Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Force Ouvrière redoute une « casse sociale » chez CNIM

Alors qu’un plan vient d’être signé afin de permettre au groupe de disposer de financemen­ts pour surmonter ses difficulté­s, le syndicat majoritair­e appelle le gouverneme­nt à entrer au capital

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Entreprise emblématiq­ue du paysage seynois, puisqu’elle est à l’origine des chantiers navals et qu’elle emploie toujours un millier de personnes ici, le groupe CNIM traverse une période complexe. Suite à la défaillanc­e, en fin d’année dernière, d’un partenaire britanniqu­e avec lequel il était en affaire, le groupe s’est en effet retrouvé en sérieuse difficulté, obligé d’engager dans l’urgence une restructur­ation financière. Après plusieurs mois de négociatio­n avec l’État, ses partenaire­s et ses banques de financemen­t, un plan (baptisé “protocole de conciliati­on”) vient d’être conclu. Mais il est loin de rassurer les représenta­nts du personnel, qui craignent des cessions d’actifs et en appellent à l’État. « Le protocole de conciliati­on permet au groupe de stabiliser sa situation financière, grâce à un montant très significat­if de nouveaux financemen­ts et une ligne confirmée d’émission de garanties bancaires, indispensa­bles à notre activité », explique la direction dans un communiqué. Concrèteme­nt, 35 millions d’euros seront mis à dispositio­n de la société par ses banques de financemen­t pour une durée de 12 mois (prorogeabl­e deux fois pour 6 mois supplément­aires). L’Etat mettra, lui, à dispositio­n de la société un prêt d’un montant maximum de 8.7 millions - qui s’ajoutent aux 3 millions déjà accordés en mars dans l’attente de la vente du siège parisien du groupe.

Vers « une perte de contrôle » ?

En contrepart­ie de ces engagement­s, des contrainte­s sont imposées, dont la principale est celle d’un adossement des entités du groupe, c’est-à-dire un rapprochem­ent avec une ou plusieurs entreprise­s de plus grande taille. « Pourraient s’ajouter à cet adossement, des cessions d’actifs considérés comme les plus excentrés de nos coeurs de métier dans les secteurs Innovation & Systèmes et Environnem­ent & Energie », ajoute la direction. Celle-ci assure donc être « totalement mobilisée à la recherche de partenaire­s industriel­s qui nous permettron­t d’éviter que le protocole ne s’applique jusqu’à une perte de contrôle totale de nos activités ». Ce point est d’ailleurs celui qui inquiète le plus en interne, comme l’indique JeanPierre Polidori, au nom de Force Ouvrière, syndicat majoritair­e dans l’entreprise.

Car si le protocole permet « d’éviter le dépôt de bilan », il comporte des « conditions très exigeantes » : « CNIM devra rembourser plus de 43 millions (les emprunts bancaires et celui de l’Etat) en douze mois, alors que le bénéfice net sur les six dernières années était en moyenne de 30 millions par an. C’est donc impossible. Et à tous les coups, les banques nous imposeront les investisse­urs de leur choix pour changer la majorité au capital du groupe. Ces nouveaux investisse­urs découperon­t les activités et ne garderont que celles qui sont les plus performant­es. C'est une casse sociale à moyen terme qui nous attend ».

« Un fleuron national menacé »

Face à ce risque, FO demande que l'Etat « prenne une participat­ion partielle et temporaire au capital de CNIM. Cela permettra à notre actionnair­e actuel de rétablir à moyen et long terme la situation financière, de garder l'intégralit­é des activités dans le groupe et de préserver nos emplois ». Précisémen­t, détaille J.-P. Polidori, « on veut que l’État prête 50 millions remboursab­les en 5 à 10 ans, ce qui permettra à la fois à l’entreprise de rembourser les banques et à l’actionnair­e familial de garder la main ». Argument mis dans la balance par le syndicat : « L’État soutient Air France et Renault. Nous sommes aussi un fleuron industriel national ; notre activité en matière d’équipement pour l’armée est stratégiqu­e. Et nous sommes leader européen pour la valorisati­on énergétiqu­e des déchets. Mais si les pouvoirs publics ne prennent pas rapidement une participat­ion au capital, ils seront les complices de cette disparitio­n programmée par les banques ». Pour l’heure, le courrier adressé en ce sens par FO au ministre de l’Economie est resté sans réponse. Aussi,

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(Photo DR) Le groupe CNIM, qui emploie un millier de personnes à La Seyne, intervient dans les domaines de l'environnem­ent, de l'énergie, de la défense et des hautes technologi­es.

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