Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Jusqu’à ans de prison pour trafic de stups à Toulon
Lourdes condamnations hier en correctionnelle, pour deux saisies de résine de cannabis dépassant la demi-tonne. Seul un homme a comparu. Un Varois et un Azuréen sont en fuite
par le parquet comme « son associé, dans une relation d’égal à égal» : 10 ans de prison assortis d’un mandat d’arrêt. Seul un Toulonnais de 33 ans comparait – il est en détention provisoire depuis 27 mois. Géremy Bervas restera en prison, avec une peine infligée de 12 ans de détention.
Téléphones cryptés
Contenue dans une dizaine de tomes, l’enquête se révèle volumineuse. « Une belle enquête de l’antenne judiciaire, une procédure dense », présente le ministère public. Les membres du réseau usaient de « téléphone portables cryptés », préparés par une société hollandaise « avec un niveau de cryptage impressionnant» et dont les messages étaient automatiquement supprimés au bout de 24 h. L’utilisation des fadettes a permis de retracer l’itinéraire de convois, dont un aller-retour Toulon - Mulhouse, au cours duquel 506 kg de résine de cannabis ont été amenés à Toulon, rangés dans des sacs de sports. Valeur à la revente : 1,3 million d’euros. En garde à vue, Jérôme Conforto «a nié avec une certaine arrogance », note le tribunal. Il s’est aussi défendu d’être l’utilisateur des téléphones incriminés, où son ADN a été retrouvée. Mais le seul prévenu à comparaître n’est pas impliqué dans cette première saisie. Son affaire a été jointe ultérieurement, à cause de téléphones retrouvés lors de son arrestation, à son domicile, dans la cité de la Marquisanne à Toulon. « Il veut se faire passer pour une nourrice, développe le procureur Patrick Defirmas. Une nourrice qu’on dote d’un téléphone crypté, qui fait des transports et qui tient un carnet de comptes ? »
kg cachés sous le lit
Tuyautés par un renseignement anonyme, les policiers trouvent sous son lit 160 kg de cannabis. Et cachés à la hâte dans la machine à laver, deux pistolets semiautomatiques, un cahier de comptes et 41 000 euros. Il n’y a pas plus taiseux que cet homme qui fait non de la tête, les yeux au sol. « Pourquoi y a-t-il la puce de téléphone de Jérôme Conforto chez vous ? », interroge la présidente du tribunal. « Je ne sais pas .»« Comment expliquer ce téléphone avec des échanges cryptés vers celui de Jérôme Conforto ? » « Je ne sais pas .»« Et votre écriture dans le cahier de comptes? L’expert est formel .»« Je n’ai rien à en dire. » « Jérôme Conforto a des adjoints qui gèrent le trafic toulonnais, incrimine le parquet. Tout indique que Géremy Bervas gardait la drogue pour son compte ». Les deux se connaissent depuis l’enfance. Son défenseur conteste les éléments à charge, demandant «de ne pas procéder par amalgame». Les deux convois litigieux ? « Il a mis son véhicule à disposition de trafiquants. Avons-nous l’assurance qu’il y était ? »La comparaison graphologique ? C’est «le domaine le moins fiable de la police technique », poursuit Me Hernandez, citant l’affaire du petit Grégory. Après le délibéré, l’avocat a annoncé sur le champ faire appel. La mère du Toulonnais était aussi poursuivie par la justice – son fils vit toujours chez elle. « Dénoncer son fils n’était pas dans le champ des possibles», plaide son avocate. Pour elle, ce sera 18 mois. Peine de prison ferme, mais aménageable.