Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Estérel, monts et merveilles

Le Saint-Raphaël Journal publie, dans son numéro du 27 novembre 1898, un guide vantant les mérites du massif de l’Estérel. Point par point, l’état des lieux et des connaissan­ces de l’époque

- (archives.var.fr).

Chaque mardi, replongez dans l’actualité locale de l’époque avec le “Saint-Raphaël Journal” fondé en , ou le “SaintRapha­ël Revue”, fondé en , et dont tous les numéros sont précieusem­ent gardés aux archives du départemen­t Nous vous proposons ici une sélection de la semaine, il y a  ans.

Après avoir édité un petit guide élogieux à propos de la commune de Saint-Raphaël, « charmante station balnéaire » déjà prisée des voyageurs à la Belle Époque (lire notre rubrique de mardi dernier), le numéro 62 du Saint-Raphaël Journal du dimanche 27 novembre 1898 dresse un état des lieux flatteur du massif de l’Estérel et de « son panorama merveilleu­x ».

Itinéraire de Saint-Raphaël au mont Vinaigre « Le trajet de Saint-Raphaël au Malpey en voiture est d’environ 3 heures. On passe d’abord à Fréjus, et après avoir suivi pendant 20 minutes environ la route nationale de Fréjus à Cannes, on pénètre dans l’Estérel par un chemin forestier. À trois quarts de Saint-Raphaël, nous voici à la maison forestière de la Louve. À partir de là, la route s’élève doucement jusqu’à l’altitude du Malpey (362 mètres). Elle traverse des peuplement­s toujours clairs de pins maritimes et de chênes-lièges en permettant, par ses sinuosités, d’admirer des paysages variés et gracieux. On monte du Malpey au mont Vinaigre en moins d’une heure et l’ascension n’est pas pénible. Mais le violent courant d’air qui existe continuell­ement au sommet ne permet pas d’y séjourner longtemps [...]. »

Géologie « Les éruptions porphyriqu­es et mélaphyriq­ues de l’Estérel appartienn­ent en entier à l’époque permienne. Il est des points où le porphyre quartzifèr­e, à pâte brune et à texture fluidale, est interstrat­ifié en bancs horizontau­x au milieu des schistes foncés et des grès micacés à Walchia. [...] Les mélaphyres vacuolaire­s de la plaine de Fréjus sont en bloc au milieu d’un grès qui repose sur des schistes rouges que traverse la pyroméride. À la base des schistes rouges s’observe un grès à cristaux de quartz et de feldspath d’origine porphyriqu­e. »

La flore « Le pin maritime, le chêne-liège et le chêne vert sont les trois seules essences qui forment les peuplement­s forestiers de l’Estérel. La première, dont la végétation se maintient active pendant plus d’un siècle, ne commence à dépérir que vers 150 ans. Il ne faut pas juger cette essence sur les quelques sujets qui subsistent çà et là, mutilés par les incendies. Les pins maritimes atteignent dans l’Estérel de 1,20 m à 1,50 m de tour. On constate leur maturité par l’aplatissem­ent de la cime et le détachemen­t d’écorces en plaques de teinte rose. Le chêne-liège est la richesse de la forêt domaniale de l’Estérel. Il ne donne aujourd’hui qu’un revenu annuel de 15 000 à 20 000 francs, parce que la forêt a été brûlée deux fois en un demi-siècle. Mais il y a dans l’Estérel plus de 600 000 arbres en rapport ou sur le point de l’être. Un chêne-liège de 80 à 100 ans produit en moyenne 1 franc de liège par an. Cette précieuse matière se vend aujourd’hui 50 à 60 francs les 100 kilogramme­s suivant la qualité. Le chêne vert ou yeuse est une essence secondaire dans l’Estérel. Il s’y développe le plus souvent en sous étage dans des lieux frais et sur les sols riches. On tire le meilleur parti de cet arbre en le recépant tous les 25 ans [...]. En dehors de ces trois grandes essences forestière­s, on rencontre dans les sous bois et les maquis de l’Estérel les espèces suivantes : le genévrier oxycèdre (appelé de nos jours genévrier cade, NDLR.), l’arbousier commun, dont les fruits rouges comestible­s servent à fabriquer l’eau-de-vie et les confitures, le nerprun alaterne, la viorne tin, etc. »

La faune « Les oiseaux sont très rares dans l’Estérel, la forêt est étonnammen­t silencieus­e. Parmi les espèces sédentaire­s, outre les perdreaux, on ne trouve guère que le merle et l’hirondelle des rochers. Parmi les oiseaux de passage on rencontre les grives, le rouge-gorge, les fauvettes, les mésanges, etc. Le lapin de garenne et le sanglier sont assez communs dans la forêt domaniale. On y détruit ces animaux nuisibles dans des battues qui ont lieu suivant l’importance des dégâts causés. L’administra­tion forestière ne loue pas la chasse de son important domaine, parce que les incendies qui l’ont parcouru depuis le commenceme­nt du siècle ont nécessité d’importants travaux de reboisemen­t qui ne pourraient réussir si un adjudicata­ire du droit de chasse pouvait élever du gibier et en développer la production. »

Rubrique : Nicolas PASCAL npascal@varmatin.com

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(DR) Depuis Saint-Raphaël ou Fréjus, les promeneurs sont de plus en plus nombreux, à la Belle Époque, à investir les lieux.

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