Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Sophie raconte son combat contre la schizophrénie
Forme la plus courante du cancer du pancréas, l’adénocarcinome bénéficie d’une nouvelle chimiothérapie qui améliore nettement le pronostic
Personne ne sait, sinon les malades. Mais tout le monde devrait essayer au moins de comprendre. Pour cesser de juger trop hâtivement. Sophie n’en demande pas plus. En livrant son témoignage, la jeune femme fait preuve d’un immense courage. Elle défie ses appréhensions. Son aversion pour la lumière. Mais elle sait qu’elle doit le faire. Pour tous ceux qui souffrent, comme elle, de schizophrénie. Pour raconter le mal-être, les souffrances, mais aussi dire l’espoir. Raconter la douleur qui tenaille, le malaise social, mais aussi les victoires. Expliquer à ceux qui ne les entendent pas, combien les voix tourmentent. Dire la peur. Leur peur. Essayer de dissiper la nôtre, fondée sur l’ignorance. Dire aussi tout ce que la science continue d’ignorer sur la schizophrénie. Inviter les malades à puiser dans leurs propres connaissances. Et réclamer un peu plus de bienveillance.
Une probabilité de survie multipliée par deux. L’annonce en juin dernier des résultats d’une étude franco-canadienne destinée à évaluer l’efficacité d’une combinaison de molécules, le folfirinox, chez des malades opérés pour un cancer du pancréas provoquait un véritable séisme au sein de la communauté des cancérologues réunis dans le cadre du congrès annuel de l’ASCO. «Jamais dans l’histoire de cette maladie, un tel progrès thérapeutique n’avait été rapporté », témoigne, enthousiaste, le Dr Eric François, oncologue au Centre de lutte contre le cancer Antoine Lacassagne (Nice). Le spécialiste se souvient de ce grand moment d’émotion suite à la présentation des résultats par le Pr Thierry Conroy, coordonnateur de l’essai clinique: «Une femme s’est levée pour prendre la parole et lui rendre un vibrant hommage. Puis elle s’est présentée: il s’agissait de la présidente de l’association américaine des malades du pancréas.» Si ces avancées que d’aucuns décrivent comme «un véritable miracle» viennent d’être communiquées à la presse, le Dr Eric François en avait connaissance depuis mars dernier. Le centre Antoine Lacassagne fait en effet partie des établissements impliqués dans cet essai clinique multicentrique. «Aussitôt que nous avons été informés des résultats, nous avons proposé le folfirinox à tous les malades de la région susceptibles d’en bénéficier, quel que soit l’établissement où ils étaient pris en charge.»
Deux patients sur trois vivants trois ans après
Qui sont précisément ces malades ? « Il s’agit des personnes touchées par la forme la plus répandue du cancer du pancréas, l’adénocarcinome canalaire du pancréas, et qui peuvent bénéficier d’une chirurgie. Juste après l’intervention, ces patients sont traités pendant six mois par le folfirinox, soit une combinaison de quatre molécules de chimiothérapie déjà connues depuis plus de vingt ans. » En réalité cette combinaison était déjà proposée depuis 2011 aux patients les plus graves, souffrant d’un cancer du pancréas métastatique. « Ce sont les effets bénéfiques observés alors qui ont incité le Pr Conroy à envisager de tester ce protocole chez des personnes atteintes de formes moins sévères, mais à haut risque de récidives. » Une chimiothérapie «de précaution» – dite adjuvante – dont les bénéfices ont dépassé les espoirs les plus fous. « L’étude montre une réduction de moitié du nombre de patients présentant une récidive de leur maladie trois ans après la chirurgie: deux patients sur cinq sans récidive chez ceux traités par folfirinox versus un sur cinq chez ceux traités par gemcitabine [traitement standard, ndlr]. De la même façon, la survie à trois ans des patients est considérablement améliorée : environ deux patients sur trois vivants versus un sur deux. » Seul hic : des effets indésirables sévères mais qui sont aujourd’hui minimisés grâce à une diminution de la posologie. Cette avancée majeure trouve un écho particulier, alors que les experts s’inquiètent de la progression du cancer du pancréas, considéré comme l’un des plus redoutables. L’environnement, et plus particulièrement les changements de comportement alimentaire, constitueraient une des explications les plus plausibles.