Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L1, Sporting... Les vérités de Courbis
Rolland Courbis - avec deux ‘‘L’’ s’il vous plaît - est un homme de parole. De paroles aussi. Un homme de mots. Et de maux. Il a, comme on dit, le sens de la formule. Celles qu’il vous assène avec un tel bon sens qu’on s’en voudrait presque de n’y avoir pas pensé soi-même ! Rolland aime la vie. Le ballon. Les femmes. Le casino. Les Porsche. L’amitié. Les paris. La bouillabaisse. La Corse et le Sud en général. Courbis, lui, n’aime pas la victoire à points. Le fisc, ingrât avec les footballeurs. Les pissefroid. La retraite... A balais et kilos, Rolland a joué le jeu de l’interview. Celle de sa vérité. Sa vie ressemble d’ailleurs à un plateau de Monopoly. Au fil de son existence, le joueur devenu entraîneur, manager, agent puis consultant a tiré souvent les cartes (pas toujours ‘‘chance’’ d’ailleurs), vécu une grande partie de ses nuits dans les hôtels, passé - fois - par la case prison, retiré, enfin, quelques subsides de certaines caisses de communauté pas vraiment licites... De tout cela, il a bien voulu parler. Et on s’est régalé. En espérant que vous en ferez autant.
Bonjour Rolland, ça va, vous êtes où, vous faites quoi ?
Ben je suis à côté de RMC, je loge dans ce quartier de Paris. Je me lève vers h/h, je prends le petitdéjeuner et jusqu’à midi, je vais marcher et faire des assouplissements. Je te précise (Rolland préfère le tutoiement) qu’à défaut de maigrir, j’essaie de pas grossir...
Ce confinement s’est bien passé ou c’était longuet ?
Je pensais que ce serait plus difficile que ça mais les journées étaient assez meublées, finalement. Avec six jours sur sept, mes interventions à RMC. Je suis d’ailleurs l’actualité pour être pertinent.
RMC, c’est devenu une deuxième famille ?
C’est surtout une passion, qui me permet de continuer le football. Je suis arrivé pour dépanner Luis (l’émission ‘‘Luis Attaque’’) il y a ou ans et je suis toujours là.
Avec qui avez-vous le plus d’affinités à RMC ?
Il y a une bonne ambiance. Difficile à dire... Au niveau boulot, faire ce que font Duga et Moscato pendant deux heures quatre à cinq jours par semaine, je leur tire mon chapeau. Et d’ailleurs, Dugarry qui va arrêter l’antenne, sera difficile à remplacer...
Il y a de l’admiration ?
Je l’ai connu tout jeune en à Bordeaux. Là, sa façon de voir les choses, de s’exprimer, d’analyser, je le félicite de ses quatre ans.
Vous restez à RMC, pas de contacts avec Mediapro ?
Je suis au courant que mon nom circule mais c’est tout. Je reste à RMC avec qui j’ai un contrat et pour qui j’ai
beaucoup d’affection.
Rolland Courbis il gagne combien à RMC, cinq mille, dix mille euros ?
Oh, je me rappelle plus... C’est en fonction du nombre d’interventions dans la semaine. Depuis le virus, c’est moyen mais bon, je me plains pas, il y a pire que moi...
Parlons du foot français à l’arrêt : c’est une bonne chose ou une connerie monumentale ? C’est une connerie monumentale ! Je vais pas rouler des mécaniques mais je suis un des rares à avoir donné la bonne solution. C’était pas de dire ‘‘il faut que’’, c’était d’attendre un mois pour augmenter les chances de prendre la bonne décision. Excuse-moi, mais il y a quelque chose qui m’échappe, venant de quelqu’un aussi intelligent que notre Premier ministre...
Vous avez regardé les Allemands à huis clos ?
Les Allemands, qui font les malins de reprendre en premier, pour que la planète du foot tout entière les applaudisse, hé ben on est obligés de
les applaudir ! Ils allaient nous servir de cobayes, on pouvait s’adapter, non ?
Rolland, on ne va pas se mentir, la saison elle était quand même jouée, avec le PSG et l’OM assurés de la LDC ?
(il s’étrangle au téléphone...) J’espère que tu plaisantes ! J’ai la prétention de pouvoir te contredire. Moi qui ai les qualités qu’il me semble que tu n’as pas, même si tu dois en avoir d’autres, mets-toi à la place d’Amiens par exemple...
C’est rien la descente à trente points de la fin ??? C’est un massacre. Je veux bien descendre mais pas le avril, laissemoi descendre le mai ! Mets-moi au moins dans le même sac que les restaurants et les bars !!! C’est pas difficile l’arithmétique, de savoir que dix journées ça fait trente points en jeu avec cette foutue victoire à trois points ! Même l’OM, avec trente points en jeu et sans son public, n’avait aucune garantie... Et tu me dis que c’est réglé ???
C’est pas le supporter de l’OM qui parle, là...
Comment ? Non, mais c’est le supporter de football.
Vous pensez que cette décision a été téléguidée ? J’ai suivi les interventions et je vais te dire. Pour moi, la décision d’arrêter, elle vient pas de notre Premier ministre et du président de la République uniquement. (ferme) Ils n’ont pas pu prendre cette décision sans se renseigner. Se renseigner auprès de qui ? Auprès d’un dénommé
Noël Le Graët et d’un dénommé Didier Deschamps. Qui les ont mal conseillés... Ce n’était pas une décision sage comme l’a dit Deschamps chez tes collègues du Parisien, mais une décision impatiente... Voilà !
Jean-Michel Aulas a donc raison de se battre ?
Il est critiqué pour avoir changé d’avis. Mais quel avis il a changé ? Il a dit en tout début, si le championnat doit s’arrêter, j’espère que ce sera une saison blanche. Que le rugby ait effacé sa saison d’un coup d’éponge, que le basket ait effacé sa saison d’un coup d‘éponge, comme le demandait Aulas pour le foot, ça on n’en parle pas une seconde, on s’en bat les c... !!! J’ai tort ? Je m’énerve, mais mets-toi à la place d’Aulas !
Vous avez dit, il y a peu, n’avoir aucune touche pour retrouver un banc. Ça vous chagrine ?
C’est pas que j’ai aucune touche, c’est que je cherche pas. Si je cherchais quelque chose, ce serait dans un rôle différent. Allez, on va inventer un poste : ‘‘observateur général’’. Tu peux parler à ton président, ton directeur sportif, ton entraîneur, pour apporter des améliorations.
Un rôle comme ça à Nice ou Monaco par exemple ?
Ce que je peux te dire, c’est que si Monaco ou Nice me faisaient une proposition dans ce sens, ce serait un très grand honneur pour moi.
Plus de banc alors ?
Non, seulement dans un rôle de sélectionneur. Un pays sympa, une équipe qui peut jouer les troublefêtes, une dizaine de matchs dans l’année, ça oui. Mais être là au quotidien, non.
”
Textes : Christophe DEPIOT