Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pinot - Bardet : chronique d’un duel annoncé
Les trois Azuréens Mikael Cherel, Amaël Moinard et Rudy Molard ont repéré le final de la 1re étape. La semaine dernière, nous les avons suivis. Romain Bardet était aussi de la sortie
Demain, ils seront adversaires sur la route. Entre Vence et Mandelieu, deux équipes sont particulièrement attendues. D’un côté, les GroupamaFDJ, qui rouleront pour Thibaut Pinot. De l’autre, les AG2R, au service de Romain Bardet. La semaine dernière, ils ont pourtant effectué une reconnaissance commune du haut Var. Principalement, de cette fin de première étape. La raison ? L’amitié qui lie depuis de nombreuses années les coureurs installés sur la Côte d’Azur. Voilà une décennie maintenant qu’Amaël Moinard et Mikael Cherel se côtoient et roulent ensemble dans les Alpes-Maritimes. Ils ont été rejoints depuis sept ans par Rudy Molard.
« Quinze secondes peuvent suffire »
Alors, même s’ils seront concurrents pendant les trois prochaines journées, ils ont partagé cette sortie de cinq heures, pour 145 km et 2700 mètres de dénivelé positif, à laquelle Romain Bardet, le leader des AG2R, a participé. « C’est vrai qu’il y a peu de sports où l’on s’entraîne avec ses adversaires, estime Rudy Molard. D’autant que sur cette étape, avec Mikael, on connaît tous les deux les endroits stratégiques et on aura sensiblement le même rôle, à savoir épauler notre leader. Mais ce n’est pas dérangeant, car on ne s’est pas projeté sur la course. » Le petit peloton de cinq unités, avec Léo Vincent, le jeune coureur de GroupamaFDJ, installé quelques jours dans un appartement familial à Théoule-sur-Mer, s’était donné rendez-vous à 9 h 45 à Valbonne. Le but de la sortie : reconnaître les points clés des deux premières étapes, à savoir la montée du Tanneron, et le final vers Mons. Les professionnels ont surtout escaladé deux fois « la montagne jaune », depuis Auribeau-sur-Siagne. « On n’avait pas les mêmes exercices au menu. Rudy devait faire des intensités, nous, on est monté au tempo », reprend Cherel. Une fois la cime du Tanneron atteinte, les grimpeurs n’ont guère profité de ce cadre idyllique, d’un calme absolu, avec les mimosas fleuris d’un côté et une vue panoramique de l’autre avec les sommets du Mercantour enneigés en arrière-plan. Les cinq hommes ont plongé vers Mandelieu. Ou plutôt Bardet et Cherel ont fait la descente, en prenant quelques hectomètres à leurs coéquipiers du jour. « C’est une descente rapide, piégeuse, avec trois-quatre virages toujours à l’ombre qui sont glissants, détaille Cherel, qui connaît parfaitement la région, lui qui a vécu quelques années à Roquebrunesur-Argens et à Cannes. En janvier, il y a des amateurs qui sont tombés dedans. On voulait l’aborder en condition de course. Bien la connaître, c’est un avantage, car une fois en bas, il reste quatre-cinq kilomètres, et quinze secondes d’avance peuvent suffire. Et comme ça, Rudy n’a pas vu nos trajectoires », plaisantait celui qui avait accompagné Romain Bardet dans la descente des Saisies, sur le Tour 2016, où son leader s’était ensuite imposé à Saint-Gervais Mont-Blanc et avait été chercher la 2e place du général.
« Ça promet une belle bataille »
Le coup de la descente, Rudy Molard l’avait senti venir. « On les connaît. Mika et Romain Bardet aiment les descentes. Ils vont sûrement sprinter juste avant le sommet et descendre vite. Mais Thibaut (Pinot) est aussi allé la reconnaître. Et quand il se déplace, ce n’est pas pour rien. » Chez AG2R aussi, le leader a méticuleusement préparé ce final d’étape. « Romain est venu plusieurs fois cet hiver »,
glisse son lieutenant. Les sourires qui accompagnaient les montées de lundi dernier auront certainement disparu demain après-midi. Car Cherel et Molard ne seront plus amis mais adversaires pour la gagne vers Mandelieu. « Je n’oublie pas Vital Concept qui a de bonnes individualités (Gautier, Vichot), mais clairement il y aura un match Groupama-FDJ - AG2R, ne cache pas Cherel. Eux comme nous alignons de solides équipes. Ils reviennent d’un stage en altitude (à Tenerife en janvier), ils seront coriaces à manoeuvrer, mais ça promet une belle bataille. »
Rudy n’a pas vu nos trajectoires”
Mikael Cherel (AG2R)