Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
SNCF : perturbations en baisse pour les départs en vacances
Des perturbations toujours fortes, mais moins que mardi et mercredi : les cheminots étaient moins mobilisés, hier, pour leur troisième jour de grève contre la réforme de la SNCF, mais il faudra attendre aujourd’hui pour savoir si le mouvement marque le pas ou se durcit.Pour ce dimanche, 35% des personnels indispensables pour faire rouler les trains – conducteurs, contrôleurs, aiguilleurs – se sont déclarés grévistes, contre 48% lors des deux journées précédentes. Résultat: le trafic est moins perturbé, avec un TGV et un Intercités sur cinq, un TER et un Transilien sur trois. Mais la SNCF appelle à ne pas « tirer de plans sur la comète », l’accalmie pouvant s’expliquer par le fait que cette journée de grève a lieu pendant le week-end. Selon l’entreprise, la mobilisation de ce lundi sera plus représentative de l’évolution du mouvement. Ces deux jours de grève coïncident avec les départs en vacances de la zone A (Lyon, Bordeaux, Grenoble, Dijon...). Certains voyageurs ont anticipé leur départ, à l’image de Françoise, 60 ans, qui a pris un train pour Paris samedi après-midi en gare de Bordeaux, au lieu de dimanche. « Pour moi, c’est possible, parce que je vis seule », mais « c’est autrement plus compliqué pour des gens avec un travail moins souple ou des enfants », reconnait-elle.
La fermeté du gouvernement
Au coeur du conflit: la réforme de la SNCF portée par le gouvernement, qui prévoit la fin du recrutement au statut de cheminot, la transformation de l’entreprise publique en société anonyme à capitaux publics et l’ouverture du ferroviaire à la concurrence. Trois évolutions qui préfigurent une privatisation, craignent les grévistes, ce que dément le gouvernement. Si les grandes lignes de la réforme ne sont « pas négociables », Edouard Philippe est « ouvert aux discussions pour parler des modalités », a-t-il redit dans un entretien au Parisien de ce dimanche. Le Premier ministre, qui promet d’aller « jusqu’au bout » de sa réforme, a « bon espoir qu’à la fin, on s’entende ». Pourtant, la concertation avec les syndicats – une « mascarade », estimentils – est au point mort. La dernière séance, vendredi, a exacerbé les tensions, les syndicats appelant à la sortie à amplifier le mouvement de grève. « Il n’y a pas eu de négociation » véritable sur le projet du gouvernement, a déploré Laurent Brun (CGT Cheminots) après la rencontre. Florent Monteilhet (Unsa) en est sorti « très inquiet et agacé », tandis qu’Erik Meyer (SUD Rail) a jugé « inacceptable » la tournure de la réunion. Didier Aubert (CFDT) a estimé que le gouvernement avait « besoin d’une nouvelle démonstration » de force.
Compliqué aujourd’hui
Un TGV et un TER sur cinq, un Transilien sur trois et un Intercités sur six rouleront, aujourd’hui, selon les prévisions annoncées, hier, par la SNCF pour le quatrième jour de grève contre la réforme ferroviaire. Sur les lignes internationales, essentiellement Thalys et Eurostar, trois trains sur quatre rouleront. En première ligne, Elisabeth Borne, ministre des Transports, estime, dans une interview à Sud-Ouest, que le fait que la CGT refuse « le principe même » d’ouverture à la concurrence « rend la discussion compliquée ». Face à une situation qui s’enlise, Emmanuel Macron sortira de son silence jeudi, lors d’un entretien d’une heure au journal de 13 heures de TF1. Il s’exprimera notamment sur les nombreux conflits sociaux qui agitent le pays, à commencer par celui des cheminots. L’examen du projet de loi sur le pacte ferroviaire débute aujourd’hui en première lecture à l’Assemblée.