Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Carnet rose chez les aigles de Bonelli

Un couple de rapaces a donné naissance à une petite Glawdys qui vient d’apprendre à voler mais va bientôt quitter le nid pour trouver son territoire

- CLAUDE SERRA

Monsieur et Madame Bonelli du Revest ont l’honneur de vous annoncer la naissance de leur petite Glwadys. Certes, la naissance n’est pas d’hier puisqu’elle a cassé sa coquille d’oeuf le 29 mars 2019 dernier sur une des falaises du mont Caume, jour de la Sainte Glwadys. Une nouvelle qui a été remarquée par les grandducs, éperviers, faucons crécerelle, fauvettes, mésanges, passereaux, sangliers, renards, choucas, pic-vert, merles, écureuil, loirs, lapins, chauve-souris et autres animaux qui peuplent cet espace naturel biotope depuis 1993. Aujourd’hui la petite Glawdis a six mois, elle est encore de couleur rousse. Et dans la première quinzaine de septembre, elle sera chassée du Revest par les parents pour voler de ses propres ailes. Car Glwadys a pris son envol en juin et ses parents lui ont appris à chasser depuis. « C’est l’aigle le plus rare de France. Depuis quarantesi­x ans, il y a eu vingt-trois

nichées qui ont vu naître dix-huit aiglons. Mais ils ont une espérance de vie limitée puisqu’un seul aiglon sur quatre atteint les deux ou trois ans. L’aigle peut vivre de vingt à trente ans » explique Michel Rothier, le délégué du Conservato­ire d’Espaces Naturels de Provence. Depuis vingt ans, ce passionné a succédé à Philippe Orsini, ancien directeur du muséum d’histoires naturelles de Toulon et du Var.

Le seul couple reproducte­ur du Var

« Au Revest, nous pouvons observer le seul couple reproducte­ur du Var. En 2012, nous comptabili­sions trente couples en région Sud et Languedoc et en 2019 il y en a trente-quatre grâce au Plan national d’action mené. En Espagne, il y a sept cents couples. En 1960, nous en comptions une soixantain­e en région Sud, ici » poursuit ce passionné l’oeil vissé à ses jumelles d’observatio­n. Le papa est âgé de douze ans, la maman a quatre ans. « Cette nouvelle femelle est arrivée en 2017 et elle est baguée. Nous baguons tous les aiglons par une balise internatio­nale avec un numéro unique au monde et une autre plus grosse avec une couleur pour l’identifier en vol. La maman a une balise verte et elle est née sur le massif de la Sainte-Victoire. Nous prélevons son ADN pour faire des mesures. Depuis 1992 que j’observe, j’ai connu quatre mâles et trois femelles. Les parents avaient « rechargé » (apporter des branchages) deux nids sur les sept que comptent ces falaises orientées nord. À terme, ils en choisissen­t un. Un nid fait un mètre cinquante de diamètre jusqu’à un mètre de haut. Il est toujours dans une falaise, dans une grotte ou une vire (petit plat). Quand il fait chaud, l’aigle fait le parasol avec ses ailes pour protéger le petit » poursuit le spécialist­e. « L’aigle de Bonelli se nourrit de lapins de Garenne, de perdrix. Il chasse dans un rayon de dix kilomètres. Mais depuis la diminution des espaces de garrigues, nous l’avons repéré grâce à certains qui disposent de balises GPS jusqu’à Collobrièr­es à chasser le goéland comme les choucas, à trente kilomètres de ses terres » se surprend le spécialist­e. Fait incroyable, Michel Rothier interpelle : « regardez, ils sont là tous les trois. C’est assez rare, vous en avez de la chance ! » sourit l’observateu­r en courant à sa voiture se saisir d’un calepin où il note toutes ses observatio­ns. « J’ai déjà observé l’aigle de Bonelli avec un loir et un écureuil dans ses serres ». Encore quelques petites semaines à observer la jeune Glwadys la « rousse » à faire des majestueux ballets dans les airs Revestois avant que le rapace quitte le nid revestois.

 ?? (Photo D.R.) ?? Glawdys a vécu ses premiers mois ici mais va devoir quitter son nid pour vivre sa vie. Poussée par ses parents.
(Photo D.R.) Glawdys a vécu ses premiers mois ici mais va devoir quitter son nid pour vivre sa vie. Poussée par ses parents.
 ?? (Photos Claude Serra) ?? Michel Rothier vient plusieurs fois par semaine observer les falaises du mont Caum et y repère le nid (à droite de la grotte, sur la photo centrale). A six mois, Glwadys nous offre un ballet surprenant en maniant une branche dans ses serres.
(Photos Claude Serra) Michel Rothier vient plusieurs fois par semaine observer les falaises du mont Caum et y repère le nid (à droite de la grotte, sur la photo centrale). A six mois, Glwadys nous offre un ballet surprenant en maniant une branche dans ses serres.
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