Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Maternité : les syndicats défendent son maintien
Si leur stratégie divergent légèrement, les trois syndicats du Pôle de santé estiment la présence de la maternité indispensable à Gassin et restent vigilants sur les menaces qui pèsent sur elle
Après l’annonce, dans nos colonnes, d’un audit diligenté par l’ARS sur la maternité, qui fait peser une menace sur son maintien (lire V.M. du 29/08/18), les représentants des syndicats F.O., U.N.S.A. et C.F.D.T. prennent la parole. Si FO, par la voix de Patrick Le Hir, exprime clairement son inquiétude sur l’avenir de la maternité, l’UNSA et la CFDT, portés respectivement par Lucile Geninatti et Yvette Roux, attendent le compte-rendu des experts mais restent vigilants. Des positions divergentes mais un objectif commun : la défense de la maternité et son nécessaire maintien à Gassin. Pour Patrick Le Hir, Céline De Godos et Nathalie Burat de FO, le Projet Régional de Santé consultable sur le site de l’ARS Paca est inquiétant : «Le PRS annonce, qu’à l’aube de 2023, sur les 7 maternités du Var, seules 5 subsisteront. Pour nous les deux en moins sont Gassin et Hyères. En page 284, il est fait mention d’un centre périnatal de proximité qui permettrait un suivi des femmes. Pour nous, il est clair qu’on parle bien de Gassin où l’on envisagerait - à l’horizon 2023 - de remplacer la maternité par ce centre qui assurerait les consultations au Pôle mais plus les accouchements qui seraient pris en charge à l’extérieur». «Pour l’instant rien n’est fait» soutiennent de leur côté la CFDT et l’UNSA soucieux «de ne pas crier au loup et défenseurs d’une position d’apaisement en attendant les conclusions des experts». Cette distinction faite, les représentants syndicaux exposent les mêmes arguments favorables au maintien de la maternité.
La certification de l’HAS En 2017, la maternité a obtenu l’une des meilleures notes (2e position après Sainte-Musse à Toulon) de la Haute Autorité de santé. «Non seulement, nous sommes bien noté mais l’HAS ne fait part d’aucune restriction. Nous sommes le seul service qui remplissait toutes les conditions de qualité» souligne Yvette Roux.
Une maternité de proximité «Au delà de la notation de l’HAS, la maternité répond à tous les critères de qualification pour exercer à son niveau. Et nous avons, sur place, un plateau technique qui fonctionne 24h/24 et 365 jours par an en cas de complication» avance Patrick Le Hir. «Nous ne sommes pas une maternité de brousse mais une maternité de proximité avec tous ses avantages : prise en charge plus chaleureuse des mamans, accompagnement, etc» poursuit Yvette Roux.
L’enclavement Maintes fois évoqué, la sitution enclavée du Golfe et la fréquentation touristique de masse rendent les conditions de circulation difficile. «Si Gassin et Hyères fermaient, il y aurait un vide sanitaire d’une centaine de kilomètres entre Toulon et Fréjus» s’alarme Patrick Le Hir. «On mettrait clairement la future maman et l’enfant à naître en danger» clame Yvette Roux.
Des pistes de réflexion Afin d’assurer un avenir à long terme à la maternité, les trois syndicats penchent sur une valorisation du métier de sage femme : «Comme l’a évoquée la députée Sereine Mauborgne dans vos colonnes (lire V.M. du 2/09/18) il faudrait développer l’activité libérale des sages femmes et constituer un réseau.». Sur le chiffre de 24 équivalent temps pleins en nombre de sages femmes évoqué par la députée, les syndicats rectifient : « Il y a certainement eu confusion. Elles sont au nombre de 14,4 équivalent temps plein». Autre piste, la mutualisation des moyens avec le centre hospitalier de Fréjus « qui n’est toujours pas d’actualité 4 ans après la mise en place d’une direction commune... », s’étonnent-ils. En conclusion, les représentants syndicaux rappellent que la maternité dépasse largement le seuil des 300 naissances minimum. (450 en 2017). «Quand à la baisse de la natalité, elle est nationale». Quand à l’argument sécuritaire invoqué par l’ARS, il est balayé d’un trait par les trois mouvements syndicaux qui contrebalancent avec les problèmes de circulation spécifiques au Golfe. A l’UNSA notamment, les représentants estiment que, contrairement à ce qu’a avancé leur directeur M. Limouzy dans nos colonnes, «la démarche de l’ARS est avant tout économique. Il n’est qu’à voir le contrat de retour à l’équlibre financier (CREF) auquel nous soumet l’ARS». Si FO compte d’ores et déjà s’appuyer sur la «puissance départementale de son syndicat» pour défendre la maternité, l’UNSA et la CFDT annoncent « se tenir prêts à agir, si les experts choisissent le pire des scénarios ». Réponse en fin d’année.