Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le retour de Carmen
Pour « le retour des jours heureux » promis par Emmanuel Macron, prière de patienter. Presque aussi angoissés par le retour à la vie normale que par le confinement, les Français ne se sont pas rués dans les salles de restaurant et les terrasses des cafés dès mardi matin. Encore réticents à renoncer à leur vie en télétravail, ils goûtent du bout des lèvres à la liberté retrouvée. Après deux mois et demi de contraintes et de privations, le pays, encore groggy, se garde de toute forme d’insouciance. Jour après jour, les enquêtes d’opinion traduisent l’inquiétude de nos concitoyens. D’après le baromètre Le Parisien/CSA publié hier, % des Français considèrent que « le pire est à venir ». Dans un sondage Elabe-Les Echos dévoilé hier également, % d’entre-eux estiment que la crise économique qui nous attend représente une menace plus importante que la pandémie. Explosion du chômage, secteurs entiers sinistrés, entreprises qui mettent la clé sous la porte : la réalité que nous connaissons depuis plusieurs semaines risque fort de s’aggraver dans une France qui a enclenché la marche arrière avec une récession estimée à , % par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Au risque de perdre son emploi, vient désormais s’ajouter la crainte de voir son salaire baisser. Ces derniers jours, des entreprises aussi différentes que Ryanair, L’Equipe ou Derichebourg Aeronautics Services ont suggéré une diminution des rémunérations pour éviter des licenciements. Une éventualité que les Français assimilent clairement à du chantage. Selon les résultats d’une enquête Odoxa-Le Figaro-France Info publiée hier, ils sont sur à juger « inacceptable » une telle proposition rendue possible par les ordonnances Pénicaud de . Au-delà de la crise économique, l’exécutif redoute une instabilité politique grandissante. Entre tensions sociales, montée de la précarité et poussée de fièvre contre les violences policières, les menaces se multiplient. Qu’on se rassure : s’il a besoin de bons conseils, Emmanuel Macron pourra toujours décrocher à nouveau son téléphone pour appeler le Pr Raoult ou Jean-Marie Bigard. Si avec ça, on ne retrouve pas foi en l’avenir...
« Au risque de perdre son emploi, vient désormais s’ajouter la crainte de voir son salaire baisser. »