Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Jour de carence : l’amère potion
« Cette invitation avait un caractère inédit. Le président de la République a marqué une vraie volonté de revenir vers nous. Il a dit clairement qu’il était très attaché à la notion de département. »
« Tout le monde y est allé de sa chanson »
Entouré d’Edouard Philippe et de plusieurs de ses ministres, Emmanuel Macron a beaucoup écouté. « Tout le monde y est allé de sa chanson », rapporte Charles-Ange Ginésy qui a ciblé sa propre intervention autour de la problématique des mineurs étrangers. « J’ai exprimé la préoccupation qui est la mienne de voir le nombre de ces mineurs augmenter de manière très forte et du coût que cela représente. D’autant que les Alpes-Maritimes ne sont plus uniquement un lieu de passage. Une fois majeurs, ces jeunes restent sur notre territoire. » Sur cette question soulevée « de manière unanime par les présidents de départements », Edouard Philippe, Nicole Belloubet et Aurélien Taquet «ont apporté des réponses, notamment en ce qui concerne une aide pour l’accueil et l’accompagnement des mineurs non accompagnés », précise Charles-Ange Ginésy. « Ils nous ont assuré que le gouvernement aiderait les départements et se mettrait à notre disposition. » Après cette opération séduction à l’Elysée, l’hypothèse d’une disparition des départements ne seraitelle déjà qu’un lointain souvenir ? « Je n’ai pas ressenti d’inquiétude à ce sujet », souligne Charles-Ange Ginésy qui explique que plusieurs de ses collègues se sont réjouis «de voir le spectre de la métropolisation s’éloigner. » Dans son discours de conclusion, Emmanuel Macron a expliqué « ne pas être hostile à un nouvel acte de décentralisation. » Charles-Ange Ginésy précise que le chef de l’État « est d’accord pour réexaminer certains aspects de la loi NOTRe et envisager certains transferts de compétences, sans pour autant répéter les erreurs du passé. » Un jour de carence, pour tous les salariés du privé, c’est la dernière idée en date des experts. Le rapport a été déposé, hier à Matignon, sous la signature du directeur des ressources humaines d’une grande entreprise française, d’un médecin généraliste et d’un conseiller à la Cour des comptes. Dans la droite ligne de la vignette des vieux en et du lundi férié de la Pentecôte transformé en Journée de solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et handicapées, le principe est toujours le même : plus vous cotisez, moins vous percevrez. Évidemment, pour faire passer la pilule, il faut culpabiliser les Français, ce peuple de malades imaginaires. Si vous n’êtes plus payés, miraculeusement, vous serez guéris ! Le sous-entendu est limpide. Comme les faux éclopés qui déguerpissent au feu rouge quand surgit la police. D’un autre côté, les fonctionnaires sont déjà soumis au même régime sec, depuis un an. Ils l’avaient même testé entre et . L’Insee avait tiré de cette première expérience un rapport plutôt déroutant : certes, les absences courtes (un jour ou deux) avaient diminué car les agents posaient une RTT les jours de petite forme, le temps de retrouver la santé sans perdre d’argent. Mais les arrêts longs (au moins une semaine) avaient grimpé en flèche : selon l’étude, ils n’avaient aucun intérêt financier « à hâter leur retour au travail avant d’avoir la certitude d’être guéris » .Pas sûr que les sénateurs lisent attentivement les écrits de l’Institut national de la statistique : en décembre, ils ont essayé de porter la période de carence dans la fonction publique à… trois jours avant que l’Assemblée nationale ne s’y oppose. Bien sûr, il y a des profiteurs du système. Et les contrôles de l’Assurance-maladie doivent être soutenus et encouragés. Bien sûr, la Sécurité sociale, longtemps très malade, est encore convalescente. Si elle est revenue à l’équilibre, en fin d’année dernière, c’est au prix de longs et patients efforts collectifs. Pour maintenir les comptes dans le vert, il est nécessaire de maîtriser les dépenses liées aux arrêts-maladie qui ont coûté , milliards en … même si ce sont les arrêts de longue durée qui plombent cette part de l’activité. Encore faut-il que l’objectif final soit vertueux. Et non de reprendre d’une main, ce que le président de la République a donné de l’autre, en décembre dernier pour calmer la colère des « gilets jaunes ».