Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Départements : quand le Var portait le numéro
Le 7 février 1967, le monde apprend la mort énigmatique - qui a donné lieu à de nombreuses questions, suicide ou crise cardiaque - de Martine Carol, star française et sexsymbol des années 1950. Une mort tourmentée comme l’a été toute la vie, de Marie-Louise Mourer, née le 6 mai 1920 à Saint-Mandé (Val-de-Marne). Elle est surnommée par ses admirateurs «Caroline Chérie», nom de son film phare de 1951. L’actrice y joue le rôle d’une jeune aristocrate qui fête ses 16 ans le 14 juillet 1789, et qui va vivre péniblement la Révolution. Le 6 février 1967, alors qu’elle est à Monaco avec son quatrième mari l’homme d’affaires anglais Mike Eland - pour assister à un grand gala, celui-ci la retrouve inanimée dans leur suite de l’Hôtel de Paris. Il existait une fêlure dans le blindage scintillant de la star qui a toujours été fragile émotionnellement. Pour preuve, ses deux tentatives de suicide et sa recherche du « parfait amour ».
Sa tombe est pillée à Cannes
Mais l’actrice ne gagne pas tout de suite le repos éternel. En effet, elle sera inhumée à trois reprises. La première fois c’est au cimetière du Père-Lachaise à Paris, le 10 février 1967, en présence de ses amis. Puis, selon ses souhaits, son corps est emmené, le 14 février, au cimetière du Grand Jas à Cannes, où elle est enterrée aux côtés de son père. Dix jours après, le chef-jardinier Mario Taba et le concierge du cimetière, Albert Ania, constatent que la dalle du caveau est déplacée et les vis du cercueil arrachées. La presse avait précisé qu’elle était enterrée avec son manteau de vison blanc, et ses luxueux bijoux. De quoi attirer les voleurs qui dérobent un butin de 250000 francs (38 000€). Ils sont arrêtés après une enquête longue et difficile. Le 28 février, Martine Carol est donc inhumée pour la troisième fois. L’actrice a tourné dans plus de cinquante films. Outre Caroline
Chérie , il y a Lola Montès, Belles de Nuit ou Lucrèce Borgia. Ses films n’ont jamais été primés mais ils l’amènent souvent à Cannes, où elle fait de longs séjours. Notamment en 1950 où, enceinte de cinq mois et accompagnée de son premier mari, l’acteur américain Steve Crane (1916-1985), elle vient pour le mariage du prince Ali Khan avec Rita Hayworth. Un après-midi où elle fait du ski nautique, elle chute brutalement sur l’eau et perd son bébé. Elle ne pourra plus en avoir.
Recluse à Grasse
Débute alors une spirale infernale, avec médicaments, somnifères, alcool et autres substances plus illicites. Elle divorce et en continuant à s’étourdir par tous les moyens, elle reprend les tournages. En 1954, son deuxième mari, le réalisateur ChristianJaque (1904-1994), lui offre une propriété appelée « La ferme Saint-Jean» à Magagnosc dans un quartier de Grasse. Le lieu appartient aujourd’hui à un producteur de plantes à parfum. Elle le quitte en 1959, mais garde son domaine arboré où elle vient régulièrement se ressourcer et y reçoit ses amis, Pierre Mondy, Gina Lollobrigida, Roberto Rosselini… C’est là aussi qu’elle se réfugie en 1962, après son troisième divorce d’André Rouveix. C’est un médecin rencontré lors d’un voyage aux Antilles qu’elle a épousé en août 1959, la même année que sa séparation d’avec Christian-Jaque. Recluse, elle refuse tout contact et ne reçoit plus personne. Seuls les chiens errants qu’elle recueille trouvent grâce à ses yeux. Aussi, lorsque Mike Eland vient taper à sa porte, elle recommence à vivre. Ils se marient en 1966 et mènent une vie agréable, jusqu’à ce dramatique jour de février 1967.