Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La confiance en soi, un passeport pour la vie Psycho
Reconnaître ses défauts, on sait faire. Mais lorsqu’il s’agit d’énumérer ses qualités, les choses semblent plus complexes. Le Dr Corinne Roehrig consacre un livre à ce sujet
Se connaître et se reconnaître pour mieux s’aimer et aimer les autres : la confiance en soi est cruciale. Car elle nourrit les relations, notamment celles entre parents et enfants. Pourtant elle est parfois difficile à trouver, à conserver, à transmettre. Le Dr Corinne Roehrig, médecin de santé publique et thérapeute familiale au Codes 06 (Comité départemental d’éducation pour la santé), s’apprête à publier un ouvrage consacré à la question. Elle a également animé une conférence sur ce sujet à la médiathèque du Sivom de Villefranche-sur-Mer dans le cadre du mois du bien-être. Rencontre.
Quels sont les signes d’une faible confiance en soi ?
Elle se manifeste par certains comportements. C’est par exemple quelqu’un qui n’arrive pas à parler de lui-même, qui n’est pas maître de son destin (il va souvent dire « c’est pas mon jour »), se sent incompétent et a l’impression de tout rater. Le problème c’est que tout cela a des répercussions négatives : cette personne est plus vulnérable aux conduites à risques, se replie sur elle-même ou à l’inverse se montre agressive. Elle est aussi anxieuse.
Qu’est-ce que signifie avoir confiance en soi ?
C’est se respecter et respecter les autres, assumer ses responsabilités mais aussi avoir des projets ; se sentir acteur de son destin. Quelqu’un qui a confiance en soi se sait aimable et capable : il connaît ses défauts certes, mais également ses qualités, ses talents et ses ressources pour réussir ses projets.
Pourquoi est-ce si important ?
Parce que lorsqu’on a confiance en soi, on va savoir rebondir face à l’adversité, on portera un regard positif sur les choses.
D’où vient fondamentalement la confiance en soi ?
Ça commence très tôt. La confiance se fonde sur l’attachement, c’est-à-dire le lien qui existe entre la mère (ou le père) et l’enfant. Le besoin de lien est fondamental, il est inné. Le bébé se dit : «J ’ai une valeur puisqu’on s’occupe de moi » ça lui apporte une base de sécurité. Les besoins affectifs vont au-delà des besoins primitifs : ils ont, avant tout, besoin de nourriture affective.
Et lorsque l’enfant grandit ? La confiance en soi évolue en fonction de ce que son entourage proche lui dit. L’interaction est très importante. On ne naît pas avec une estime de soi, elle se construit. Le meilleur moyen de développer la confiance en soi c’est de vivre des expériences qu’on maîtrise et qu’on réussit : ça s’appelle le renforcement positif. Il faut donc l’encourager à faire des choses qui sont à sa portée.
Des conseils plus précis à l’attention des parents ?
Il faut parler à l’enfant de manière positive, pointer ses réussites, l’encourager. Adopter des petites choses simples comme multiplier les mots valorisants et surtout oublier les mots blessants, humiliants. Lorsque l’enfant réussit quelque chose, il faut le souligner, l’encourager. Mais surtout, il faut communiquer de manière authentique : dédier du temps à l’enfant (sans portable !), l’écouter réellement, comme un interlocuteur valable.
Y a-t-il des erreurs à ne pas commettre ?
Attention aussi aux petites phrases anodines. Si on lui dit sous le coup de la colère « tu n’es pas gentil », il va se dire qu’il n’est pas gentil globalement. Il est aussi important de ne pas utiliser la négation mais l’affirmation. Par exemple, on ne dit pas « c’est pas mal ! », mais « c’est bien ». Et plutôt que « ne laisse pas traîner tes affaires ! », «range!». Parce que l’enfant ne va pas entendre la négation, il ne retiendra que le verbe : dans « ne laisse pas traîner tes affaires » il entendra surtout « laisse traîner » ! En résumé, il faut faire simple et demander ce qu’on souhaite directement.
Si vous deviez insister sur un élément majeur ?
Les encouragements ! Parce qu’encourager (par des mots et des gestes affectueux) les comportements appropriés c’est permettre qu’ils se reproduisent. L’attention positive est un renforçateur naturel. On en a tous besoin. D’autant que si l’enfant n’en reçoit pas, alors il va chercher l’attention négative ; parce que toute attention, même s’il va se faire disputer, est meilleure que pas d’attention du tout.
Quels liens existent-ils entre l’estime de soi des parents et celle de l’enfant ?
Ce sont des vases communicants. Si l’enfant est aimé, protégé, s’il Paradoxalement, les enfants semblent savoir instinctivement ce que signifie la confiance en soi. Le Dr Roehrig a posé la question à des jeunes de ans. Voici ce qu’ils ont répondu : la confiance en soi, c’est «êtresûrde soi, être bien entouré et à l’aise partout ». C’est « être capable d’atteindre son meilleur niveau, croire en soi et en les autres, savoir rester soi-même » ; c’est « être fier de ce que l’on est, de ce que l’on fait et aller de l’avant ». C’est enfin « s’aimer soi-même et aimer les autres ». Le Dr Roehrig remarque : «Aans,onestcapable d’écrire cela ! On a une espèce de préscience... mais ensuite, en grandissant, on rentre dans sa coquille et c’est plus difficile. Ces enfants ont tout compris, la confiance en soi, c’est l’amour raisonné de soi-même. Elle est personnelle, établie selon des critères qui nous sont propres mais surtout, elle se construit avec les autres. C’est un passeport pour la vie ! »
réussit, s’il est ce qu’il est, c’est aussi grâce aux parents donc cela va renforcer leur propre confiance. C’est un cercle vertueux.