Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le détail des opérations
Après un demi-siècle d’attente, les familles des 52 marins de La Minerve vont enfin savoir où gît l’épave du submersible, au large de Toulon. Mardi, la ministre des Armées a annoncé la reprise des recherches
L’opiniâtreté des familles des victimes( 1) aura fini par payer. Cinquante et un an après la tragique disparition du sous-marin Minerve, le 27 janvier 1968, au large de Toulon, les recherches pour tenter de retrouver l’épave du submersible vont reprendre. Florence Parly, la ministre des Armées, l’a officiellement annoncé mardi en début de soirée dans un communiqué.
Entre prudence et optimisme
« On est évidemment très heureux de la reprise des recherches. Pour les familles des 52 membres d’équipage disparus, cette décision est un immense soulagement. Depuis 1968, on vivait avec un sentiment d’inachevé, voire d’abandon… On va enfin savoir avec précision où repose l’épave de la Minerve. Et, qui sait, on aura peut-être quelques explications sur les causes de l’accident », confie Hervé Fauve, le fils orphelin du dernier commandant de la Minerve. Si Florence Parly reste très prudente – « la ministre tient à souligner que, malgré les progrès technologiques, des recherches par plus de 2000 mètres de fonds restent complexes et sans certitude d’aboutir », peut-on lire dans le communiqué – Hervé Fauve, lui, n’a aucun doute sur la réussite des prochaines recherches. Mais pas d’empressement non plus. Averti en amont de l’annonce ministérielle par le chef d’état-major de la Marine – l’amiral Christophe Prazuck –, Hervé Fauve affiche une confiance absolue dans les équipements de haute technologie disponibles aujourd’hui. Mais il sait qu’il faudra probablement attendre la fin de l’année pour enfin pouvoir marquer la position de l’épave de la Minerve d’une croix sur une carte marine. C’est sans doute le message qui ressortira de la réunion d’information à laquelle sont conviées les familles des marins, lundi 11 février au matin, à Balard, le « pentagone » français. « Pour l’instant, six familles ont répondu présent à l’invitation de l’amiral Vaujour en charge du dossier au ministère des Armées. Pendant trois heures, on devrait nous expliquer en détail le déroulement des opérations de recherches », explique Hervé Fauve.
De longues recherches en perspective
D’après nos informations, ces recherches, placées localement sous la responsabilité de l’amiral en chef pour la Méditerranée (le viceamiral d’escadre du Ché), devraient se déroulaient en deux phases. Au mois de juillet prochain, un quadrillage serré de la zone où l’épave de la Minerve a, selon les enregistrements sismiques de son implosion il y a 51 ans, toutes les chances de se trouver, sera effectué grâce au sondeur multifaisceaux du Pourquoi Pas ? navire océanographique que se partagent l’Ifremer et la Marine nationale. Et plus précisément le service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM). « Au besoin, on pourra même utiliser un équipement plus précis à partir d’un robot sous-marin autonome », ajoute notre source. Après une analyse fine de la cartographie des fonds ainsi réalisée, une deuxième campagne débutera à l’automne. Pour le Nautile, sous-marin de poche de l’Ifremer connu pour avoir exploré l’épave du Titanic en 1987, il s’agira d’aller prendre des photos des échos les plus pertinents détectés précédemment. Selon nos informations, « outre la profondeur, la difficulté réside dans le fait que la Minerve n’est pas la seule épave présente dans la zone ». Le service historique de la Marine devrait d’ailleurs être associé à l’analyse de la cartographie des fonds marins. En fait, les recherches annoncées par Florence Parly reprendront officiellement dès ce mois de février. Mettant à profit les essais programmés du Pourquoi Pas ? et du Nautile, qui sortent de chantier, il a en effet été décidé que ces tests se dérouleraient finalement dans la zone supposée du naufrage de la Minerve. Mais, sauf miracle, le sous-marin disparu le 27 janvier 1968 a peu de chances d’être retrouvé à cette occasion.