Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’histoire aura duré ans
L
a disparition de la section pro du Hyères-Toulon Var basket a fait couler beaucoup d’encre. Mais peut-être aussi quelques larmes chez de nostalgiques amoureux de basket. Car l’air de rien, et malgré toutes les railleries qu’a pu susciter le club, le HTV s’est constitué une riche histoire pendant ans, entre la Pro A ( saisons) et la Pro B (ex-NB et NA, saisons). Plus d’un quart de siècle, fait de hauts et de bas. Nous avons donné la parole à de multiples témoins de l’aventure du club au plus haut niveau. Des joueurs, entraîneurs, bénévoles, partenaires... Qui ouvrent leurs carnets de souvenirs. C’était ça le HTV.
Jean-Louis Borg ( ans de HTV dans le sang) :
«Jesuis arrivé à Hyères à ans, en minimes, j’en suis parti à ! C’est mon club de coeur, je ne m’en cacherai jamais. Le plus beau souvenir, ça reste la première montée en Pro A en (il était coach), avec ces play-offs dans lesquels on partait de loin et cette finale gagnée au e match à Roanne, alors qu’on était menés - dans la série. À titre personnel, je retiens l’honneur d’avoir le même groupe de gamins entre les poussins et les pros. C’était la génération dorée des Legname, Dumas, Thery, Nivière, avec qui on se revoit tous avec grand plaisir. C’était extraordinaire car sans avoir beaucoup de moyens, on a quand même fait cinq finales de championnat de France chez les jeunes! »
Clément Cavallo (capitaine des champions deProB):
« Ça fait un peu chier pour le club... J’y ai tout connu. J’y ai été formé et je garde en mémoire mes premiers entraînements et matches en pro avec Axel (Julien), Masingue, Pierce, Legname, etc. Et puis j’y suis revenu, en Pro B.
On a vécu trois saisons exceptionnelles, avec des super gars, et je finis sur un titre, le seul du HTV chez les pros. Ça, on ne nous l’enlèvera pas! »
Laurent Legname (joueur le plus capé de l’histoire du club) :
«Le HTV, je n’en ai que de bons souvenirs. Depuis mon premier match pro en - où je marque un lancer franc à mon départ pour Dijon (en , sur un titre de meilleur entraîneur de Pro B, Ndlr). Je retiens surtout la montée en Pro A en et la victoire lors du Trophée du Futur en . C’était ma dernière année espoir. Il y a ce Final Four aux Rougières, on bat Nantes puis Levallois. C’était le feu. On était une bande de potes que personne n’attendait. Avec Nivière, Autuori, Bisson, Vidal, Diallo, Porcher, Camara, Albisua, Dalet et l’entraîneur Daniel Msika. Pour certains, on s’est retrouvé il y a peu, alors qu’on ne s’était pas vus depuis vingt ans. »
Daniel Msika (ancien coach) :
« C’est triste pour le club. Le HTV mérite sa place au moins en Pro B. J’y suis rentré à ans, j’arrivais des Arcs. J’ai été assistant coach en N puis entraîneur des cadets et des minimes France, à l’époque de Laurent Sciarra... Le meilleur souvenir, ça reste d’avoir gagné le Trophée du futur avec les espoirs. C’était un week-end de rêve. »
Jacques Tordjman (doyen des bénévoles) :
«Jesuis au club depuis ans (il a commencé avec Hyères) ! Depuis ans, je m’occupais des arbitres. Il y en a qui officient en Pro A. Je les connais tous et je peux vous dire que ce sont tous des gens honnêtes. Je n’ai eu que de bons rapports avec eux. »
Axel Julien (international français formé au club) :
« Petit, je supportais le HTV. J’avais des idoles, comme Floyd Miller, qui portait le numéro , le même que moi à Cavalaire. Il y avait aussi Laurent Legname : pas forcément mon joueur préféré, mais tout le monde l’adorait, il y avait un truc particulier quand il marquait à pts. C’est une grande fierté d’avoir joué au HTV. Je suis content d’avoir fait partie de l’histoire. J’y ai tout connu et je ne pourrai revivre ça avec aucun autre club. Mon meilleur souvenir, c’est d’avoir fini en beauté. Notre e place de ProB( derrière Monaco en ). On a remis le HTV dans le coeur des Varois. Maintenant, je souhaite qu’il remonte au moins en N. »
Hrvoje Perincic (ancien joueur, -) :
« C’est une mauvaise nouvelle, je suis désolé de l’apprendre... les gens ici aiment le basket. C’est triste pour eux. Le HTV, c’était l’une de mes meilleures expériences. J’habitais à côté de la plage, j’y ai découvert la moto et j’y ai rencontré des personnes qui sont encore des amis. »
Thierry Durand (sponsor majeur depuis avec Réseau Mistral) :
« La fin est un peu brutale, les partenaires n’ont pas été bien considérés... C’est dommage, on s’était habitué à voir le HTV au haut niveau. Il y a eu cette Semaine des As organisée à Toulon, des joueurs qui ont réussi ailleurs et des coaches emblématiques. Ça veut bien dire qu’il y a un terreau pour le basket. Je pense notamment à la réussite de Laurent Legname et surtout de Kyle Milling. J’ai beaucoup apprécié Kyle car personne n’y croyait. D’abord ce grand joueur déglingué, qui donnait l’impression de se casser à chaque fois qu’il retombait. Puis comme coach, il a donné sa pugnacité à l’équipe, et il a été champion. Comme récompense, il entraîne Limoges. Sa réussite est un vrai bonheur. »
Kyle Milling (le plus Hyérois des Californiens) :
« Les meilleurs moments ? Le titre en Pro B, pour moi qui lançais ma carrière de coach. Il y a ce match et cette victoire au Portel. Quand je regarde la photo des joueurs qui me versent une bouteille d’eau sur la tête, j’en ai encore des frissons. Il y a aussi le maintien en Pro A en . On gagne le match qu’il faut contre Besançon à la maison. Fred Wiscart-Goetz, le coach, pleurait. Avec Laurent (Legname) et Franck (Bouteille), on a mangé dans un resto à Hyères en faisant le tour des cuisines sur la danse des canards. On avait bien rigolé! »
Vincent Masingue (pivot aux coudes acérés) :
« J’ai vécu de belles années au HTV. J’étais arrivé en période de renouveau. Le club avait de l’ambition, sous l’impulsion de Weisz et Veyrat. On a obtenu les meilleurs classements de l’histoire (e en ) et on a vu le palais des sports plein. Je suis déçu que ça n’ait pas perduré. La semaine des As que l’on a organisée, c’était un moment fort. On perd en demifinale contre Vichy sur un tir à la dernière seconde, juste après la blessure de Colson... Il y a aussi cette épopée en coupe d’Europe. Je me souviens d’un déplacement en Roumanie (à Ploiesti) : magnifique dans le n’importe quoi. Il y a des réveils planqués dans nos chambres d’hôtel et des mecs qui hurlent la nuit dans le couloir, le chauffeur de bus qui fait un détour de h pour aller à la salle, la sono derrière le banc qui nous empêche de communiquer au temps mort. On était surmotivés et on a gagné. »
Fabien Duhau (statisticien depuis ) :
« Depuis que j’ai ans, j’ai dû rater trois matches à domicile ! J’étais supporter et puis j’ai eu l’opportunité de m’occuper des stats en . J’ai côtoyé les pros, j’avais accès aux vestiaires, au VIP... Inimaginable! On est au bord du terrain. C’est parfois chaud. Cette année, par exemple, Arnold est tombé sur notre ordinateur. Les joueurs, il y en a des sympas, comme Anthony Christophe. Mais la plupart ne disaient même pas bonjour. Ils venaient juste me dire que je leur avais oublié un rebond ou une passe – toujours sur le ton de la plaisanterie. »
Anthony Christophe (joueur formé au club, spécialiste du x) :
« C’est un exploit sportif et humain que le HTV ait autant duré en pro... Disons qu’il n’avait peut-être pas grand chose à faire là. Il y a deux ans, les joueurs pouvaient conduire leur voiture pour aller en déplacement... Ça fait quand même de la peine que ça s’arrête. Deux souvenirs me viennent à l’esprit : quand je suis arrivé et que j’ai été pris sous l’aile des Cerase, Legname, Bouteille, Thery... Et bien sûr le titre de champion de Pro B (). Ce soir-là (au Portel), je revois Jo Tornato qui répond à la presse les fesses à l’air, puis ce retour vers Paris en minibus. C’était quelque chose... »