Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les syndicats d’enseignants informent les parents de lycéens sur les réformes
Les représentants des syndicats d’enseignants avaient lancé une invitation aux parents d’élèves du lycée MauriceJanetti pour une réunion d’information. Leur objectif était d’évoquer les réformes dans l’Éducation nationale, leurs visions sur ces changements et les raisons de la contestation traduite notamment par des mouvements sociaux. Les organisateurs ont déploré « le refus de l’accès au lycée » pour tenir ce rendez-vous. Face à ce changement de lieux, tous se sont retrouvés, jeudi soir, à la Charade grinot’à jeux en présence d’une conseillère d’orientation psychologue et de deux professeurs d’université.
« Remplir là où il y a de la place»
Premier sujet mis sur la table, le nouveau logiciel d’orientation pour les terminales. « Jusqu’à maintenant, ils classaient dix voeux d’un à dix. Il y a toujours eu des élèves qui n’étaient pas pris là où ils voulaient. Mais l’année dernière, un peu plus ont été refusés à la Fac. Il y a eu des protestations et le ministre a décidé de changer le système. » Pour les intervenants la cause se situe notamment « dans le baby-boom des années 2000. C’était prévisible. Ce qui a occasionné un manque de places via une augmentation du nombre d’élèves. » Quant au changement de système, « les voeux sont non classés. Le but est de remplir les universités là où il y a de la place. » Un enseignant d’Aix-Marseille, biologiste, avançait quelques chiffres. « Ona 1 000 places et 4 000 candidatures qui ont été traitées. Et on n’est pas une filière en tension. Avec 4 000 candidatures, il était hors de question de faire un traitement fin. Il a été fait pour générer un algorithme, une méthode automatique de triage. Les 1 000 premiers sont ainsi classés. Quand les élèves pouvaient donner leur ordre de préférence, ça permettait à un algorithme assez simple d’essayer de maximiser les heureux. » Pour lui, cette année, « les 10 à 15 % des élèves qui ont de bons résultats vont être acceptés partout. Tous les autres vont être en attente du choix des meilleurs. » Tous dénonçaient «une inégalité, un manque de transparence et un stress supplémentaire pour les bacheliers dans l’expectative de leur avenir. Ils veulent faire une université d’élites ».
«Deà épreuves »
De la réforme du bac, il en était aussi question avec des interrogations à la pelle quant aux applications de nouvelles mesures. « À partir de la rentrée 2018, il y aura pour les secondes un test de positionnement numérique en français et en maths. Ils seront ensuite placés en accompagnement personnalisé, en expression écrite et orale. La deuxième étape en 2019, ceux qui arrivent en première auront une série d’épreuves communes de contrôle continu sur toutes les matières du tronc commun. Pour la terminale en 2021, il y aura une série d’épreuves au premier trimestre, et au printemps les écrits des spécialités choisies par les élèves. Aujourd’hui pour le Bac, on est à seize épreuves. Demain avec la réforme, on arrivera à un total de 27 à 36.» Et d’ironiser, « l’objectif c’est de simplifier. » Les enseignants mettaient aussi en exergue « le fameux oral. Une source de stress supplémentaire et d’inégalités entre établissements. Les modalités de préparation ne sont pas connues. » De nombreuses discussions se sont ouvertes sur ces différents points. Et avant des échanges moins formels, la réforme de l’orientation était au centre des débats.
« Chacun son métier »
« Nous dénonçons le transfert de l’orientation aux régions et la fermeture des CIO (centre d’information et d’orientation, NDLR). Ça va poser de nombreuses questions d’égalité de traitements et d’objectivité. Derrière, il y a des intérêts économiques. Ajouter un deuxième professeur principal en terminale pour l’orientation ne compensera pas. Chacun son métier. » Et de conclure « cette remise en cause des services publics nationaux est la même logique qui est à l’oeuvre dans d’autres secteurs. C’est pour ça qu’il y a une mobilisation le 22 mai. »