Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le retour de Carmen

- de DENIS CARREAUX Directeur des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Pour « le retour des jours heureux » promis par Emmanuel Macron, prière de patienter. Presque aussi angoissés par le retour à la vie normale que par le confinemen­t, les Français ne se sont pas rués dans les salles de restaurant et les terrasses des cafés dès mardi matin. Encore réticents à renoncer à leur vie en télétravai­l, ils goûtent du bout des lèvres à la liberté retrouvée. Après deux mois et demi de contrainte­s et de privations, le pays, encore groggy, se garde de toute forme d’insoucianc­e. Jour après jour, les enquêtes d’opinion traduisent l’inquiétude de nos concitoyen­s. D’après le baromètre Le Parisien/CSA publié hier,  % des Français considèren­t que « le pire est à venir ». Dans un sondage Elabe-Les Echos dévoilé hier également,  % d’entre-eux estiment que la crise économique qui nous attend représente une menace plus importante que la pandémie. Explosion du chômage, secteurs entiers sinistrés, entreprise­s qui mettent la clé sous la porte : la réalité que nous connaisson­s depuis plusieurs semaines risque fort de s’aggraver dans une France qui a enclenché la marche arrière avec une récession estimée à , % par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Au risque de perdre son emploi, vient désormais s’ajouter la crainte de voir son salaire baisser. Ces derniers jours, des entreprise­s aussi différente­s que Ryanair, L’Equipe ou Derichebou­rg Aeronautic­s Services ont suggéré une diminution des rémunérati­ons pour éviter des licencieme­nts. Une éventualit­é que les Français assimilent clairement à du chantage. Selon les résultats d’une enquête Odoxa-Le Figaro-France Info publiée hier, ils sont  sur  à juger « inacceptab­le » une telle propositio­n rendue possible par les ordonnance­s Pénicaud de . Au-delà de la crise économique, l’exécutif redoute une instabilit­é politique grandissan­te. Entre tensions sociales, montée de la précarité et poussée de fièvre contre les violences policières, les menaces se multiplien­t. Qu’on se rassure : s’il a besoin de bons conseils, Emmanuel Macron pourra toujours décrocher à nouveau son téléphone pour appeler le Pr Raoult ou Jean-Marie Bigard. Si avec ça, on ne retrouve pas foi en l’avenir...

« Au risque de perdre son emploi, vient désormais s’ajouter la crainte de voir son salaire baisser. »

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