Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Rolland Mélet : « Etre raisonnable et raisonné»
Quel est l’objectif de la matinale du Centre d’études et de recherche de l’industrie du béton?
Rolland Mélet, co-fondateur de SmartConnect : Le but est de faire se rencontrer les gens pour faire progresser le milieu de la construction. C’est un milieu très éclaté avec beaucoup d’acteurs et il faut faire énormément de pédagogie. On espère une centaine de professionnels de la construction.
De quoi sera-t-il question ?
Je vais parler de ce que le digital apporte aux produits de construction, de l’intelligence des produits dans les constructions de demain pour une meilleure gestion du patrimoine. Deux sujets seront évoqués : la façon dont nous devons construire en énergie positive avec des matériaux ayant moins de carbone car ça devient obligatoire. Et l’autre point important, c’est le BIM (building information modeling), la maquette numérique obligatoire. En clair, depuis que l’on construit, on fait des plans et on a des montagnes de documents. L’idée est de relier cette documentation aux plans. La maquette numérique, c’est un plan en D et le BIM, c’est ce plan en D dans lequel on trouve toutes les informations nécessaires sur l’ouvrage à construire. La question est de donner accès à ces informations-là, de relier la maquette aux informations.
Quels sont les enjeux de demain dans ce secteur ?
Comme je le disais, c’est la transformation écologique à travers le + et le -, il faut être capable de construire de manière raisonnable et raisonnée des produits intelligents. Ce sont surtout des grands collectifs qui arrivent à être aux normes, tous les projets immobiliers en région parisienne sont dans cette logique-là, le numérique est l’une de leurs grandes préoccupations car on estime qu’on gagnerait % d’efficacité en plus avec des méthodes de construction et de management modernes. Dans la construction, on passe son temps à faire et défaire, le problème, c’est la communication dans ce secteur car il y a beaucoup d’acteurs différents, c’est tellement compliqué l’acte de construire, il y a tellement d’écarts entre les différents métiers (électricien, maçon…) et aujourd’hui, avec les systèmes constructifs, il faut être à la hauteur des exigences, c’est de plus en plus complexe. Le digital permet ces flux d’informations afin que chacun sache ce qu’il a à faire.
Expert du digital, vous avez su mettre de l’IA dans le béton…
Il y a très peu de startups dans le domaine de la construction. En France, nous devons être une centaine seulement, c’est ridicule comparé au nombre des startups des différents écosystèmes. Le secteur de la construction est pourtant très porteur mais extrêmement codifié, il fonctionne par cycles de chantiers, il faut être au départ du cycle qui peut durer trois ans. Il faut toujours que les choses soient testées, prouvées, validées. C’est normal car l’acte de construire n’est pas quelque chose d’anodin, c’est l’acte d’une vie pour bon nombre d’entre nous, il y a des vies en jeu. Les innovations sont longues, il faut beaucoup de pédagogie.
Sommes-nous à un tournant ?
Au salon Intermat à Paris, nous avions senti que les choses bougeaient, que les grands groupes regardaient ce qui se faisait. A nous maintenant de faire en sorte que ces innovations descendent plus bas vers les plus petites structures car il y a énormément d’artisans et de petites entreprises dans la construction.