Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Attentat de Nice : en correction­nelle ou bien aux assises ?

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Une tuerie, un massacre, 86 morts, 206 blessés, plus d’un millier de personnes choquées, traumatisé­es. Une tragédie en quelques minutes, le 14 juillet 2016, sur la Promenade des Anglais. Mohamed LahouaiejB­ouhlel abattu sur les lieux, il reste dans le dossier huit personnes en examen, une neuvième s’étant donnée la mort. Quatre d’entre elles ont été placées en détention provisoire, les autres sous contrôle judiciaire. On apprenait jeudi que l’instructio­n était désormais clôturée. Les avocats des familles ont reçu l’avis de fin d’informatio­n. Formalité obligatoir­e par laquelle Emmanuelle Robinson, juge d’instructio­n, laisse une dernière occasion aux parties de faire valoir leurs observatio­ns et leurs demandes avant de rendre son ordonnance. Me Gérard Chemla, au nom d’une dizaine de victimes, via une soixantain­e de leurs proches, détaille le déroulemen­t de la procédure. Dans un délai d’un mois, le procureur de la République adressera ses réquisitio­ns. En théorie, tout est possible. Un non-lieu s’il estime que les charges sont insuffisan­tes. Un renvoi devant le tribunal correction­nel si elles relèvent d’un délit. Ou encore une ordonnance mise en accusation devant une cour d’assises si la complicité terroriste lui paraît caractéris­ée.

L’inquiétude des familles

Assises ou correction­nelle ? « C’est tout le débat, souligne Me Chemla. J’explique depuis le début que l’on nous a fait penser que ce serait un procès criminel, ce pour quoi il faut des complices et non pas seulement des gens qui auraient vendu des armes, voire participé à une associatio­n de malfaiteur­s. L’inquiétude n’a jamais été levée sur ce point. » Le pénaliste champenois rappelle que « de grandes proximités » ont été relevées entre l’auteur et certains protagonis­tes de l’affaire, mais que l’on ignore « si ses proches étaient au courant ou non de son projet d’attentat. » Eux-mêmes le nient, renvoyant un message selon lequel «Lahouaiej-Bouhlel aurait été plus ou moins malade mental. » D’où cette incertitud­e : « Les juges pensent-ils avoir assez de charges pour les considérer comme des complices à part entière ? » À ce stade, Me Chemla note que le juge d’instructio­n estime ne pas pouvoir entendre Adrien Guihal, auteur de la revendicat­ion pour le compte de l’État islamique. Interpellé en Syrie, en mai 2018, il serait actuelleme­nt détenu par les forces kurdes qui auraient toutefois autorisé son transfert vers la France. Il ajoute qu’à partir des observatio­ns, demandes, requêtes des parties, le procureur de la République disposera d’un délai supplément­aire de dix jours pour prendre d’éventuelle­s réquisitio­ns complément­aires. Mais la procédure peut être retardée, si l’on peut dire, par les demandes d’actes ou requêtes en nullité que pourraient former les avocats des mis en examen. « Cela peut durer quelques mois », conclut l’avocat.

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(Photo d’archive C.D.) Hommage aux victimes, en .

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