Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Marine Tech, le génie chercheur d’eaux douces Essor
Soutenue par la Région et l’Europe, Marine Tech, la Varoise installée à Signes exporte ses innovations marines dans le monde entier. Dernière en date : Helio qui promet de l’eau pour tous
Marine Tech, c’est l’un des fleurons du Var. Une équipe de Géo Trouvetou, inventeurs de solutions géniales qui viennent plus récemment de trouver LA solution pour changer n’importe quel liquide en eau potable seulement grâce au soleil. Une pierre philosophale qui ne transforme pas le métal en or mais qui répond aux besoins en eau potable de la planète.
Vingt ans d’expertise
On les connaît sous le nom de Marine Tech, société qu’ils ont créée en 2014 et installée à Signes depuis janvier 2018, mais eux se connaissent depuis vingt ans. Techniciens, ingénieurs, spécialistes de l’environnement, ils se sont connus en 1998 chez Geocean, une entreprise spécialisée jadis dans la pose de pipelines en mer et travaux maritimes, installée à Cassis, et pour laquelle ils travaillaient. Thierry Carlin, le cofondateur de Marine Tech, Jean-Luc Pierrisnard, Magali Mouries et Pierre Becker (leur ancien patron aujourd’hui en retraite) se sont toujours tournés vers la mer, passionnés eux-mêmes de plongée sous-marine et décidés à chercher des solutions innovantes et performantes autour des enjeux de l’environnement marin. Quand Geocean est racheté par Vinci en 2007, l’équipe continue de développer ses inventions. La première, Nymphea, est un système de récupération de fuites naturelles d’eau douce en mer qui fonctionne sans extraction mais par différence de densités. Et la seconde, le RSV, est un drone marin ou bateau pneumatique autonome équipé de capteurs qui permettent de localiser ces sources d’eau douce des fonds marins. Puis, en 2010, suite à la catastrophe arrivée à la plateforme pétrolière Deepwater dans le Golfe du Mexique, ils ont l’idée d’inventer un filet spécial, le Notil, pour la récupération des hydrocarbures en mer. Chacune de leur invention est unique et reconnue dans le monde entier, la Marine, la Défense et les pays qu’on appelle en stress hydrique, pour lesquels l’eau potable est une ressource rare.
Helio et son principe de distillation solaire
C’est ainsi qu’après avoir récupéré les brevets de leurs inventions, ces Varois ont créé, plus tard, en 2016, sous la marque Marine Tech cette fois, Helio. Une sphère qui permet de transformer de l’eau de mer, salée, même saumâtre ou de l’acide chlorhydrique (ils ont testé), en eau potable. Le principe de ce module est simple : le liquide est capté et chauffé à cent degrés par les panneaux solaires. Par évaporation, de la condensation se formant sur les parois de la sphère, les gouttelettes d’eau sont récupérées par ruissellement au fond de la sphère. Ce qu’on appelle le principe de la distillation solaire. Il ne reste plus qu’à ajouter des sels minéraux au passage, avant l’écoulement de l’eau par le robinet pour pouvoir la consommer. Économique et rapide à installer, une seule sphère peut à elle seule produire dix litres par jour et alimenter une famille de cinq personnes. Un petit bijou révolutionnaire que tout le monde est déjà prêt à s’arracher. « C’est un produit plein d’avenir. Nous avons déjà reçu énormément de demandes de pays étrangers, de la Colombie à Singapour en passant par le Moyen-Orient, et même de particuliers vivants dans des zones reculées où il n’y a pas d’accès à des eaux propres. Mais nous ne souhaitons pas nous précipiter. Nous voulons trouver le bon partenaire et ne pas développer tout de suite le marché du particulier, mais commencer par l’installation de fermes », tempère Thierry Carlin, le P-dg.
Bientôt sur une île d’Abou Dabi
Résultat : « Nous allons commencer par installer une première ferme de quelques unités sur une île d’Abou Dabi qui accueille les dirigeants de la région et qui connaît des problèmes d’approvisionnement en eau. Ces dirigeants pourront ainsi découvrir le système et l’imaginer chez eux. » Soutenu par la Région (200 000 euros) et l’Europe (400 000 euros), Marine Tech a
ajouté 400 000 euros de fonds propres pour développer Helio après trois ans de recherche. L’objectif étant aujourd’hui de lancer la phase d’industrialisation. Les nouveaux locaux à Signes vont permettre de produire cent à deux cents modules par an. Mais vu l’essor promis, « on fera appel à des sous-traitants locaux pour la fabrication de ces modules, explique Thierry Carlin. Helio étant en constante évolution, le but est aussi de « simplifier et réduire ses coûts ». L’idée est de le rendre accessible au plus grand nombre. « Nous utilisons des matériaux français cent pour cent recyclables qui ont une durée de vie de trente ans. Ça fonctionne tout seul, sans entretien. » Du coup, le slogan de cette invention coule de source puisqu’elle promet : « De l’eau pour tous ».