Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« La rive sud de la Méditerranée, un partenaire commercial qui compte pour l’Europe »
Participant à l’acte II de la « Méditerranée du futur », voulu par Renaud Muselier, Nasser Kamel est le secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Il répond à nos questions.
On a l’impression que la Méditerranée revient au centre des intérêts de l’Union européenne. Comment l’expliquez-vous ? Ce n’est pas qu’une impression. Ce regain d’intérêt est bien réel. Il coïncide avec un regain graduel – je dis bien graduel – de stabilité et de croissance économique. Cette croissance économique sur la rive sud de la Méditerranée atteint aujourd’hui les , / %. Par ailleurs, cette région représente % des échanges commerciaux de l’Union européenne. C’est consistant. Avec l’avènement de nouveaux grands acteurs internationaux (Chine, Inde…), l’Europe a également pris conscience qu’elle avait intérêt à renforcer ses relations avec son voisinage du sud et de l’est de la Méditerranée, notamment en contribuant à la création d’une zone de prospérité et de paix. C’est une chance pour elle si elle veut continuer à exister sur la scène internationale.
Dix ans après sa création en , l’Union pour la Méditerranée souffre d’un déficit de notoriété. On a du mal à savoir quel est son rôle ? Dans les faits, l’UPM est réellement née en , c’est-à-dire très peu de temps avant le début des printemps arabes et de toute l’instabilité qui en a résulté. Ça n’a pas aidé à nous rendre visibles. Mais je dirais que l’UPM est surtout peu connue sur la rive nord de la Méditerranée. Quand je me déplace au sud, à Tunis, Alger ou encore au Caire, l’UPM est connue et reconnue. Mes interlocuteurs savent que l’UPM, c’est l’Europe et le monde méditerranéen qui travaillent ensemble. Cette différence de notoriété entre le sud et le nord s’explique aussi par le fait que nos actions, que ce soit sur les questions d’environnement, d’éducation ou encore de la jeunesse, nous les menons essentiellement au sud. Nous ne faisons pas de communication au nord et ne comptons pas en faire.
Pour des milliers de personnes, la Méditerranée est devenue un immense cimetière. Quel peut-être votre rôle sur le drame des migrants ? On n’intervient pas dans le management de cette crise, de ce drame, mais sur ses causes. On a donc une approche plus globale en travaillant sur les questions de l’emploi, ou du changement climatique par exemple. Des sujets qui, outre les pays du Maghreb, concernent également l’Afrique subsaharienne. On a la conviction que, pour freiner, sinon stopper cette migration, il faut faire en sorte que la croissance économique des pays de la rive sud de la Méditerranée se développe davantage.