Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Nice: violeur ou séducteur filou?
Gérard S., un Niçois de 70 ans, malgré le poids des années et un physique disgracieux, est parvenu à obtenir par divers stratagèmes des relations sexuelles avec des femmes contactées via Internet. Pour ses avocats, Me Laurent Poumarède, Me Laetizia Zeller et certains magistrats, Gérard S. est un as de la séduction qui a su profiter de la crédulité de femmes en quête du grand amour. Pour trois de ses victimes et un juge d’instruction niçois, c’est surtout un vulgaire prédateur sexuel qui doit comparaître devant une cour d’assises. La chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix-enProvence vient de trancher en faveur du prévenu. Il n’y a pas lieu, selon elle, à le renvoyer devant une juridiction criminelle, le viol n’étant pas au regard du Code pénal, constitué. Me Mohamed Maktouf, avocat de deux plaignantes (une Azuréenne de 35 ans et une Ardéchoise de 37 ans) ne partage pas du tout l’avis des magistrats aixois. L’avocat niçois parle de « coup de théâtre ».« Je savais que le parquet était partagé sur ce dossier. Nous avons aussitôt décidé de nous pourvoir en Cassation. »
En relation avec femmes
Des dizaines de femmes auraient été piégées par le subterfuge de ce faux mannequin mais vrai retraité. Avec la création d’un profil Facebook où il utilisait la photo très avantageuse d’un mannequin américain, un certain Anthony Laroche, Gérard S. se présentait comme designer à Monaco. Ce Don Juan d’Internet entamait des conversations avec des inconnues et finissait par les séduire. Après quelques rendez-vous qu’il décommandait, il finissait par inviter sa dernière conquête à son domicile. Là, dans l’obscurité, il lui proposait un scénario inspiré du best-seller Cinquante nuances de Grey, yeux bandés, musique d’ambiance… Mais certaines se sont aperçues de la supercherie et ont déposé plainte. Cent cinquante femmes auraient échangé avec l’individu, selon les enquêteurs de la brigade criminelle. Ont-elles franchi le palier de Gérard S.? Certaines honteuses d’avoir été dupées, préfèrent-elles se taire ? Me Poumarède rappelle que son client est inconnu de la justice. Il s’insurge qu’on ait pu le considérer comme un criminel : « Ces femmes sont volontairement venues chez lui. Elles ont accepté de se dénuder et d’avoir des relations sexuelles. » Le juge d’instruction, après deux ans d’enquête, estimait qu’il y avait une limite au consentement de ces femmes. Il avait mis en examen le faux bellâtre pour viols par surprise. Aux magistrats de la cour de Cassation, la plus haute juridiction, de se prononcer désormais sur cette affaire inédite.