Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À Olbia, les fouilles révèlent des tombes de religieuses
Pendant un mois, des anthropologues ont mis à jour sépultures et sarcophages d’une ancienne abbaye cistercienne construite par des religieuses sur le site gréco-romain de l’Almanarre
Les opérations sont minutieuses. Comme dans une scène de crime, une dizaine de spécialistes en anthropologie s’affairent autour d’ossements humains. Plus précisément autour d’un squelette qu’il faut dégager grâce à des instruments de dentiste et des aspirateurs pour évacuer la terre. Tout est placé sous plastique. Étiqueté. Le début d’un long processus qui conduira l’équipe à étudier les prélèvements ensuite en laboratoire.
Faire parler les défunts
Du 23 juillet au 17 août, la partie Nord du site archéologique d’Olbia à l’Almanarre s’est transformée en lieu de fouilles. Le conservateur en chef des Monuments historiques a préconisé un chantier. « La butte commençait à s’écrouler. Des ossements commençaient à sortir du sol et il y avait un problème de conservation », explique David Ollivier (voir ci-dessous). Soutenus par la ville d’Hyères, la direction régionale des affaires culturelles et le laboratoire d’archéologie médiévale et moderne en Méditerranée, ces professionnels n’ont pas hésité à braver la canicule et la poussière. Entre autres. Pendant qu’une partie de l’équipe s’affairait à révéler deux dépouilles, Yann Ardagna, gestionnaire des collections anthropologiques de l’ostéothèque régionale, se trouvait dans une position peu confortable dans un ancien caveau-pourrisoir. « C’est là que l’on plaçait les corps des défunts en suspension pour permettre leur décomposition », explique-t-il. Méticuleusement, il retire d’ailleurs des morceaux d’os qui seront répertoriés puis analysés. « Ce sont surtout des os en vrac. On réalise beaucoup de photos. C’est long et compliqué ». Une mission ardue pour pourvoir, par la suite, recomposer, la « scène » en laboratoire.
Jusqu’à la Villa Noailles
Cette petite abbaye cistercienne a été édifiée sur la partie Nord du site archéologique. Ce lieu abritait la chapelle de petite dimension et un cimetière où se trouvaient déjà des sarcophages du Ve-VIe siècle. « Des textes précis sur la fondation de l’abbaye révèlent qu’elle était en fonction entre 1350 et 1380. Les religieuses ont quitté ce bord de mer, pendant des troubles, pour se réfugier dans l’enceinte d’Hyères. D’abord dans un hôtel particulier avant de construire le couvent SaintBernard [la partie la plus ancienne de la Villa Noailles], avant de le quitter à la Révolution », commente M. Ollivier.