Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Prélèvement à la source: le couac gouvernemental
Les impôts seront-ils prélevés directement sur les feuilles de paie en janvier prochain ? Difficile à dire. Les déclarations et signaux contradictoires se multiplient depuis une semaine sur cette grande réforme fiscale, poussant le chef de l’État à prendre luimême la parole, depuis la Finlande, sur un sujet traditionnellement géré par Matignon. « J’ai besoin de réponses très précises et d’être sûr de ce que nos concitoyens vivront le jour où on le mettra en place, si on le met en place. » a réagi Emmanuel Macron.
Un pas en avant...
Le Premier ministre avait d’ailleurs lui-même abordé le sujet du prélèvement à la source dans son interview de rentrée, dimanche 26 août, laissant entendre que l’application de la réforme était plus compliquée que prévu. Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, principal artisan de la réforme, s’était montré très confiant, jeudi lors d’une visite à la trésorerie de Pau : « Aujourd’hui, je suis certain que les choses fonctionneront très bien et j’aurais l’occasion de le dire au président de la République et au premier ministre. »
... un pas en arrière
Pourtant, deux jours plus tard, le ministre ouvrait la porte à un abandon, en déclarant sur France Inter que les options étaient ouvertes : « Nous choisirons ensemble politiquement l’avancée ou l’arrêt puisque le président de la République l’a évoqué. » Il reconnaît le risque d’un mauvais effet dans l’opinion d’une retenue sur salaire : « Est-ce que techniquement on est prêt ? Oui on est prêt. Est-ce que psychologiquement les Français sont prêts ? C’est une question à laquelle collectivement nous devons répondre. » Le prélèvement à la source a fait l’objet de tests, dont le bilan a été jugé « calamiteux » par Le Parisien , qui s’appuie sur une note confidentielle de la direction générale des finances publiques (DGFiP) : un nombre important d’erreurs, entraînant des doubles prélèvements, ou des confusions entre homonymes a été signalé en février, puis à nouveau en juillet et août, selon le quotidien. La DGFiP a finalement expliqué, ce samedi, dans une courte déclaration que : « Les anomalies identifiées lors des tests (0,1 %) ont été résolues. Le système est prêt pour janvier 2019 ». Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a tenu à assurer que la décision serait prise sur des considérations techniques, et non politiques. Interrogé, hier sur BFM-TV, il a déclaré : « Je souhaite que nous tenions le calendrier sous réserve que nous ayons les garanties techniques. »
Les Français plutôt favorables
Selon un sondage Ifop pour le JDD publié, hier, une majorité de Français souhaitent que l’impôt prélevé à la source soit mis en place au 1er janvier 2019. Des réponses plus précises devraient donc être apportées par l’exécutif demain, après une réunion prévue à l’Élysée en présence d’Édouard Philippe et de Gérald Darmanin.