Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« À Juan l’été, il y a un mélange quasi explosif »

- M.-C.A.

« Il suffit d’un regard, jugé mauvais. D’une bousculade, et hop tout peut basculer. D’habitude, on en vient un peu aux mains, on se crie dessus... À Juan, l’été, surtout le soir, c’est électrique. On a même un climat quasi explosif. » Sylvain, qui vit à Juan-lesPins (Alpes-Maritimes) « toute l’année », n’est pas étonné par la rixe qui a éclaté samedi au petit matin et a réuni près de 150 individus (lire notre édition de dimanche). Face à la foule, très violente, les policiers ont dû utiliser du gaz lacrymogèn­e. Deux d’entre eux ont été blessés et deux hommes ont été interpellé­s. Âgés d’une vingtaine d’années, ils sont présentés aujourd’hui au parquet de Grasse. « Ce qui change, là, c’est le nombre des participan­ts. Jamais vu, ça. Mais ça devait arriver...»

« Les policiers ne sont pas assez nombreux »

A quoi est dû ce « climat quasi explosif » ? Difficile de répondre avec assurance mais la surpopulat­ion, l’espace de quelques semaines, dans le coeur de Juan-les-Pins, n’arrange rien. Boutiques, plages privées et publiques, restaurant­s, bars, boîtes de nuit... tout est concentré dans un mouchoir de poche. Habitants du cru, vacanciers, visiteurs d’un jour, etc un monde « bigarré » doit cohabiter. Les renforts policiers ? « Ils font ce qu’ils peuvent. Mais, ils ne sont pas assez nombreux à ce moment-là », déplore Sylvain. À la surpopulat­ion, s’ajoute un phénomène qui semble spécifique à Juan-les-Pins, hélas. « Tout le monde le voit, régulièrem­ent, des jeunes d’autres villes, même du Var, se retrouvent ici, le soir, en groupes. Ils arrivent par le train, vers 17 h, vont à la plage, font du bruit, commencent à boire, puis ils continuent la soirée dans la pinède. Certains sont refusés par les boîtes de nuit, certaineme­nt parce qu’ils ont trop bu. Ce qui serait intéressan­t, c’est de savoir où ils se procurent cet alcool. Ils repartent le lendemain, avec le train de 6 h », constate Alain Palamiti, plagiste à Juan-les-Pins depuis des décennies avec sa famille. Jacquemine, qui a festoyé dans la station dans les années 60 « avec Johnny ! », ne retrouve plus « son » Juan. « On faisait la farandole à l’intérieur du Vieux Colombier puis dans la rue, au carrefour de la Joie. Aujourd’hui, on perdrait du monde en route. Certains ne reviendrai­ent pas payer l’addition », pouffe la pétulante octogénair­e. Elle se dit horrifiée par cette bagarre. « Mais, cela commence dans la rue, avec des incivilité­s. Sur la plage publique, c’est pareil ! » Celle qui a été sacrée miss à Juan-lesPins, il y a quelques années de cela, a un espoir : « Le retour de beaux établissem­ents qui amènent une belle clientèle chic, comme le Provençal et l’Hôtel du Parc. On espère qu’ils vont enfin ouvrir ! ». Élizabeth Lizzani, présidente des commerçant­s, a une pensée pour les policiers blessés. « Avant de se prononcer sur les raisons et qui est responsabl­e de cette situation ou pas, attendons d’en savoir plus par l’enquête. Il sera temps alors d’agir. » On attend beaucoup de la prochaine réunion propreté-sécurité organisée en mairie.

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(Photo Clément Tiberghien) Durant quelques jours, l’été, le coeur de Juan-les-Pins où se concentren­t toutes les animations.

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