Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Je suis devenu expert par amour du livre»

Didier Couchoux, libraire à Draguignan et expert judiciaire pour livres anciens et modernes

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Avec précaution, il manipule les livres. Avec passion, il en parle. Lui, c’est Didier Couchoux, qui tient la librairie de livres anciens et d’occasion Theatrum Mundi(1). Il est aussi l’expert judiciaire « livres anciens et modernes » de la maison de vente aux enchères Grossetti, toujours à Draguignan. C’est lui qui officie en tant qu’expert pour la bibliothèq­ue mise en vente ce jeudi après-midi.

Pourquoi un libraire devient-il expert ? Pour arrondir ses fins de mois ?

Non, ce n’est pas ce que je gagne [un pourcentag­e sur les ventes aux enchères, ndlr] qui me pousse à m’engager. C’est vraiment par amour du livre que je suis devenu expert. La même passion autour du livre qui m’habite depuis que je suis enfant, qui ne m’a pas quittée et qui m’a poussé à ouvrir ma librairie.

Quelles ont été les démarches ?

La cour d’appel d’Aix-en-Provence était en demande d’experts. Je me suis positionné, et j’ai passé l’examen, de droit essentiell­ement, pour obtenir le titre. Mais je n’ai finalement jamais travaillé comme expert pour la cour ! Je travaille donc pour des maisons de vente aux enchères comme Grossetti à Draguignan, mais aussi pour Leclere à Marseille.

Vous dites que c’est l’amour des livres qui vous anime. En quoi l’activité d’expert est-elle de nature à alimenter cette passion ?

Par le biais des expertises, j’ai la chance d’être mis en contact avec des ouvrages fabuleux, rares. J’ai par exemple le souvenir d’avoir expertisé une première édition de l’encyclopéd­ie de Diderot et D’Alembert. Trenteneuf volumes, dont certains entièremen­t consacrés aux illustrati­ons !

D’autres souvenirs mémorables ?

Un autre aspect de cette activité, c’est aussi de devoir être présent sur les lieux de vente. Il le faut en cas de litige par exemple. Et j’ai eu la chance de participer à une très grosse vente au Domaine de Lachaux, dans le Morvan, dans un cadre exceptionn­el.

Que pouvez-vous dire aux particulie­rs qui seraient intéressés par une expertise de leurs ouvrages ?

Il faut consulter les experts, les libraires, les commissair­espriseurs. C’est gratuit, et ça permet de ne pas faire de bêtise. Je me souviens par exemple d’une personne qui m’a apporté des livres dont elle pensait qu’ils avaient de la valeur. Ce n’était pas le cas, mais en creusant, nous avons découvert d’autres ouvrages de sa bibliothèq­ue bien plus intéressan­ts. Et ça aurait été dommage qu’ils finissent à la poubelle. Il faut montrer les livres pour qu’ils continuent de vivre.

1. Actuelleme­nt située au 53 de la rue Jean-Aicard, la boutique va bientôt déménager (et s’agrandir pour l’occasion) au 9, avenue Lazare-Carnot.

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