agent peut venir en renfort sur un autre plus fréquenté. Soit on mutualise de plusieurs façons ».

Les coûts sont mutualisés

En interne, cette mutualisat­ion passe par le facteur guichetier qui distribue le courrier le matin et accueille le public au bureau de poste l’après-midi. En externe, des partenaria­ts sont noués. Avec des communes pour les agences postales communales. La municipali­té reçoit 3 000 euros à l’ouverture et 1 000 euros par mois pour l’aider à rémunérer l’employé communal qui y travaille. Pour le client, les retraits en espèces sont limités à 350 euros par semaine, en avance sur caisse, pour garantir la confidenti­alité des opérations. Autre mutualisat­ion en externe, dans un commerce relais. Le commerçant reçoit un fixe de 350 euros par mois, 50 centimes sur chaque flash (opération avec un scan) et 4 à 5 % sur le chiffre d’affaires selon le produit. «Ça lui permet d’augmenter sa fréquentat­ion, justifie notre interlocut­eur, et la Poste reste implantée en maintenant 90% de ses services, sauf financiers ». Enfin, le groupe a noué des partenaria­ts avec d’autres administra­tions et des mutuelles qui payent pour être présentes dans les bureaux de poste et ainsi toujours proches de leurs publics. «Notre idée, c’est de rester sur le territoire, indique la Poste. Je sais que la forme peut choquer, mais on n’est plus une administra­tion depuis 27 ans. Nous sommes une entreprise avec un contrat avec l’État, notre actionnair­e, qui nous impose des missions de service public, et des compensati­ons pour certaines et pas pour d’autres. Des décisions de gestion sérieuses permettent de garantir ces missions de service public ». Dans le Var, ce discours ne passe pas partout. Les personnels notamment dénoncent «la suppressio­n des agents rouleurs, chargés de faire des remplaceme­nts dans les bureaux et le recours de plus en plus fréquent au personnel intérimair­e qui, ne pouvant travailler dans des bureaux « agent seul », occasionne des fermetures à répétition de bureaux ». La Poste en arrive à fermer des bureaux pour donner des congés annuels à ses agents, comme c’est le cas en ce moment sur le secteur de Bargemon et Comps-surArtuby, ouverts en alternance, un jour sur deux cette semaine.

Le personnel alerte les maires

« La Poste ne regarde pas que la fréquentat­ion mais aussi le type d’opérations, rentables ou non, selon Jean-Luc Pierrée, de la FAPT-CGT. Actuelleme­nt, des bureaux sont menacés de fermeture. À partir du moment où un maire accepte une diminution des horaires d’ouverture sur un bureau, il le condamne ». D’où la lettre envoyée à une soixantain­e d’élus varois pour les alerter. Certains ont reçu des représenta­nts du personnel, d’autres ont mis en place des pétitions quand ils ont senti la menace de trop près (lire cidessous). À la Poste, on rassure : « On n’y va pas à la hussarde. On rencontre les maires tout le temps et on essaye de trouver des solutions ensemble ».

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(Photos Dylan Meiffret) La chute du volume de courrier postal, à cause de la numérisati­on, oblige la Poste à évoluer, non sans faire de la casse dans certains secteurs. La distributi­on du courrier six jours sur sept, n’est pas remise en cause par la Poste. Les évolutions se...

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