Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
LES DRÔLES DE SOIRÉES VIP DES STARS DU FOOT
Stéphanie, de Cagnes-sur-Mer (06), mettait en relation jeunes filles peu farouches et footballeurs, tout en empochant de juteuses commissions. Des magistrats estiment qu’il s’agit de proxénétisme
Le parquet de Grasse vient de décider de renvoyer une Azuréenne de ans devant le tribunal correctionnel pour proxénétisme. Elle mettait en relation des jeunes femmes peu farouches et des stars du foot pour des soirées privées, empochant au passage de généreuses commissions.
Stéphanie, Cagnoise de 40 ans, est une organisatrice avisée de soirées privées où starlettes et footballeurs en vue sont mis en relation. Sauf que la justice grassoise lui reproche d’être une proxénète qui tire des revenus occultes en facilitant la prostitution de ces jeunes femmes. Le parquet vient de décider de la renvoyer devant le tribunal correctionnel de Grasse. À notre connaissance, la date du procès n’a pas encore été fixée. Une juge d’instruction, épaulée par la section financière de la police judiciaire de Nice, a enquêté plusieurs mois sur les activités nocturnes de Stéphanie. La magistrate a été bien aidée par les réseaux sociaux.
Plusieurs milliers d’euros par soirée
De nombreuses photos témoignent de fêtes ou « pool party » organisées à Nice, Monaco, SaintTropez, Londres, Genève, Marrakech, Istanbul, Dubaï, etc. De célèbres footballeurs professionnels (Mario Balotelli, Mathieu Valbuena, Jason Denayer, Jérémy Menez, M’Baye Niang, Tiémoué Bakayoko, etc.) côtoient de jolies filles, dont certaines ont connu la gloire éphémère des émissions de téléréalité. Pour remercier Stéphanie de la venue de ces stars du ballon rond aux portefeuilles bien remplis, les bars ou discothèques lui versaient un pourcentage de leur chiffre d’affaires. L’entremetteuse gagnait ainsi plusieurs milliers d’euros par soirée. Problème : elle n’a jamais déclaré de revenus. C’est d’ailleurs le train de vie de la jeune femme qui a alerté les services d’enquêtes. Une information judiciaire a été rapidement ouverte pour « blanchiment » et « proxénétisme ». Si la définition en droit pénal français du proxénétisme est très large (1), l’organisatrice de soirées (défendue par Me Olivia Marangoni et Me Bernard Ginez) s’offusque d’être comparée à une vulgaire mère maquerelle. Les gérants d’agences matrimoniales ne touchent-ils pas eux aussi de l’argent pour mettre en relation des hommes et des femmes ? Les jeunes femmes majeures et consentantes, ont, selon Stéphanie, passé des vacances gratuites avec des footballeurs fortunés. Rien, a priori, de répréhensible. Sauf que la justice soupçonne que ces voyages (tous frais payés) parfois en jet privé, auxquels participait systématiquement Stéphanie, masquaient en réalité un véritable réseau de prostitution. Des photos des jeunes filles étaient envoyées au préalable par Stéphanie aux footballeurs qui, après avoir choisi sur catalogue, prenaient en charge l’ensemble des frais. En examinant son compte Facebook, on constate que la quadragénaire passait régulièrement des annonces à la recherche « d’hôtesses », un terme pour le moins ambigu. Manifestement, il y a, dans son carnet d’adresses, des escort-girls qui, une fois rémunérées, reversaient une partie de leurs gains à Stéphanie.
Dix ans de prison encourus
Était-ce la rétribution de faveurs sexuelles ? Avait-elle une emprise sur ces jeunes femmes ? Le secret de l’instruction a été bien gardé et il faudra patienter jusqu’au procès pour en savoir davantage sur les charges qui pèsent sur l’Azuréenne. Il est en tout cas inhabituel, dans cette affaire de proxénétisme (délit puni de dix ans d’emprisonnement), que la suspecte n’ait jamais été placée en détention provisoire. Est-ce à dire que le dossier pénal est fragile ? Les footballeurs, qui ont été convoqués à la caserne Auvare de Nice par la police, ont été entendus comme simples témoins, alors que le fait d’être client de prostituées constitue également un délit.
(1) Selon le Code pénal, est assimilé au proxénétisme et puni des peines prévues par l’article 225-5 le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit, de faire office d’intermédiaire entre deux personnes dont l’une se livre à la prostitution et l’autre exploite ou rémunère la prostitution d’autrui.