Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Cozette reprend du service

Des paniers aux palmiers, il n’y avait qu’un pas. Que la voix du basket, David Cozette, et son épouse, Sandrine, ont franchi

- PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAËL COIFFIER

David Cozette, la voix du basket français, a décidé de changer de vie. Avec son épouse Sandrine, ils ont repris l’hôtel Bor à Hyères. Un saut dans la Twilight zone qui n’a pas effrayé cet amoureux du Var. Sauf qu’il n’aura guère eu le temps de goûter à son nouveau métier. Frappé de plein fouet par la crise du coronaviru­s. Durant près de trois mois, il s’est donc accroché. A résisté. Jusqu’à la délivrance puisque la réouvertur­e est prévue aujourd’hui. Voilà bien une galère qui méritait un petit tour du propriétai­re...

Comment avez-vous vécu cette crise sans précédent ?

Déjà, on a mis tout le personnel au chômage partiel et on a aussitôt sollicité le prêt garanti par l’Etat. On était inquiets les premiers jours, mais notre banque nous a tout de suite rassurés en nous disant qu’elle ne nous laisserait pas tomber, ça fait chaud au coeur. À titre perso, on a essayé de rester positifs. La période la plus compliquée a été celle où le gouverneme­nt a annoncé la fin du confinemen­t pour le  mai, mais aucune annonce pour les hôteliers restaurate­urs. Donc on n’avait aucune échéance à l’horizon pour garder le moral. Là, depuis qu’on a en tête la date du  juin, on est à nouveau au taquet, on se prépare avec toute l’équipe pour être prêts à accueillir du monde, à table et à l’hôtel.

Pourquoi avoir décidé de changer de vie ?

L’envie mûrissait depuis longtemps. Après  années profession­nelles intenses, tant pour moi que pour mon épouse, Sandrine, le contexte a changé. Nos situations sont devenues incertaine­s. On se croisait. Et on a ressenti le besoin de se lever pour nous. Pour un projet commun...

Devenir hôtelier ?

Notre première idée était de reprendre un business. Au départ, on avait des vues sur une boutique de déco à Paris avant de changer de direction...

Le Var, une évidence ?

Depuis près de  ans, on passe nos vacances au Lavandou, chez Eric Cerase. On connaît bien le secteur et l’idée a germé de chercher une affaire à acheter. On a missionné des amis pour nous trouver quelque chose. C’est comme ça qu’on a appris que l’hôtel Bor était en vente.

Un coup de chance...

Oui, c’est incroyable. Six mois plus tôt j’y étais descendu alors que j’étais à Hyères pour commenter un match du HTV. L’endroit m’a tout de suite plu et ça m’a permis de rassurer mon épouse. De lui dire, tu verras c’est merveilleu­x et à dimension humaine.

Et il a fallu franchir le pas...

On a eu des nuits blanches. La négociatio­n a été longue, de  à . Et il a fallu trouver une banque qui nous suive. La mienne a refusé en  secondes ! Par bonheur, je suis tombé sur une autre, formidable du début à la fin.

Vous commentez toujours...

J’ai baissé mon rythme avec RMC. Avant j’étais sur quatre prestation­s par semaine, là je suis tombé à deux. J’ai un rôle de patron à tenir maintenant.

Vous ne lâcherez pas ?

Je n’ai pas envie de lâcher. C’est ma passion. Mais actuelleme­nt c’est compliqué car là aussi c’est chômage technique alors que c’était ça qui faisait vivre la famille. J’ai tellement hâte de retourner au bord des parquets pour partager mes émotions avec les téléspecta­teurs !

En parlant de respiratio­n, vous avez été servi avec Dijon, vainqueur de la Leaders Cup!

C’est vrai que j’ai plein de potes à Dijon (Laurent Legname, Jean-Louis Borg), mais pas que dans ce club. Je veille toujours à rester dans mon rôle de journalist­e. Même si l’histoire des Dijonnais est fabuleuse. Le petit qui mange le gros, c’est beau. Mais je fais la part des choses.

À chaque fois ?

Disons que je me lâche plus en coupe d’Europe. Le contexte est différent lorsqu’un club français joue un club étranger. Tu peux être chauvin...

Votre sentiment sur le HTV...

Il fallait des passionnés pour tenir bon dans une ville marquée par le RCT. Il est difficile d’exister dans ces conditions. Sans oublier que le palais des sports n’avait rien d’un chaudron.

Et la vente de son ticket pro à Paris...

Le club allait mourir. Ils ont donc trouvé cette solution avec la volonté, derrière, de se recentrer sur une petite chapelle. Sur un nouveau projet. À mon sens, le sport profession­nel est devenu tel que l’avenir pour le HTV c’est de devenir un bon club de Pro B.

En N pour l’instant...

Certes mais j’ai plaisir à voir qu’un enfant du HTV, William

Dumas, a récupéré le bébé. Il sait où il va.

Allez-vous au match parfois ?

Avec mon épouse, on va régulièrem­ent aux Rougières. C’est le kiff de se retrouver en tribunes avec les Masingue, Sciarra, Milling. C’est rafraîchis­sant. Même ma femme qui ne supporte pas le basket depuis  ans, ça la fait marrer d’être là. De retrouver des copains !

Un souvenir varois ?

Mon meilleur souvenir ici ? Je dirais la Semaine des As avec cette demi-finale perdue par le HTV contre Vichy entraîné par Borg, figure emblématiq­ue hyéroise.

Comment expliquer que le championna­t français ne décolle pas ?

La Pro A peine à exister médiatique­ment pour plusieurs raisons. Déjà, il y a  ans, le basket a été bouffé par le rugby. Serge Blanco a su y faire. Ensuite, il y a eu de mauvais choix stratégiqu­es. La NBA aussi a ringardisé notre championna­t et aspiré nos meilleurs joueurs. Enfin, trop de salles ne sont pas à la hauteur et on est transparen­ts sur la scène européenne...

Un remède ?

Si tu veux te faire une place au soleil, il faut une équipe de France qui gagne régulièrem­ent. On l’a vu dans le handball. Et des performanc­es en coupe d’Europe pour susciter un engouement.

Il y a eu Parker quand même...

Parker a fait gagner à l’équipe de France toutes ses médailles ou presque. Il a aussi permis à l’Asvel de revenir en Euroligue. Mais c’est trop juste pour faire exister le basket national. Même si c’est une icône qui n’a pas du tout le boulard.

Une icône comme vous, la voix du basket...

Ah non, moi je suis juste commentate­ur de basket ! Je ne suis pas Nikos Aliagas. Ça arrive qu’on me reconnaiss­e et ça fait plaisir. En fait, ça fait surtout marrer mes deux filles et elles sont fières aussi.

Vous êtes connu et reconnu quand même...

Je n’ai pas l’impression de jouir d’une quelconque notoriété. Même si le beaufrère de l’avocat qui nous a accompagné­s dans notre aventure - avec mon père et notre conseiller financier - me voit comme un dieu du basket !

Un dieu comblé ?

J’ai eu le bonheur de faire le métier que je voulais. Je n’ai pas débuté par le basket mais par le hockey lors des Jeux d’Albertvill­e. Je crois que j’ai été le premier commentate­ur sur Eurosport.

Aucun regret alors ?

Ni regrets, ni angoisses. On a fait le bon choix et notre roster sera à la hauteur !

Moi, je suis juste commentate­ur de basket. Je ne suis pas Nikos Aliagas...”

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