Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Sur la trace de deux soldats tombés en libérant le village « Ce n’est pasqu’une plaque : ces hommes ont existé »
Ils s’appelaient Kenneth Fountain et Raymond Smith. L’un venait de l’État de New York, l’autre de l’Ohio. Tous deux sont morts le 18 août 1944, fauchés par une mitrailleuse ennemie, aux portes de La Roquebrussanne, qu’ils venaient libérer. Le maire, Michel Gros et le conseiller Marcel Gazo ont décidé d’en savoir davantage. Assistés de Pierre Pillet, qui réside une partie de l’année au village, ils se sont lancés dans une enquête internationale
La « grande histoire » n’a pas retenu leurs noms. Comme des milliers de jeunes Américains, Kenneth Fountain et Raymond Smith ont été mobilisés pour libérer l’Afrique du nord et l’Europe de l’occupant nazi. Une mission pour laquelle ils ont perdu la vie, après des mois de combat, loin de leurs terres et de leurs proches. Chaque année, à La Roquebrussanne, comme partout, la libération est célébrée. Décorations, discours, cérémonies et défilés marquent le coup. Le maire, Michel Gros, tient pourtant à aller au-delà : « On salue des noms sur une plaque… Ces garçons avaient une vie, une histoire, et nous n’en connaissons rien. J’avais dans l’idée de retrouver leurs familles, pour leur dire que nous n’oublions pas comment et pourquoi ils sont morts. » C’est une véritable enquête dans laquelle se lance Michel Gros, secondé par Marcel Gazo, un autre élu, par ailleurs membre de l’association de recherche historique « La Roque se raconte ». Ils sont bientôt rejoints par Pierre Pillet. Ce dernier, Français résidant en Grande-Bretagne et venant
passer ses vacances dans le village depuis vingt ans, se passionne pour l’enquête et met à profit ses talents linguistiques, entre autres, pour solliciter les interlocuteurs outre-Atlantique. En quelques jours, les premières questions trouvent réponse. Des membres de la famille de Kenneth Fountain sont retrouvés. Pour Raymond Smith, il faudra encore un peu de temps, mais quelques pistes semblent sérieuses (lire par ailleurs).
La « grande histoire » ne s’en trouvera pas changée. Pourtant, cette année, à La Roquebrussanne, quand on se réunira sous la plaque commémorative apposée sur la mairie, on fera un peu plus que saluer des noms. Désormais, on connaît les visages, l’âge, les villes d’origine et l’histoire de Kenneth et Raymond. « Ce n’est plus une simple plaque. Maintenant, on se rend compte que ces hommes ont “vraiment” existé. »