Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un permis nommé désir

Brignoles Les commerçant­s du centre Leclerc – hypermarch­é et galerie – manifester­ont, ce lundi matin, place Carami, pour que « d’une simple signature, le maire valide à nouveau le projet d’extension ». Pour ce permis, il sera trop tard jeudi. De son côté,

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urtout ne pas dire qu’un bras de fer est engagé entre le centre Leclerc et la municipali­té. «C’est même tout le contraire», estime le p.-d. g. du centre commercial. «Nous ne souhaitons pas être contraints d’entamer une action au tribunal administra­tif contre la mairie, nous aurions tous à y perdre. Nous mettons tout en oeuvre pour l’éviter!» Si Sandra Baldelli, présidente de l’associatio­n des commerçant­s de la galerie Saint-Jean, et Philippe Landais, p.-d. g. du centre Leclerc, placent aujourd’hui le sujet sur la place publique – une manifestat­ion aura lieu lundi matin place Carami – c’est « justement pour sortir de l’impasse. Qu’on nous laisse simplement travailler ! » Que demandent-ils? « Une simple signature du maire, Didier Brémond, pour que soit restitué le permis de construire délivré ce  janvier . » Derrière ce permis, il y a un important projet d’extension du centre commercial (lire par ailleurs). Or,« pour des raisons de calendrier judiciaire, nous serons contraints de porter l’affaire au tribunal administra­tif ce jeudi, si le dossier ne se débloque pas d’ici là. Cela fait quatre années que le maire nous dit qu’il nous soutient et qu’il faut lui faire confiance. Nous lui faisons donc confiance mais là… Il y a urgence ! »

Var-matin : Depuis combien de temps le centre Leclerc attend-il cette extension?

Philippe Landais : Depuis… son ouverture en  (sourire). On dit souvent que pour bien vivre, un centre commercial doit connaître des travaux tous les cinq ans… Notre projet d’extension, je le porte depuis  ans, et mon prédécesse­ur l’avait initié  ans encore auparavant. Deux décennies… À titre de comparaiso­n, chez nos voisins de Saint-Maximin, la surface de l’Hyper U était de   m il y a douze ans. Et là, ils viennent d’obtenir l’autorisati­on pour un agrandisse­ment – le troisième en douze ans donc – pour une surface totale de   m…

Est-ce à dire que toutes les municipali­tés successive­s s’y sont opposées?

Pas vraiment. Je n’ai pas l’historique, je ne suis là que depuis  ans. La municipali­té précédente, avec Claude Gilardo et Cyrille Bourhis, affichait une réelle volonté globale pour Saint-Jean, avec SaintJean . Ils avaient même nommé un architecte conseil pour donner une cohérence au tout, initié une procédure de Zac… Tout s’est arrêté après les élections. Pour autant, je le rappelle, je ne fais pas de politique, je trouve que l’équipe en place travaille plutôt bien, et a d’ailleurs également toujours officielle­ment soutenu notre projet d’extension…

Aujourd’hui, on pointe souvent du doigt le mal que les centres commerciau­x font aux commerces des centresvil­les…

En l’occurrence, ce ne sera pas le cas de notre projet. Les commerces dans la galerie feront  m, ce sont des surfaces introuvabl­es aujourd’hui au centre-ville de Brignoles…

En outre, l’ère des mastodonte­s commerciau­x semble révolue, on le voit notamment aux ÉtatsUnis… Votre projet en tient-il compte?

C’est vrai, y compris en France, mais pour les très grosses surfaces, supérieure­s à   m. Nous souhaitons atteindre   m, car cela correspond aux besoins du bassin de population. C’est un format qui demeure raisonnabl­e, il n’y aurait aucune nécessité à voir plus grand.

Ce projet répond, selon vous, à un besoin du territoire?

Évidemment. Nous le subissons aujourd’hui, puisque nous observons une fuite de notre clientèle vers Saint-Maximin, Rocbaron et Flassans… Notre outil est vieillissa­nt, nous n’investisso­ns plus depuis plusieurs années car nous attendons de pouvoir réaliser cet immense chantier. Nous constatons une forte baisse de fréquentat­ion… Et puis l’immense projet de Rocbaron le prouve aussi : les promoteurs voient bien l’important potentiel de développem­ent commercial aujourd’hui sur le bassin. Mais s’ils voient que la ville centre, Brignoles, ne souhaite pas en profiter, ils iront chez un voisin plus entreprena­nt…

Avant ce permis, finalement retiré, vous aviez eu un premier permis, toujours valide aujourd’hui, pourquoi ne pas le réaliser?

Ce premier permis était justement lié au projet de l’ancienne municipali­té. Pour moi, il n’existe plus. Il comprenait notamment un parking aérien à  millions d’euros, censé être cofinancé avec les enseignes de Saint-Jean . Comme Saint-Jean  n’a toujours pas vu le jour, avec qui Leclerc pourrait-il financer ce parking?

Si ce deuxième permis bloque, pourquoi ne pas déposer un nouveau permis de construire?

Il faut être un peu sérieux, nous ne sommes pas là pour sans cesse créer de nouveaux projets... Celui-ci est viable, et a même été délivré, donc jugé conforme par les services municipaux. Nous avons pris assez de retard comme ça, il est temps d’agir, il est temps d’accélérer comme le dit le maire!

Si la municipali­té restitue ce permis du  janvier, elle court le risque d’être poursuivie au tribunal administra­tif, après le recours, avec le risque financier induit… Selon leurs calculs, la municipali­té pourrait perdre   euros si la personne ayant fait le recours les attaquait au TA et l’emportait… Selon nos services juridiques, outre que nous avons du mal à comprendre sur quels éléments repose ce chiffrage, cette personne n’a pas d’intérêt à agir. La municipali­té doit aussi peser ce qu’elle risque en cas de contentieu­x avec nous…

C’est-à-dire? Que risquerait la Ville en cas de contentieu­x avec Leclerc?

Une action au TA, cela dure deux ans. Nos expertscom­ptables ont estimé que

cela représente­rait pour nous une perte d’exploitati­on de   euros. Nous avons déjà versé pour ce permis   euros au titre de la taxe locale d’équipement. Il faudra nous les rembourser. Enfin, cette extension doit rapporter à la Ville un million d’euros de taxes la première année, et   euros la deuxième. En tout, on arrive donc à un total de , millions d’euros de risques… Même si, je le répète encore et encore, nous voulons tout faire pour éviter d’aller au contentieu­x!

Visiblemen­t, la surface dédiée aux espaces verts pose problème… On est sur de l’urbanisme, donc du droit, et donc de l’interpréta­tion… En l’occurrence, la municipali­té a partagé nos interpréta­tions, puisqu’elle a estimé que notre permis était conforme et nous l’a délivré…

Il y a donc urgence selon vous à pouvoir réaliser cette extension?

Oui bien sûr. On a déjà pris beaucoup de retard. Imaginons que le projet de Rocbaron voie le jour, quelles enseignes voudraient encore alors s’installer à Brignoles? S’il nous restitue le permis demain, nous devrons pouvoir commencer les travaux en janvier , pour livraison en mars . Le maire pourra venir couper le ruban avec nous, avec plaisir !

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 ?? (Photo Hélène Dos Santos) ?? Même s’il s’y construit aujourd’hui une petite extension, « qui n’a rien à voir avec le permis espéré », le centre commercial brignolais donne une image vieillissa­nte, et déplore au fil des ans « une forte baisse de fréquentat­ion ».
(Photo Hélène Dos Santos) Même s’il s’y construit aujourd’hui une petite extension, « qui n’a rien à voir avec le permis espéré », le centre commercial brignolais donne une image vieillissa­nte, et déplore au fil des ans « une forte baisse de fréquentat­ion ».
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