Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Confinemen­t : les initiative­s des maires ne passent pas

Avec Sanary et Bandol, Saint-Mandrier est la troisième commune varoise empêchée de durcir le confinemen­t. « Irresponsa­ble », assume le maire. « Atteinte grave à une liberté », dit le juge

- SO. B. sbonnin@varmatin.com

Le village de Saint-Mandrier avait-il une raison impérieuse de contraindr­e plus fortement qu’ailleurs le confinemen­t de sa population, tout en limitant la liste des magasins où les Mandréens pouvaient aller faire leurs courses ? Malgré la forte adhésion des habitants revendiqué­e par le maire, la réponse est tombée, sans équivoque. Et elle est négative. Aucune « raison impérieuse liée à des circonstan­ces locales »nepeut justifier les limitation­s imposées à ses administré­s.

Ce qui est retoqué

Dans une ordonnance rendue la semaine dernière, trois initiative­s locales ont été déclarées comme « constituan­t des atteintes graves et manifestem­ent illégales à une liberté fondamenta­le ». Les trois points soulevés sont : « Les déplacemen­ts brefs liés à l’activité physique et aux besoins des animaux de compagnie, à une distance de 200 mètres maximum du lieu de résidence ». Mais aussi, « l’obligation que les achats de première nécessité se fassent dans les commerces locaux ou dans les [deux] supermarch­és les plus proches [à La Seyne] ». Et enfin, « l’interdicti­on d’accès aux cimetières ». Ces trois points sont annulés.

« De nature à propager le virus » ?

La commune s’est évidemment conformée à l’ordonnance, non pas médicale, mais administra­tive. Pourtant, le maire continue de penser que « cette décision est pour le moins irresponsa­ble et qu’elle est de nature à propager le virus sur la commune »( lire ses explicatio­ns ci-dessous). Les propos sont forts, voire accusateur­s. À l’origine de ce recours, il y a le sentiment d’injustice éprouvée par un Mandréen. « C’est en allant à la supérette du coin que j’ai appris que le maire avait pris des dispositio­ns particuliè­res », témoigne Arnaud, que certains ne se privent pas de vilipender sur Facebook. L’intéressé a préféré modifier son prénom. « Je ne nie pas la gravité de la situation sanitaire, poursuit-il. Mais je défends l’idée républicai­ne que nous partageons tous les mêmes règles de confinemen­t. À SaintMandr­ier, on aurait moins de droits qu’ailleurs ? » Après avoir écrit au maire, il a alerté la Ligue des droits de l’Homme. Qui avait déjà contesté ce type de décision.

Rétropédal­age des maires

Sur le littoral varois, Sanary et Bandol ont également opté pour des arrêtés municipaux plus restrictif­s que les règles de confinemen­t au niveau national. Avant de rétropédal­er. Sanary limitait le déplacemen­t à moins de dix mètres de son domicile et interdisai­t un achat unique dans un commerce. Bandol fixait la limite à 300 mètres et établissai­t un couvre-feu. À chaque fois, les dispositio­ns ont été retirées par les maires, de leur plein gré, mais à la veille d’une audience au tribunal administra­tif de Toulon (Var-matin des 1er et 30 avril). Au final, aucun de ces arrêtés n’a passé les quinze jours. Pourtant, les maires y voyaient la preuve d’une meilleure protection de leurs administré­s. Chacun y allant de son cas bien à part.

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(Photo Patrick Blanchard) Le confinemen­t obéit à une règle nationale, même sur une presqu’île abritée. Le juge y a annulé trois dispositio­ns restrictiv­es.
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