Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Someca, des carrières au service de la biodiversité L’événement
Le leader de la production de granulats organisera prochainement une Journée de l’économie circulaire sur son site de Signes pour présenter sa démarche écologique et de biodiversité
L’exploitation de carrières, ce n’est pas que pour créer du béton prêt à l’emploi, faire du négoce de matériaux, fournir des parpaings pour les maisons ou de quoi poser des enrobés sur les routes. C’est aussi (re)créer de la biodiversité et aider des espèces animales ou végétales disparues à se réimplanter dans leur milieu naturel. La preuve. À la Someca, premier producteur de granulats dans le Var, on s’y penche depuis de nombreuses années. En octobre prochain, l’entreprise a même prévu de lancer sa première Journée de l’économie circulaire et elle a choisi, parmi ses cinq sites et trois dépôts implantés dans tout le département, celui de Chibron à Signes pour en faire la démonstration.
Pour être irréprochables et exemplaires
« Nous sommes à ce niveau d’excellence », relève fièrement Frédéric Soulié, son directeur général. « Dans notre métier, l’économie circulaire, on la fait depuis la nuit des temps. Les Romains, avant nous, construisaient en allant chercher leurs cailloux à proximité. De Menton à Perpignan, vous trouvez des carrières tous les trente kilomètres car, au-delà, le prix du transport impacterait sur le prix des matériaux et augmenterait les gaz à effet de serre d’où la raison de ces carrières situées à proximité. Quand vous achetez des cailloux, vous achetez local. On ne peut pas délocaliser cette activité car les enjeux environnementaux sont forts », assure-t-il. Et si les carrières, en tant qu’Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) sont soumises à des exigences réglementaires très fortes, la Someca assure s’y engager bien au-delà. « Nous devons être irréprochables. Nous sommes une industrie. Nous essayons de maîtriser au maximum les impacts », confie Karine Boulot, la directrice développement qualité sécurité environnement.
Du génie écologique pour aider les espèces
À Signes, la biodiversité n’est pas un vain mot. Dotée d’une écologue depuis six ans, la société aide la réintroduction d’espèces disparues sur la moitié de ses vingt hectares, jadis connus comme un dépôt militaire. «Depuis les années 70, les carrières ont l’obligation d’exploiter et de réaménager de manière coordonnée au fur et à mesure de leur exploitation pour limiter la cicatrice, et trouver des solutions pour apporter de la biodiversité par nos terrassements en fonction des enjeux du site. On a ainsi mis en place du génie écologique pour aider les espèces et apporter une plus-value au milieu naturel», explique Karine Boulot. Sur différentes parcelles, plusieurs milieux ont ainsi été créés à partir des inventaires et suivis scientifiques réalisés chaque année. Pour mesurer la qualité de l’air, la Someca a fait appel à un apiculteur et à l’aide d’un laboratoire Apilab pour mesurer la pollution aux particules fines sur le corps des abeilles. La butineuse étant un bio-indicateur idéal de pollution atmosphérique. Par ailleurs, des prairies sèches et milieux ouverts ont été créées il y a une dizaine d’années et sont maintenues chaque année sur les parties non exploitées de la carrière, des semis ont été réalisés, laissant apparaître de nombreuses espèces, notamment d’orchidées rares et protégées, une roselière a ainsi été créé artificiellement. Ce biotope a favorisé du même coup, dans les zones plus humides, le retour de batraciens, de reptiles et du lézard ocellé, une autre espèce protégée et pour lequel des habitats à base de blocs dispersés ont été réalisés. Enfin, le guêpier d’Europe, un oiseau africain, a trouvé là matière à se nicher dans les talus meubles et sableux de la carrière. Qu’à cela ne tienne, la société adapte son calendrier d’exploitation en fonction du temps de passage de l’oiseau, au printemps, procède à des rafraîchissements
de talus pour faciliter sa nidification et créé même des sites rien que pour lui pour qu’il aille nicher plus loin. « On arrête de remblayer au moment des pontes. Il y a peut-être une dizaine de couples grâce à notre activité. On amène ainsi des espèces protégées, on fait en sorte qu’elles soient actives même si elles peuvent nous bloquer dans notre exploitation mais cela donne du sens à notre activité. On participe à notre échelle à la biodiversité », reconnaît Karine Boulot. Sachant qu’à cette démarche ont été associés des chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et de la faculté de Montpellier. La preuve que si la carrière est utile à l’homme, elle peut l’être aussi aux espèces vivant à ses côtés.