Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Aubervilliers : le fléau du logement insalubre
Le gouvernement affirme que la lutte contre les habitations insalubres est une priorité, peu après l’incendie d’un immeuble à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) qui a blessé sept personnes dont cinq enfants dans un état grave. Pourtant, à en croire la maire communiste de la ville, Meriem Derkaoui, rien qu’à Aubervilliers, 40 % des logements du parc privé seraient potentiellement indignes. Mais beaucoup n’ont pas d’autres choix que de vivre dans ces conditions, notamment parmi les 7 000 foyers en attente d’un logement social dans la ville.
Longue procédure
Une femme rencontrée par France 2 habite dans un appartement rongé par l’humidité. Pourtant, elle paie 750 de loyer. Elle gagne 1 000 par mois et s’est installée là, car le propriétaire ne lui demandait pas beaucoup de garanties. À Aubervilliers, plusieurs programmes de rénovation sont néanmoins menés. Le problème réside surtout dans le fait que même après qu’un arrêté préfectoral interdit l’habitat dans un bâtiment jugé insalubre, la procédure est longue, avant de pouvoir lancer les travaux. Pour l’ancien adjoint au maire de SaintDenis en charge du logement, Stéphane Peu, interviewé par Libération, le nouveau drame à Aubervilliers est surtout révélateur d’une crise de l’habitat : « C’est la pénurie de logements qui est à l’origine de ces situations de mal-logement. Un bien de très grande médiocrité, voire dangereux, trouve toujours preneur, souvent à des prix exorbitants. Les locataires sont des personnes vulnérables, qui n’ont pas d’autre choix, comme les femmes victimes de violences, les personnes sans garanties. Ce sont les proies des marchands de sommeil. »
« Délinquance économique »
Interrogé sur ces propriétaires sans scrupule, l’ancien élu dénonce leurs agissements : « Nombre d’entre eux font des placements dans l’immobilier insalubre ou vétuste à forte rentabilité, souvent avec la complicité passive de l’Etat, par exemple au cours de ventes aux enchères judiciaires. Ils achètent peu cher des biens immobiliers très dégradés et les louent ensuite très cher à des personnes acculées. C’est une délinquance économique. Bien souvent, ils se cachent derrière des sociétés. »