Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Peuvent encore mieux faire…
« Je suis convaincu que j’ai sauvé la République. » En , fraîchement installé à la tête du Conseil constitutionnel, Roland Dumas avait persuadé les sages de la rue de Montpensier de valider les comptes de campagne de Jacques Chirac. Il racontera pourtant des années plus tard, dans Politiquement incorrect, qu’ils étaient « manifestement irréguliers ». Comme ceux d’Édouard Balladur, d’ailleurs. « Pouvait-on prendre le risque d’annuler l’élection de Chirac, s’opposer à des millions d’électeurs et ainsi remettre en cause la démocratie? C’était un grave cas de conscience. J’ai beaucoup réfléchi. Cela aurait eu des conséquences terribles. J’ai pensé à mon pays. Je suis un homme de devoir. Nous avons finalement décidé, par esprit républicain, de confirmer son élection. » On conçoit toute la difficulté, y compris pour un président de Conseil constitutionnel, de dévaloriser tel Gripsou la légitimité d’un chef de l’État élu, voire plébiscité. Dans le cas de Macron, c’est couru d’avance, l’agitation des uns et des autres ne changera rien non plus à l’affaire. Verre à moitié plein ou à moitié vide. Là où certains s’émeuvent d’éventuelles connivences, d’autres louent l’habileté du candidat à réduire ses factures. D’autant que a vu un net coup de frein à la frénésie des dépenses électorales. Quand François Hollande et surtout Nicolas Sarkozy avaient allègrement franchi la barre des vingt millions en , aucun candidat n’a atteint le plafond légal fixé à euros pour les candidats présents au premier tour et euros pour les finalistes. Emmanuel Macron s’est certes montré le plus dépensier, à hauteur de , millions d’euros sur les deux tours. François Fillon a déboursé , millions, Marine Le Pen , millions. En sport, on dirait que la logique des budgets a globalement été respectée. Pas totalement cependant. Après Macron, le plus flambeur fut en effet Benoît Hamon, dont les , % de voix ont coûté millions. Soit , euros l’électeur. Il serait
« 2017 a vu un net coup de frein à la frénésie des dépenses électorales. »
donc exagéré de faire procès à Macron d’une Blitzkrieg à la bourse plutôt bien tenue. Mais lorsqu’on sait que l’État rembourse jusqu’à euros aux candidats du premier tour et euros à ceux du second, il reste bien des économies à trouver. A fortiori à l’heure où les réseaux sociaux ringardisent les campagnes mastodontes pour offrir une prime aux messages originaux et décalés.