Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
LES AIDES AU BIO SE FONT ATTENDRE
La Fédération nationale d’agriculture biologique a saisi le Défenseur des droits pour que les aides bio soient soldées. Les retards mettent certains producteurs varois en difficulté
Certains exploitants sont en difficulté à cause du retard pris par l’État dans le versement des aides à la conversion à l’agriculture biologique. Le Défenseur des droits est saisi.
Fin octobre, la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) a saisi le Défenseur des droits pour qu’il mette fin à une situation qui n’a, souligne-t-elle, que trop duré. « Le gouvernement annonce, depuis un an, un retour à la normale sur le paiement des aides biologiques avant fin 2018, soit le versement effectif de l’ensemble des aides bio 2015, 2016, 2017 », rappelle la FNAB, qui, à quelques semaines de l’échéance, fait les comptes et s’alarme de nouveaux retards.
Les agriculteurs en ont besoin
Adhérente de la FNAB, l’association AgribioVar accompagne les agriculteurs dans leurs démarches administratives, et ce n’est pas peu dire tant il y a de paperasse. Sa directrice Sophie Dragon explique le dispositif: « L’aide à la conversion, qui est demandée au moment de la déclaration PAC (politique agricole commune mise en oeuvre à l’échelle de l’Europe, Ndlr), vise à encourager les conversions à l’agriculture biologique (AB). Elle existe pour compenser les charges supplémentaires, ce n’est pas du tout incitatif. Son principe est de soutenir l’agriculteur sur son manque à gagner pendant sa transition, période où il ne peut pas valoriser en bio, alors qu’il en assume les charges supplémentaires : engrais et semences plus chers, main-d’oeuvre plus importante, et frais de certification, qui sont de 400 à 600 € par an selon l’organisme ».
Préjudiciable pour les plus fragiles
Le montant de l’aide à la conversion, qui diffère selon les cultures, de quelques dizaines à quelques centaines d’euros par hectare (), peut être demandé pendant cinq ans normalement (programme 2015-2020). Devant tant de retards dans les versements, « de plus en plus d’agriculteurs dans le Var essayent de s’en passer, voire même ne comptent pas du tout dessus. C’est dommage, car au moment de la conversion ils en ont vraiment besoin», souligne Sophie Dragon. L’aide au maintien en AB prenait le relais au bout de cinq ans de celle à la conversion, mais avec des montants inférieurs. Elle a été abandonnée, sauf sur les zones de captage en eau potable : bassin-versant Carami-Issole, Hyères, Le Pradet, La Crau, Carqueiranne, Solliès-Pont. Là encore, les retards sont légion. Avec ses petites fermes, le Var ne pèse pas lourd, sauf en viticulture. La défaillance des aides est préjudiciable aux plus fragiles (lire ci-dessous). « Heureusement, il reste le crédit d’impôt, (3 500 € par an), mis en place grâce à la FNAB, avec moins de bordereaux administratifs et des paiements plus rapides», concède la directrice d’AgribioVar. Mais cela n’efface pas l’ardoise de l’État. 1. Landes et parcours pour l’élevage extensif 44 €/ha, prairie 130 €/ha, blé 300 €/ha, vigne 350 €/ha, maraîchage et arboriculture 900 €/ha.