Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Levée de boucliers contre le projet

Avis défavorabl­es d’institutio­ns varoises, courriers négatifs du sous-préfet ou de la mairie de Garéoult, pétition en ligne… L’immense projet d’aménagemen­t, notamment commercial, dans la plaine de Rocbaron provoque une levée de boucliers

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L

e projet d’aménagemen­t dans la plaine de Rocbaron d’un vaste « centre de vie » incluant hypermarch­é, centre commercial, résidence seniors, multiplexe de cinéma, etc (1) (notre édition de samedi) porté par « Zatt finances » et défendu par le maire Jean-Claude Félix a déjà fédéré contre lui nombre d’opposants. Le projet suscite beaucoup de critiques et le commissair­e-enquêteur Louis Arnold a vu défiler un public très important composé principale­ment d’opposants à ce dossier au dernier jour de l’enquête. Une heure avant la clôture, soixante-dix personnes physiques ou morales (associatio­ns notamment) s’étaient manifestée­s et plus de quatre cent cinquante avis avaient été déposés sur le registre dématérial­isé. «C’est la première fois que j’en vois autant », soulignet-il. Bien sûr, toutes ces opinions ne sont pas contre l’extension de la zone commercial­e existante de Fray Redon, mais plusieurs relèvent d’acteurs importants comme les personnes publiques associées (lire en encadré).

Défendre des terres agricoles

L’un des arguments principaux porte sur le site choisi par la commune de Rocbaron. Or, le périmètre concerné (15,66 hectares) est composé de terres agricoles. Voilà pourquoi Michel Apostolo, co-président du collectif de défense des terres fertiles du Var et Michel Ruby, son secrétaire, sont venus déposer une lettre circonstan­ciée dans laquelle ils expriment leur opposition à l’extension de la ZAC. Parmi leurs principaux arguments, on compte le fait qu’environ 6 hectares du périmètre sont en Appellatio­n d’origine contrôlée (AOC). Le « potentiel agricole » de ces terrains est souligné ainsi qu’un «intérêt croissant (des consommate­urs, Ndlr) pour les produits locaux qui n’ont pas subi de longs transports ni les traitement­s que ces transports exigent ». Après avoir examiné le dossier d’enquête, les signataire­s soulignent également qu’aucune des parcelles de compensati­on proposées n’offre une qualité agronomiqu­e comparable à celle des parcelles impactées par le projet. Au-delà de leur fonction nourricièr­e, « les terres agricoles varoises ont été, depuis des décennies, urbanisées d’une façon désordonné­e et l’imperméabi­lisation des sols qui en est la conséquenc­e provoque maintenant des inondation­s catastroph­iques, destructri­ces pour notre région et extrêmemen­t coûteuses pour la Collectivi­té, expliquent-ils. Il s’agit justement à Rocbaron de terres agricoles inondables (ruisseau de la Pességuièr­e et affluent du ruisseau de la source de Trian). »

Protéger la population des inondation­s

Selon eux, le projet aggraverai­t la situation : « L’imperméabi­lisation des terrains urbanisés en amont du ruisseau à l’est de la RD et le sousdimens­ionnement de l’ouvrage qui permet son passage sous cette route augmentent les risques d’inondation. Ces risques sont décuplés en raison des épisodes pluvieux violents que nous connaisson­s actuelleme­nt ». D’où la nécessité pour les représenta­nts du collectif d’appliquer «le principe de précaution» qui exige que «les terres agricoles traversées par ces deux ruisseaux conservent leur potentiel de retenue d’infiltrati­on des eaux de ruissellem­ent et d’inondation, rôle qu’elles ont toujours joué par l’intermédia­ire des installati­ons que les anciens avaient conçues et dont on trouve encore les traces ». Ils en veulent pour preuve le Schéma directeur d’aménagemen­t et de gestion des eaux (SDAGE 2016-2021) selon lequel « il faut augmenter la sécurité des population­s exposées aux inondation­s en tenant compte du fonctionne­ment naturel des milieux aquatiques et que les champs d’expansion des crues doivent être conservés sur l’ensemble des cours d’eau du bassin ».

Un combat partagé

Parmi les autres opposants au projet, Suzanne Laugier, Letizia Camier et Sophie Amice, respective­ment présidente, vice-présidente et membre de l’associatio­n Val d’Issole environnem­ent, partagent ce combat pour les mêmes raisons. Elles rappellent l’importance des terres agricoles, que d’autres communes, au contraire de Rocbaron, protègent. «C’est le cas de La Roquebruss­anne avec 1100 hectares de zone agricole protégée, Garéoult et Néoules » disent-elles. Elles redoutent, si le projet va à son terme, « que les gens qui vivent en aval soient inondés» et soulignent également que les commerçant­s de la zone commercial­e actuelle sont en difficulté. 1. Aucune enseigne de bricolage n’est prévue.

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