Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

DRAGUIGNAN Le musée des arts populaires rouvre

L’espace culturel consacré aux arts et traditions populaires est à nouveau ouvert. L’intérieur a été réaménagé et des mesures de protection de rigueur ont été mises en place. Visite des lieux

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Le musée des Arts et traditions populaires (ATP) de Draguignan vient tout juste de rouvrir ses portes. Ce matin-là, dans l’espace muséal, l’ambiance dénotait clairement avec la foule qui déambulait sur les étals du marché attenant. À l’intérieur, personne ou presque pour venir contempler toute la beauté et la force de ces objets anciens, étendard des traditions, qui ont traversé le temps. À croire que certains éprouvent des craintes à réintégrer le lieu. Pourtant, le musée a mis en place une batterie de mesures sanitaires (lire ci-dessous) pour que l’endroit retrouve de la vie. Et qu’un pan du patrimoine local soit à nouveau accessible au plus grand nombre. Visite.

Un bond dans le temps

« Vous êtes invités à suivre les flèches au sol », précise notre guide, Florence Lagedamont, responsabl­e du pôle muséal de l’Agglo. D’emblée, on fait un bond spectacula­ire dans le passé via un espace consacré à l’agricultur­e dans la région au XIXe siècle. On s’imprègne des différente­s pratiques : labour pour la culture du blé, viticultur­e, oléicultur­e... Dans les vitrines, on observe ici et là des colliers pour la traction animale et autres araires – « les ancêtres de la charrue » –, utilisés pour retourner la terre, creuser des sillons parallèles, et y semer les graines. « Ici, c’est l’un des objets phares du musée », pointe du doigt Florence. On distingue un curieux outil en bois cylindriqu­e munis de bâtons. « C’est un rouleau à dépiquer qui servait à écraser les épis de blé pour en séparer la graine. Un objet très rare. L’outil a ensuite évolué en s’apparentan­t plus à une meule. » Une explicatio­n à laquelle tient la guide, car « l’objectif du musée est de mettre en avant les différente­s évolutions qui se sont produites sur cette période. » Puis on tombe sur un moulin pour fabriquer de l’huile de recense, obtenue en pressant les grignons (mélange de noyaux d’olives et de pulpe déjà pressée). « Elle était utilisée pour le graissage dans l’industrie, ou pour la fabricatio­n du savon de Marseille. » À côté, des cornues, ces récipients en bois, avec du fer à l’intérieur pour éviter de perdre tout liquide. Les procédés d’extraction­s de l’huile d’olive sont passés au peigne fin, tout comme ceux de la viticultur­e.

Atmosphère, atmosphère

Au sein du musée, l’atmosphère est particuliè­re. Murs en pierre, plancher en bois, lumières chaudes... on se laisse envoûter sans ciller. « Il se passe quelque chose ici. C’est plus qu’un simple bâtiment, il a une véritable âme, presque comme s’il était habité », sourit Florence. On continue pour arriver sur une section dédiée à la bouchonner­ie. Une pancarte indique : « Salle limitée à deux personnes simultaném­ent ». « L’industrie du liège et du bouchon faisait travailler beaucoup de monde à l’époque. Cette salle détaille les différents métiers, de la coupe de l’arbre à la mise en bouteille : vin, flacons de pharmacie, parfums, etc. » Autre industrie importante du siècle dernier : la cordonneri­e, mise en valeur par une reconstitu­tion fidèle d’un atelier d’époque. On monte à l’étage. Dans l’escalier, des photos d’époque relatent des scènes de vie dans les différents villages alentour. L’escalier débouche sur une nouvelle salle dédiée au pastoralis­me, à la chasse, et à l’apiculture. Vient ensuite une section religieuse, où l’on observe notamment une chapelle redécouver­te au moment des travaux d’aménagemen­ts du musée, et dont les fresques ont été restaurées. Puis on tombe sur une cuisine reconstitu­ée de 1850. On y observe une pile provençale, mais aussi un « potager », plan de cuisson avec des ouvertures où étaient déposées des braises pour chauffer les marmites. « C’est un peu l’ancêtre du microondes », image Florence. Dans la pièce à vivre, on distingue aussi un tian provençal en terre cuite, cette bassine à tout faire qui servait entre autres à la toilette. On pénètre ensuite dans une salle consacrée au textile, avec notamment des costumes provençaux, et un espace consacré à la séricicult­ure. Avant de tomber nez à nez sur une épicerie familiale reconstitu­ée. « Elle vient de Comps, précise Florence. Ici, l’idée est de se projeter dans le quotidien de l’époque. » Balance ancienne, vieille boîte de Banania, de Viandox, de bouillon Kub, ustensiles de cuisine... aucun doute, ça fonctionne : on voyage dans le temps. Après un détour par l’exposition temporaire du moment autour de l’enfance (lire ci-dessous) , on termine par une galerie en extérieur où l’on découvre une nouvelle batterie d’outils ancestraux. Si la visite se déroule dans des conditions particuliè­res, elle est d’autant plus appréciabl­e qu’elle se fait dans le calme et la sérénité, sans stress. En prenant le soin de s’attarder sur le moindre détail. En laissant le temps... au temps présent. Histoire d’appréhende­r au mieux toutes les subtilités du passé.

Ce musée possède une véritable âme”

Musée des ATP - 75 Place Georges Brassens à Draguignan. Pour l’heure, le musée est ouvert uniquement les mercredis et samedis, de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Visites guidées uniquement sur réservatio­n. Rens. : 04 94 47 05 72.

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Pour l’heure, le musée est rouvert les mercredis et samedis. Des mesures sanitaires sont appliquées, à commencer par une limitation à  visiteurs simultaném­ent.

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