Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
AGRICULTURE La tortue d’Hermann sème la zizanie
Les professionnels ont mené hier une action coup de poing pour protester contre le plan national d’actions, adopté sans les concerter, qui restreint leur activité
Le torchon brûle entre les agriculteurs et les défenseurs de la tortue d’Hermann. «Unnouveau plan national d’actions en faveur de la tortue d’Hermann a été fait entre deux associations, la SOPTOM et le CEM, et deux agents de la DREAL sans aucune concertation, ni des élus, ni des propriétaires des terrains, ni des chambres consulaires », accuse Sylvain Audemard, secrétaire général de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Var (FDSEA). Avec Gérald Fabre, président des Jeunes agriculteurs du Var (JA), ils ont réuni leurs troupes à Gonfaron, sur l’ancien site du Village des tortues, pour contester ce plan sur la forme et sur le fond. « Nous avons découvert par hasard qu’il y avait une enquête publique fin avril dont la date butoir était fixée au 6 mai. Nous n’avons pas eu le temps de réagir. »
hectares de terres agricoles sont menacés
Ce document « vise à sanctuariser 240 000 hectares de terres dans le Var et en Corse. Dans sa mise en oeuvre, il empêche de cultiver les anciennes friches agricoles, il interdit de replanter les jachères, c’est un contresens des règles d’agronomie et d’agriculture durable. Nous demandons une étude d’impact de ce plan sur l’agriculture », précise Gérald Fabre. Le président de la chambre d’agriculture, Alain Baccino, est venu en personne apporter son soutien à l’opération. « 53 communes sont concernées par le plan et 35 000 hectares de terres agricoles sont dans le périmètre », souligne-t-il. Histoire de faire pression sur les pouvoirs publics comme sur les protecteurs de la tortue d’Hermann, les participants ont récupéré tous les déchets laissés sur place par la SOPTOM au mépris de l’environnement, et les ont rendus à leurs propriétaires (lire ci-contre). L’occasion de se rencontrer. « Vous empêchez les jeunes de travailler. À cause du plan, même quand on arrache nos vignes on ne peut plus replanter » les accuse Marie-Françoise Fournier, viticultrice. « La principale menace pour les tortues c’est l’urbanisation, la destruction du milieu », justifie Jean-Marie Ballouard, chargé de mission scientifique de la SOPTOM. « Non, les tortues sont détruites par les sangliers et le feu, pas par les vignes, ajoute Joël Giorgis, viticulteur à Besse. J’ai défriché 3 hectares, avant j’ai recherché les tortues, j’ai fait les couloirs pour les tortues. Je respecte la réglementation. Vous, vous allez trop loin ». Un autre agriculteur relève : «Ona toujours vécu avec la tortue d’Hermann, espèce emblématique de notre département, et on la respecte. Mais la castanéiculture, l’oléiculture, la viticulture, l’exploitation forestière et le pastoralisme sont également emblématiques du Var. Nous voulons une réunion de toutes les parties pour une véritable concertation ». Du côté de la préfecture, on expliquait hier : « Une consultation publique a effectivement été organisée dans les dernières semaines sur un deuxième plan de protection de la tortue d’Hermann. Plusieurs organismes et associations agricoles varois ont exprimé leurs inquiétudes à ce sujet. Le directeur départemental des territoires et de la mer recevra à brève échéance les représentants du monde agricole pour organiser une concertation sur les conséquences de ce nouveau plan. » Les agriculteurs ont fait le forcing pour obtenir cela. Jeudi, ils ont rencontré la conseillère agriculture de Nicolas Hulot, lors de sa venue dans le Var (1). « Elle a demandé à M. Barjon, directeur de la DDTM, de mettre tout le monde autour de la table », se réjouit Sylvain Audemard.