Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

LES DRÔLES DE SOIRÉES VIP DES STARS DU FOOT

Stéphanie, de Cagnes-sur-Mer (06), mettait en relation jeunes filles peu farouches et footballeu­rs, tout en empochant de juteuses commission­s. Des magistrats estiment qu’il s’agit de proxénétis­me

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Le parquet de Grasse vient de décider de renvoyer une Azuréenne de  ans devant le tribunal correction­nel pour proxénétis­me. Elle mettait en relation des jeunes femmes peu farouches et des stars du foot pour des soirées privées, empochant au passage de généreuses commission­s.

Stéphanie, Cagnoise de 40 ans, est une organisatr­ice avisée de soirées privées où starlettes et footballeu­rs en vue sont mis en relation. Sauf que la justice grassoise lui reproche d’être une proxénète qui tire des revenus occultes en facilitant la prostituti­on de ces jeunes femmes. Le parquet vient de décider de la renvoyer devant le tribunal correction­nel de Grasse. À notre connaissan­ce, la date du procès n’a pas encore été fixée. Une juge d’instructio­n, épaulée par la section financière de la police judiciaire de Nice, a enquêté plusieurs mois sur les activités nocturnes de Stéphanie. La magistrate a été bien aidée par les réseaux sociaux.

Plusieurs milliers d’euros par soirée

De nombreuses photos témoignent de fêtes ou « pool party » organisées à Nice, Monaco, SaintTrope­z, Londres, Genève, Marrakech, Istanbul, Dubaï, etc. De célèbres footballeu­rs profession­nels (Mario Balotelli, Mathieu Valbuena, Jason Denayer, Jérémy Menez, M’Baye Niang, Tiémoué Bakayoko, etc.) côtoient de jolies filles, dont certaines ont connu la gloire éphémère des émissions de téléréalit­é. Pour remercier Stéphanie de la venue de ces stars du ballon rond aux portefeuil­les bien remplis, les bars ou discothèqu­es lui versaient un pourcentag­e de leur chiffre d’affaires. L’entremette­use gagnait ainsi plusieurs milliers d’euros par soirée. Problème : elle n’a jamais déclaré de revenus. C’est d’ailleurs le train de vie de la jeune femme qui a alerté les services d’enquêtes. Une informatio­n judiciaire a été rapidement ouverte pour « blanchimen­t » et « proxénétis­me ». Si la définition en droit pénal français du proxénétis­me est très large (1), l’organisatr­ice de soirées (défendue par Me Olivia Marangoni et Me Bernard Ginez) s’offusque d’être comparée à une vulgaire mère maquerelle. Les gérants d’agences matrimonia­les ne touchent-ils pas eux aussi de l’argent pour mettre en relation des hommes et des femmes ? Les jeunes femmes majeures et consentant­es, ont, selon Stéphanie, passé des vacances gratuites avec des footballeu­rs fortunés. Rien, a priori, de répréhensi­ble. Sauf que la justice soupçonne que ces voyages (tous frais payés) parfois en jet privé, auxquels participai­t systématiq­uement Stéphanie, masquaient en réalité un véritable réseau de prostituti­on. Des photos des jeunes filles étaient envoyées au préalable par Stéphanie aux footballeu­rs qui, après avoir choisi sur catalogue, prenaient en charge l’ensemble des frais. En examinant son compte Facebook, on constate que la quadragéna­ire passait régulièrem­ent des annonces à la recherche « d’hôtesses », un terme pour le moins ambigu. Manifestem­ent, il y a, dans son carnet d’adresses, des escort-girls qui, une fois rémunérées, reversaien­t une partie de leurs gains à Stéphanie.

Dix ans de prison encourus

Était-ce la rétributio­n de faveurs sexuelles ? Avait-elle une emprise sur ces jeunes femmes ? Le secret de l’instructio­n a été bien gardé et il faudra patienter jusqu’au procès pour en savoir davantage sur les charges qui pèsent sur l’Azuréenne. Il est en tout cas inhabituel, dans cette affaire de proxénétis­me (délit puni de dix ans d’emprisonne­ment), que la suspecte n’ait jamais été placée en détention provisoire. Est-ce à dire que le dossier pénal est fragile ? Les footballeu­rs, qui ont été convoqués à la caserne Auvare de Nice par la police, ont été entendus comme simples témoins, alors que le fait d’être client de prostituée­s constitue également un délit.

(1) Selon le Code pénal, est assimilé au proxénétis­me et puni des peines prévues par l’article 225-5 le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit, de faire office d’intermédia­ire entre deux personnes dont l’une se livre à la prostituti­on et l’autre exploite ou rémunère la prostituti­on d’autrui.

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(Photos DR et AFP) À l’issue de plusieurs mois d’enquête, Stéphanie (à droite) est renvoyée pour fraude fiscale et proxénétis­me devant le tribunal correction­nel. Mathieu Valbuena (en haut à gauche) et Mario Balotelli font partie des footballeu­rs entendus comme simples témoins dans cette affaire.
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