Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
A Gênes, les enterrements n’éteigent pas la colère des Italiens
L’Italie a commencé hier à enterrer, en pleine polémique, les dizaines de personnes tuées dans l’effondrement du pont autoroutier à Gênes pendant que les sauveteurs continuaient à rechercher cinq disparus. Les services de la protection civile ont dans la soirée sensiblement revu à la baisse le nombre des personnes encore recherchées, au nombre de cinq contre 10 à 20 en début de journée. Certaines d’entre elles ont en effet pu être localisées. Le bilan officiel provisoire du drame est toujours de 38 morts et 15 blessés. Dix blessés se trouvaient encore à l’hôpital, dont six jugés dans un état grave, a fait savoir la préfecture.
Des familles ne viendront pas
Des funérailles solennelles sont prévues aujourd’hui en fin de matinée dans un hall du centre d’exposition de cette ville du nord, avec une messe célébrée par l’archevêque de Milan en présence de toutes les plus hautes autorités de l’Etat dont le président Sergio Mattarella. Cette cérémonie officielle s’annonce toutefois compliquée pour les institutions italiennes : selon un comptage, noms à l’appui, du journal La Stampa, les familles d’au moins 17 des 38 personnes ayant péri dans la catastrophe survenue mardi préfèrent s’abstenir. « C’est l’Etat qui a provoqué cela, qu’ils (ses dirigeants) ne se montrent pas : le défilé des politiques a été honteux » ,a réagi dans les colonnes de ce quotidien Nunzia, la mère d’un des quatre jeunes de Torre del Greco morts sur la route de leurs vacances et enterrés hier après-midi dans leur ville, une commune de Naples. « Mon fils ne deviendra pas un numéro dans le catalogue des morts provoquées par les manquements italiens », s’est pour sa part insurgé sur les réseaux sociaux Roberto, le père d’un autre des garçons. Des funérailles se sont aussi déroulées dans plusieurs autres villes italiennes, par exemple dans une église de Pise où deux jeunes fiancés qui ont perdu la vie dans le drame, une infirmière et un anesthésiste, voulaient se marier l’an prochain. Dans une chapelle ardente à Gênes, les familles veillaient les morts, hagardes devant quinze cercueils alignés et recouverts de fleurs, dont celui, de couleur blanche, d’un enfant. Des proches y posaient de petits mots écrits à la main, tout en l’embrassant.
Polémiques tous azimuts
La féroce controverse entre le gouvernement italien et la société autoroutière gestionnaire de l’ouvrage, Autostrade per l’Italia, occupe tout le terrain médiatique. Par ailleurs, hier on a appris que le soir du drame, le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini a participé à un dîner en Sicile mardi soir, où il apparaît tout sourire lors d’une rencontre avec des responsables locaux de son parti, la Ligue, en Sicile. Il pose également avec un gâteau dans les mains sur lequel sont inscrits les mots « Vince la squadra » (l’équipe gagne), célébrant ainsi les derniers succès électoraux de sa formation politique.