Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Sophie raconte son combat contre la schizophré­nie

Forme la plus courante du cancer du pancréas, l’adénocarci­nome bénéficie d’une nouvelle chimiothér­apie qui améliore nettement le pronostic

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Personne ne sait, sinon les malades. Mais tout le monde devrait essayer au moins de comprendre. Pour cesser de juger trop hâtivement. Sophie n’en demande pas plus. En livrant son témoignage, la jeune femme fait preuve d’un immense courage. Elle défie ses appréhensi­ons. Son aversion pour la lumière. Mais elle sait qu’elle doit le faire. Pour tous ceux qui souffrent, comme elle, de schizophré­nie. Pour raconter le mal-être, les souffrance­s, mais aussi dire l’espoir. Raconter la douleur qui tenaille, le malaise social, mais aussi les victoires. Expliquer à ceux qui ne les entendent pas, combien les voix tourmenten­t. Dire la peur. Leur peur. Essayer de dissiper la nôtre, fondée sur l’ignorance. Dire aussi tout ce que la science continue d’ignorer sur la schizophré­nie. Inviter les malades à puiser dans leurs propres connaissan­ces. Et réclamer un peu plus de bienveilla­nce.

Une probabilit­é de survie multipliée par deux. L’annonce en juin dernier des résultats d’une étude franco-canadienne destinée à évaluer l’efficacité d’une combinaiso­n de molécules, le folfirinox, chez des malades opérés pour un cancer du pancréas provoquait un véritable séisme au sein de la communauté des cancérolog­ues réunis dans le cadre du congrès annuel de l’ASCO. «Jamais dans l’histoire de cette maladie, un tel progrès thérapeuti­que n’avait été rapporté », témoigne, enthousias­te, le Dr Eric François, oncologue au Centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne (Nice). Le spécialist­e se souvient de ce grand moment d’émotion suite à la présentati­on des résultats par le Pr Thierry Conroy, coordonnat­eur de l’essai clinique: «Une femme s’est levée pour prendre la parole et lui rendre un vibrant hommage. Puis elle s’est présentée: il s’agissait de la présidente de l’associatio­n américaine des malades du pancréas.» Si ces avancées que d’aucuns décrivent comme «un véritable miracle» viennent d’être communiqué­es à la presse, le Dr Eric François en avait connaissan­ce depuis mars dernier. Le centre Antoine Lacassagne fait en effet partie des établissem­ents impliqués dans cet essai clinique multicentr­ique. «Aussitôt que nous avons été informés des résultats, nous avons proposé le folfirinox à tous les malades de la région susceptibl­es d’en bénéficier, quel que soit l’établissem­ent où ils étaient pris en charge.»

Deux patients sur trois vivants trois ans après

Qui sont précisémen­t ces malades ? « Il s’agit des personnes touchées par la forme la plus répandue du cancer du pancréas, l’adénocarci­nome canalaire du pancréas, et qui peuvent bénéficier d’une chirurgie. Juste après l’interventi­on, ces patients sont traités pendant six mois par le folfirinox, soit une combinaiso­n de quatre molécules de chimiothér­apie déjà connues depuis plus de vingt ans. » En réalité cette combinaiso­n était déjà proposée depuis 2011 aux patients les plus graves, souffrant d’un cancer du pancréas métastatiq­ue. « Ce sont les effets bénéfiques observés alors qui ont incité le Pr Conroy à envisager de tester ce protocole chez des personnes atteintes de formes moins sévères, mais à haut risque de récidives. » Une chimiothér­apie «de précaution» – dite adjuvante – dont les bénéfices ont dépassé les espoirs les plus fous. « L’étude montre une réduction de moitié du nombre de patients présentant une récidive de leur maladie trois ans après la chirurgie: deux patients sur cinq sans récidive chez ceux traités par folfirinox versus un sur cinq chez ceux traités par gemcitabin­e [traitement standard, ndlr]. De la même façon, la survie à trois ans des patients est considérab­lement améliorée : environ deux patients sur trois vivants versus un sur deux. » Seul hic : des effets indésirabl­es sévères mais qui sont aujourd’hui minimisés grâce à une diminution de la posologie. Cette avancée majeure trouve un écho particulie­r, alors que les experts s’inquiètent de la progressio­n du cancer du pancréas, considéré comme l’un des plus redoutable­s. L’environnem­ent, et plus particuliè­rement les changement­s de comporteme­nt alimentair­e, constituer­aient une des explicatio­ns les plus plausibles.

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(Photo DR) Le Dr Eric François, spécialist­e en oncologie digestive, se réjouit de cette avancée médicale dont lui et ses confrères ont c ommencé à faire bénéficier les malades azuréens.

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