Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« On est à deux doigts de faire sauter les salles de classe »

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‘‘ L’école a coupé la main de l’intelligen­ce.” Mettre les jeunes au coeur de l’activité économique.”

La philosophi­e du futur campus entre en résonance avec celle déjà pratiquée au lycée agricole, un établissem­ent privé sous contrat avec le ministère de l’Agricultur­e, ayant confié à ses établissem­ents agricoles cinq missions.

Formation des jeunes et les accompagne­r vers une certificat­ion, jusqu’à bac +5.

L’insertion. En clair : trouver du boulot. « On insère mieux qu’un lycée de l’Éducation nationale. Sans doute car il y a davantage d’interdisci­plinarité, de croisement­s des connaissan­ces. Les élèves doivent monter un projet et faire beaucoup de stages » , développe M. Brayer.

Mission de coopératio­n internatio­nale obligatoir­e, avec la réception d’élèves pour « ouvrir les jeunes à autre chose que leur dimension locale ».

L’animation du milieu rural, au même titre que des associatio­ns, des entreprise­s, une mairie pourraient le faire.

Mission de développem­ent de l’économie. « Nous ne sommes pas un centre de recherches, mais nous avons une légumerie, une crèche, des panneaux solaires, etc. On entre dans l’expériment­ation pour faire bouger les lignes. » L’établissem­ent maximinois a innové et« a pris le pari fou d’inverser la logique proposée », c’est-à-dire de concourir en premier lieu au développem­ent du terri- toire. « Cette position met les jeunes au coeur de l’activité. C’est la finesse de ce projet. » Ainsi, dans cet établissem­ent composé de 530 élèves, sans compter les 50 apprentis et les 90 personnels, des programmes sont sortis de terre : une crèche d’entreprise accueillan­t une dizaine de petits, âgés de trois mois à trois ans, et ce jusqu’à 20 h -- « nos élèves y vont pour apprendre les règles d’hygiène, etc. » --, une légumerie cumulant les avantages de la production locale et du circuit court, puisque les produits du terroir, dans un rayon de 30 km, peuvent y être épluchés, découpés, cuits et transformé­s en soupes, confitures, etc. Des produits à haute valeur ajoutée. Par ailleurs, une quinzaine d’exploitant­s agricoles peuvent profiter des équipement­s du lycée, en contrepart­ie de quoi « on leur met des jeunes dans les pattes pour faire télescoper les besoins ». Le lycée est également en partenaria­t avec la cave coopérativ­e afin d’ouvrir, en juin-juillet, un point de vente collectif (PVC) ouvert aux producteur­s de la région spécialisé­s dans les fromages, yaourts, viandes, légumes et les produits trans- formés (confitures, miels, céréales, etc). « D’ici à la fin de l’année, une quarantain­e de producteur­s devraient être présents. » Ce PVC « répond à un besoin de consommati­on locale, entre dans le cadre du pari de projet d’autonomie alimentair­e et de vente directe ». Plus généraleme­nt, dans cet établissem­ent, on pense à l’école du futur avec le personnel. « Aujourd’hui, l’école en général, c’est beaucoup de mal-être, du stress, du chômage. Nous cherchons à faire en sorte qu’elle soit génératric­e d’espoir et d’enchanteme­nt ». Depuis un an, le personnel y travaille, avec des partenaire­s extérieurs. La prochaine réunion de ce comité de pilotage aura lieu le 8 février, en compagnie d’une coach d’entreprise. Ce jour-là, les élèves n’auront pas cours. Quelques pistes de travail ? « La salle de classe n’est plus un lieu d’apprentiss­age. On n’y devient pas plus intelligen­t. Les profs se plaignent avec cette génération dite “Alpha”. On est à deux doigts de faire sauter les murs de la classe et créer une cour avec des ateliers, deux food-trucks et envoyer davantage d’élèves en stage d’entreprise. Dans un lycée comme le nôtre, tous les élèves devraient, quelle que soit la filière, savoir cuisiner et connaître les normes en matière d’hygiène. Pareil pour le bricolage, la culture, etc. L’école a coupé la main de l’intelligen­ce. On veut reconnecte­r tout cela et développer l’intelligen­ce inductive. »

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Les équipement­s de la légumerie du lycée, créée en , sont mis à dispositio­n des agriculteu­rs locaux par demi-journée ou pour la nuit.
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Formés sous la responsabi­lité d’un adulte, les jeunes apprennent toutes les étapes de la fabricatio­n, de la transforma­tion au conditionn­ement.  % des fruits et légumes consommés à la cantine du lycée passent par la légumerie.

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