Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’immense défi de Potgieter
Après trois saisons passées au Japon, le polyvalent deuxième et troisième ligne springbok vient relever le challenge toulonnais avec l’enthousiasme et l’humilité d’un junior
Le bonhomme a un parcours atypique et nous arrive directement du Japon où il évoluait depuis trois saisons pour les Manukata Sanix blues. Un enterrement de première classe après avoir fait les beaux jours des Waratahs, des Bulls, des Southern Kings et des Sharks en Super rugby ? «Que nenni», pense Mourad Boudjellal qui n’a pas hésité à lui donner une nouvelle chance... A 32 ans, Jacques Potgieter (1,94 m pour 104 kg) semble effectivement en avoir encore un peu sous les crampons et pourrait même réserver quelques vraies bonnes surprises aux supporters toulonnais... Tout en sourires et bonne humeur à la ville, le Springbok (3 sélections entre 2011 et 2013) est plutôt fan de rudesse et de gros tampons sur les terrains de jeu. Dans le pur style Sud-africain... Qu’il évolue en deuxième ou troisième ligne, son jeu, très physique, semble donc correspondre aux attentes du moment. Jacques le sait et compte bien y répondre parfaitement pour démontrer tout de suite qu’il n’est pas venu à Toulon pour finir sa carrière en pente douce même s’il est déjà tombé raide dingue de la région : «C’est vraiment un endroit magnifique s’enthousiasme Potgieter. Les supporters sont sympas, il fait beau. Pour moi, le Sud de la France, est le plus bel endroit où je ne sois jamais venu. Fantastique ! Quant au RCT, c’est juste la meilleure équipe du monde. J’ai donc un énorme challenge à relever dans un lieu merveilleux...».
« J’ai déjà deux maillots du RCT »
Marié à Angelique Berger, une actrice sud africaine très en vue dans son pays qui le rejoindra «dans six semaines» à Toulon, Potgieter a l’habitude d’être reconnu dans son pays et ne craint pas vraiment les feux des projecteurs. Aussi, même s’il est un peu surpris, il apprécie déjà particulièrement la chaleur et les encouragements des supporters locaux qui le reconnaissent déjà sans le connaître vraiment : «J’aimerais pouvoir parler avec tout le monde, mais le Français est compliqué» s’excuset-il presque aujourd’hui, même si tout le monde attend surtout de lui qu’il s’exprime sur le terrain. Parviendra-t-il à faire oublier le grand Bakkies Botha ? Là n’est pas son objectif : « C’est drôle, j’ai déjà deux maillots du RCT signés par Bakkies Botha : un de H cup et un de Top 14. C’est un ami, fou du RCT et proche de Bakkies qui me les a donnés. Je ne vais pas le remplacer car c’est une vraie légende du jeu. Je vais juste essayer d’être moi-même. Mais j’espère qu’avec mon style de jeu, j’apporterai aussi quelque chose au RCT. Ici on pratique un rugby très physique et j’aime ça... C’était une opportunité formidable pour moi. Je ne pouvais pas la laisser passer. Ma femme l’a très vite compris...» Juste le temps d’expliquer à son épouse l’importance du défi qui l’attend aujourd’hui à Toulon et Jacques Potgieter, sans doute très convaincant, a rallié toute la famille à son projet. En attendant sa belle Angélique et ses trois enfants (un petit garçon de neuf mois et deux filles jumelles), Potgieter partage beaucoup avec ses compatriotes Marcel Van der Merwe, J.P. Pietersen ou Juandre Kruger et met surtout les bouchées double à l’entraînement pour se présenter au meilleur de sa forme, fin août, au départ du Top 14. Car, ici, c’est quand même bien différent : «Sans manquer de respect aux Japonais, Ici, ce n’est pas comme làbas : il y a un effectif avec 40 bons joueurs. Les skills sont meilleurs, l’ambiance est différente, on est dans la meilleure équipe du monde...».
«Je veux surtout être exemplaire»
Déjà convaincu par la personnalité de Patrice Collazo qui lui semble « être un mec honnête, un homme de caractère mais une bonne personne. : si tu travailles beaucoup, il te respecte et tu joues beaucoup » Jacques Potgieter est également en phase avec son coach quand il précise : «qu’importe la compétition, tous les matches sont importants». Pas question non plus de parler trophée, lorsqu’on lui demande de préciser ses objectifs avec le RCT : «Je veux simplement être un bon joueur, un bon coéquipier, un exemple pour tout le monde et jouer un bon rugby... Surtout être exemplaire...» Mais n’allez surtout pas imaginer que cette saine humilité est propre à brider ses ambitions. En vérité, c’est sans doute son meilleur atout pour la suite...