Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les cahiers de doléances font plus ou moins recette
L’appel de l’association des maires ruraux à ouvrir les portes des mairies hier a été moyennement suivi mais cet exercice de démocratie directe reste positif là où il a eu lieu
Ouvrir les portes des mairies pour inviter les citoyens à s’exprimer sur des cahiers de doléances. Cet appel lancé par l’Association des maires ruraux de France et relayé localement par le maire de Néoules, André Guiol, président de l’Association des maires ruraux du Var, a reçu un accueil mitigé hier. Certains ont joué le jeu, avec un succès plus ou moins important, d’autres ont préféré ne pas le faire, pour des raisons qu’ils expliquent d’ailleurs. Petit tour d’horizon…
Une réunion avec les élus
Anne Houy, maire de Régusse, et les conseillers municipaux ont sans doute été les plus réceptifs au message. Plus qu’un cahier de doléances, ils ont organisé une réunion à l’hôtel de ville de 10h30 à 12h30 pour recueillir les demandes des Gilets jaunes régussois. Le rendez-vous avait été annoncé par voie d’affichage et sur les réseaux sociaux. Vingt-cinq personnes ont participé à cet échange. Il y avait des Gilets jaunes et des personnes qui, sans manifester sur les rondspoints, sont solidaires du mouvement. « D’autres réunions suivront. Ils veulent monter un collectif citoyen et vont faire un courrier avec leurs revendications, que nous transmettrons au député et à l’association des maires ruraux», indique Anne Houy. Des citoyens « non politisés et qui ne veulent surtout pas être affiliés à un parti, ajoutet-elle. Ils seront demain matin (aujourd’hui, NDLR), sur le marché de Régusse ». À Pourrières également, l’exercice a été fructueux. de la mobilité d’abord. Les gens sont prêts à utiliser les transports en commun mais l’offre ne correspond pas à leurs besoins, ni pour les enfants, ni pour les étudiants, ni pour ceux qui travaillent. Ensuite, le prix des carburants, qui grève leur budget d’environ 150 euros par mois, en plus du temps de déplacement. Ils doutent aussi de la sincérité du gouvernement. Ils ont une énorme crainte, c’est qu’après les élections européennes, les taxes reviennent. Enfin, ils ont un réel problème pour boucler les fins de mois parce que les salaires ne suivent pas pour payer tout ce qu’il y a à payer. Du coup, ils ne se projettent pas ».
Des résultats parfois mitigés
À Mons, la maire Éliane Féraud a ouvert la mairie hier matin. Mais « personne n’est venu » a-t-elle constaté. Pas davantage à Tourtour, le matin, « ce qui ne m’a pas étonné, précise le maire Pierre Jugy, car dans les communes rurales, on est déjà à la disposition des administrés tout au long de l’année. C’est à l’État, au gouvernement que les gens demandent des comptes actuellement. Le lien entre la population et les maires n’est pas coupé. Hélas, on va à grand pas fondre les communes dans les intercommunalités.
Que le président écoute le peuple ”
Une habitante de Tourtour
C’est un désastre ». Néanmoins, deux doléances ont été inscrites l’après-midi sur le registre. L’un demande « le rétablissement de l’ISF », l’autre que le chef de l’État écoute les Français. Avec une trentaine d’habitants, Le Bourguet est l’une des plus petites communes du département. C’est aujourd’hui dimanche que le maire, Daniel Rouvier, réunit le conseil municipal à 17 heures pour évoquer les affaires courantes : « J’invite les personnes souhaitant transmettre des doléances à venir. Elles seront bienvenues ». Lui-même tient à donner son avis : « Les territoires ruraux sont les plus impactés par la hausse des taxes, c’est très difficile pour les petits salaires car ici on ne peut rien faire sans voiture, on est loin de tout. La loi Montagne nous abîme, bloque notre développement. On subit les services publics qui ferment les uns après les autres. On a l’impression d’être des Martiens. Un petit coup de gueule, ça fera peut-être du bien ». Enfin à Néoules, quatre personnes se sont déplacées pour noter une revendication. « Il y a des messages de qualité, des choses pertinentes. Parfois, c’est un vrai exutoire, c’est nécessaire, juge André Guiol. Le cahier va rester ouvert toute la semaine prochaine pour que les gens aient le temps de la réflexion, de peser les mots pour exprimer ce qu’ils souhaitent. C’est le mérite de cette démarche ».