Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un Niçois envoyé très spatial à la villa Médicis
L’artiste Julien Ribot est invité à Rome jusqu’à samedi pour une performance qui mélangera concert et film d’animation projeté sur la façade du palais, façon odyssée psychédélique
Passer de petits concerts dans l’Oxford pub du Vieux-Nice à ses débuts, à un mega-projet mélangeant concert et film d’animation, sur invitation de la villa Médicis jusqu’à samedi… Tel est l’itinéraire de Julien Ribot. Un achèvement personnel qui arrive à point nommé pour l’artiste visuel et compositeur niçois, après quatre albums (dont Vega, notre meilleur album pop francophone de 2008) et une collection de collaborations cinq étoiles (Alain Chamfort, Woodkid, etc.).
En direct sur Arte
Cristiano Leone n’y est pas resté insensible. Le programmateur culturel de l’Académie de France à Rome a offert cette carte blanche à Julien Ribot dans le cadre du 8e Festival villa aperta, parrainé cette année par le prix Nobel de littérature Gao Xingjian avec, également à l’affiche, le duo Brigitte, le groupe pop l’Impératrice, l’écrivain et parolier d’Alain Bashung, Boris Bergmann, les DJ Joakim, Tiger & Woods et Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger. « Une proposition de rêve ! Le contact remonte à fin 2017, après ma création au Mamac. Mon concept pour la villa Médicis lui a plu et je me suis lancé dans un délire créatif qui dure depuis plusieurs mois », raconte-t-il de son pied-à-terre parisien, tandis qu’il met la touche finale à son film de vingt-trois minutes projeté sur la façade de la villa aujourd’hui et samedi avec retransmission en direct sur Arte. « J’ai souhaité transformer la villa Medicis en un objet non identifié, une machine à voyager dans le temps, un gigantesque vaisseau spatial venu de Mars. Une planète qui fait bien sûr aussi référence au dieu du même nom, père de Romulus et Remus, fondateurs de Rome» , décrypte Julien Ribot en plein ouvrage graphique sur une Vénus décapitée à qui il refait le portrait façon Miyazaki. Un échantillon de ce qu’engendrent mythologie, fantasmes, références sur Rome et la villa Médicis, lorsqu’ils sont brassés dans un imaginaire fécond.
L’ombre du Duce
Et Julien Ribot de citer un autre Niçois, J. M. G. Le Clézio, pour enfoncer le clou de son projet romain : « Un jour, on saura peut-être qu’il n’y avait pas d’art, mais seulement de la médecine.» Clin d’oeil cette fois à Medici/Medicus qui vaut autant pour sa traduction de ce qui « soigne » à celle liée au « magique » et à l’«enchanteur», concepts chers aux visions psychédéliques de Julien Ribot. Dernière suture entre le Niçois qui met l’imaginaire en éventail et la villa Médicis, en 1941, Mussolini confisqua cette dernière à notre pays. L’Académie de France se replia alors à la villa Paradiso de… Nice ! Même en art il n’y a pas de hasard.